Emplois

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Même si toutes les études montrent que la transition écologique créera davantage d’emplois qu’elle ne va en supprimer, certains secteurs d’activité seront amenés, dans un futur plus ou moins proche, à décroître, et donc à perdre des emplois. Il n’est pas envisageable que les salariés payent le prix de décisions prises dans l’urgence, une fois au pied du mur, alors que les enjeux sont d’ores et déjà connus. 

En effet, les études prospectives réalisées par de nombreux acteurs (Ademe, négaWatt, observatoires des branches professionnelles, travaux du Shift project…) permettent de donner une visibilité sur les emplois perdus et créés dans le cadre de la transition écologique, à échéance 2030 et 2050. Pourtant, les acteurs économiques et publics n’arrivent pas à sortir d’une vision court-termiste de l’emploi, dans un contexte post-crise sanitaire ayant conduit à une fragilisation accrue de certaines activités.

En même temps et de façon assez contre-intuitive, beaucoup d’employeurs peinent aujourd’hui à recruter, ce qui pose la question de l’adéquation des compétences des actifs avec les secteurs pourvoyeurs d’emplois, et in fine de la formation continue.

La question des transitions professionnelles se pose dès aujourd’hui : dans l’industrie automobile par exemple, la réduction des activités liées à la production de moteurs thermiques (essence et diesel) est déjà une réalité. Malheureusement, les entreprises sont encore loin d’être suffisamment outillées et incitées à mettre en place une gestion anticipée des reconversions professionnelles. Il existe par ailleurs peu de dispositifs publics d’anticipation et d’accompagnement de ces reconversions professionnelles, que ce soit au niveau national, régional ou bassin d’emploi, hormis pour quelques exceptions comme la fermeture des centrales à charbon. 

100 000
emplois qui ont été supprimés dans l’ensemble de la filière automobile depuis 10 ans.
700
emplois supprimés pour le site de la raffinerie de Grandpuits
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La transformation profonde qui attend de nombreux domaines ne doit pas être synonyme de licenciements secs, pour peu qu’elle soit anticipée par les pouvoirs publics et les entreprises. Il s’agit donc de penser des outils et des dispositifs d’anticipation et d’accompagnement de ces grands mouvements de reconversions professionnelles. Si des expérimentations ont déjà été menées au niveau local, une approche plus systémique de ces enjeux reste encore à construire. Pour éviter que les salariés des secteurs touchés ne se retrouvent sans solutions, il faut déployer des parcours de formation continue adaptés, mais aussi s’assurer du maintien des droits (santé, prévoyance…) et du maintien des salaires pendant toute la durée de la reconversion.

En parallèle, il faut faire en sorte que les emplois créés dans les secteurs liés à la transition écologique soient suffisamment attractifs et de qualité : la transition écologique ne doit pas être synonyme de précarisation des salariés reconvertis. 

L’un des défis majeurs pour le pays est de réussir à mettre tous les acteurs concernés (entreprises, syndicats, collectivités, Etat…) autour de la même table pour penser cette mutation des secteurs et de leurs emplois. La solution réside en partie dans le fait de réussir à créer des passerelles entre différents secteurs d’activité, différentes branches professionnelles, qui n’existent pas à l’heure actuelle. 

880 000
emplois temps plein supplémentaires environ seraient créés à horizon 2050 si la France applique sa stratégie nationale bas carbone (SNBC), par rapport à une poursuite des tendances actuelles (source : ADEME, prospective ThreeMe)