Emplois

Loi Plein Emploi : la transition écologique aux abonnés absents

Le projet de loi pour le Plein emploi a été définitivement voté ce 14 novembre à l’Assemblée Nationale. Il est censé répondre "aux défis technologiques et environnementaux qui se posent dans les territoires". Pourtant, le projet de loi ne fait pas mention de la transition écologique…

Deux hommes travailant dans un atelier de réparation de vélos

La Planification écologique doit doter la France d’une stratégie bas carbone renforcée. Plus qu’une trajectoire, c’est une transformation en profondeur de l’économie qui est indispensable. L’emploi est l’une des clés. 

La transition écologique : un angle mort du projet de loi Plein Emploi

Plusieurs filières vont voir la création de nombreux emplois, comme dans les énergies renouvelables, la rénovation énergétique des bâtiments ou l’agriculture… C’est un challenge d’ampleur, pour les entreprises et les structures de formation, dans des secteurs qui sont souvent déjà en tension ou faiblement attractifs. 

A l’inverse, dans les secteurs d’activités qui s’appuient fortement sur les énergies fossiles, des emplois sont menacés. C’est le cas, par exemple, dans l’industrie automobile, dans le secteur aérien, ou dans certaines industries lourdes. L’emploi ne peut pas être le “meilleur prétexte” pour réduire nos ambitions climatiques. Dans ces filières, nous appelons donc les pouvoirs publics à définir une stratégie de transition juste : elle doit assumer clairement les mutations indispensables, tout en accompagnant les salariés, en particulier les plus fragiles, vers les reconversions nécessaires, et en soutenant l’emploi dans les territoires concernés. 

Les économistes alertent sur les enjeux majeurs qui lient transition écologique et emploi. Or, aucune mesure ne vise spécifiquement à préserver ou favoriser l’emploi pour une transition juste dans la loi. 

Faire de la transition écologique une opportunité pour les parcours d’insertion

Pour “viser le plein emploi”, le projet de loi cible d’abord les plus précaires, proposant un “contrat d’engagement” aux bénéficiaires du RSA, dont on craint qu’il ne dérive en politique de contrôle. Rapprocher l’emploi des plus précaires, à long terme, c’est plutôt construire des parcours d’insertion dans les secteurs de la transition (bâtiment, économie circulaire, notamment). C’est ce que nous défendons dans le cadre du Pacte du Pouvoir de Vivre. Rien n’est inscrit à ce sujet dans le corps du texte adopté à l’Assemblée.

La loi ne permet pas non plus d’accélérer significativement les recrutements et les formations à l’emploi dans les secteurs d’avenir : 

Dans le cadre des partenariats Etat-Région, le texte se contente de flécher une priorité de financement de formations pour des demandeurs d’emplois « en tenant compte des besoins des entreprises ». On peut craindre le risque d’une approche court-termiste. Il est pourtant essentiel de connecter les parcours d’insertion proposés aux besoins de long terme, dans les domaines de la transition écologique. 

La loi élargit le public cible des formations, ce qui ouvre la voie à quelques opportunités. Mais il aurait été plus clair d’inscrire une priorité pour les secteurs de la transition écologique dans ce cadre. Nous serons vigilants à ce que les futurs financements ciblent bien les secteurs de la transition, porteurs d’emplois d’avenir.

Inscrire la transition écologique au coeur des politiques de l’emploi

Les acteurs de l’emploi en France (France Travail, son futur “réseau” et le comité national stratégique) doivent prendre à bras le corps les questions de transition écologique. Malheureusement, le projet de loi est muet sur les missions qui leur seront données. Le rapport de préfiguration de France Travail évoquait pourtant la transition écologique comme un enjeu clé.

Nous avons proposé que les missions prioritaires affectées à France Travail, au réseau qu’il animera et au comité national stratégique qui pilotera l’ensemble, intègrent explicitement les questions cruciales de transition écologique. Malheureusement, cette orientation n’apparaît pas noir sur blanc dans la loi. Nous resterons mobilisés pour que France Travail attache une priorité stratégique à la transition écologique dès son lancement. 

Un enjeu clé : les reconversions professionnelles au coeur des mutations

S’agissant des emplois menacés, les salariés et les territoires doivent être accompagnés pour limiter la casse sociale, avec un cap clair (c’est là le rôle de la planification écologique), une anticipation suffisante, et une mobilisation des acteurs à tous niveaux. Une attention spécifique doit être portée à ceux qui sortent habituellement du radar : travailleurs faiblement qualifiés et précaires, sous-traitants, etc. 

Le Réseau Action Climat plaide par exemple pour l’élaboration d’un contrat de transition juste, qui soit un dispositif de reconversion renforcé par rapport au droit commun et fléché sur les secteurs de transition. 

Malheureusement, le projet de loi n’anticipe pas ces reconversions à venir. On sait pourtant qu’elles sont des “zones à risques de ruptures” pour les salariés. Il est essentiel que le gouvernement investisse ce sujet, à l’heure où les dispositifs de reconversion professionnelle sont en discussion. 

Le Projet de loi Plein emploi représente donc une occasion manquée pour la transition écologique. Agenda social, déploiement de la planification écologique, lancement de France Travail : les prochaines échéances seront clés pour associer transition écologique et emploi. Nous serons au rendez-vous pour continuer à porter nos propositions.

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