Comment limiter l’impact de la hausse du prix des carburants routiers ?
La hausse du prix des carburants fait ressortir la dépendance des transports routiers au pétrole. Face à l'enjeu écologique et sociale que représente cette crise énergétique, le Réseau Action Climat réagit aux mesures annoncées par le gouvernement et formule des propositions pour sortir de cette dépendance et protéger les plus précaires.
La très forte augmentation du prix des carburants routiers ces dernières semaines met une nouvelle fois en lumière l’extrême dépendance du secteur des transports au pétrole et la nécessité sociale et environnementale d’en sortir au plus vite ! En plus de mesures de long terme, cette situation inédite nécessite de prendre des mesures exceptionnelles pour réduire au plus vite notre dépendance au pétrole et compenser le surcoût pour les ménages les plus modestes.
Des mesures d’urgence qui devraient soutenir d’abord les ménages plus modestes
Afin de répondre à la hausse du prix des carburants routiers, le Gouvernement a pris deux mesures principales :
une augmentation de 10% du barème des frais kilométriques qui permet aux automobilistes de déduire de leurs impôts leurs frais professionnels de transport
plus récemment, une remise à la pompe de 18 centimes d’euros par litre de carburant.
Pour le Réseau Action Climat, ces mesures ne répondent pas de manière satisfaisante à l’enjeu actuel et nécessiteraient d’être mieux ciblées.
En effet, l’augmentation de 10% du barème des frais kilométriques a un impact très limité puisqu’il bénéficie uniquement aux automobilistes qui déclarent leurs frais professionnels de transport aux impôts, et donc, aux personnes en emploi.
De plus, comme le soulignait la Convention Citoyenne pour le Climat, le barème des frais kilométriques étant indexé sur la puissance fiscale du véhicule (cette puissance fiscale étant elle-même calculée sur la base de la puissance du moteur), il incite à l’utilisation de véhicules plus puissants et donc plus émetteurs. Concernant la remise de 15 centimes d’euros par litre de carburant, si une mesure de soutien à l’achat de carburant pour les personnes dépendantes de la voiture était nécessaire, on peut regretter que cette dernière ne soit pas plus orientée vers les ménages les plus modestes et/ou dépendants de la voiture. En effet, dans sa conception actuelle, la remise de 15 centimes d’euros par litre de carburant s’applique à tout le monde, sans distinction de revenus.
Nos propositions
Le Réseau Action Climat propose un autre chemin pour apporter une réponse à la hauteur de l’enjeu social et environnemental, s’articulant autour d’un chèque mobilités et de mesures de sobriété.
Un chèque mobilités pour compenser le surcoût pour les ménages les plus modestes
Sur le modèle du chèque énergie, le Gouvernement pourrait mettre en place un chèque mobilités ciblé sur les ménages les plus modestes mais qui intègre aussi un critère de dépendance à la voiture. Ce chèque mobilités permettrait de compenser le surcoût lié à l’augmentation inédite du prix du carburant routier ou de soutenir l’utilisation d’autres modes de transport : vélo, transports en commun, etc.
Ce dispositif pourrait adopter une approche hybride combinant éligibilité automatique (par exemple pour toutes les personnes déjà éligibles au chèque énergie ou celles déclarant, sous condition de revenus, leurs frais de trajet domicile-travail en frais réels) et éligibilité sur demande via un formulaire pour toutes les personnes dépendantes à la voiture.
La sobriété : un levier indispensable pour réduire notre dépendance au pétrole
Réduire notre consommation de carburant sur le long terme passe aussi par l’accessibilité des transports les moins consommateurs d’énergies fossiles : les transports en commun, le train et quand c’est possible, le vélo. Pour cela, le Gouvernement doit mettre en place des aides pour rendre l’usage de ces modes de transports quotidiens et accessibles à tous.
Soutenir les moyens de transports alternatifs
- Mettre en place une formule exceptionnelle d’abonnement aux transports en commun et ferroviaires.
Renforcer la fréquence et les plages horaires de circulation des transports en commun et ferroviaires.
- Rendre obligatoire le forfait mobilités durables à la charge des employeurs pour inciter les déplacements domicile-travail sans voiture.
- Mettre en place une aide exceptionnelle de soutien à l’achat d’un vélo, vélo électrique, vélo cargo, etc.
- Mettre en place un dispositif de type coup de pouce vélo bis pour inciter à la réparation de vélo.
- Poursuivre l’ouverture de la prime à la conversion aux vélos pour promouvoir son utilisation.
Aider les ménages les plus modestes à l’achat d’un véhicule électrique
Améliorer la prime à la conversion pour aider en priorité et de manière plus importante les ménages les plus modestes qui ont besoin de s’équiper d’un véhicule électrique. Création d’un dispositif de super prime à la conversion de 7000€.
Mettre en place sans délai et sur tout le territoire du Prêt à Taux Zéro-mobilités
Réduire notre consommation de pétrole
Favoriser le train plutôt que l’avion dès que c’est possible : la consommation par passager en classe économique est d’environ 25 litres de carburant par heure de vol. La consommation par passager de classe dite « affaires » est 3 à 5 fois plus élevée qu’en classe économique. Soit une consommation pouvant atteindre près de 125 litres de carburant par heure de vol.
Réduire les vitesses de circulation là où celà est pertinent : la seule diminution de la vitesse sur autoroute de 130 km/h à 110 km/h permettrait de réduire la consommation de carburant de 20 % sur chaque trajet.
Inciter au covoiturage : en semaine, les 3/4 des déplacements automobiles sont réalisés sans passager, et 1/5 avec un seul passager.
Inciter au télétravail : plus de la moitié des déplacements réalisés en semaine le sont par les travailleurs actifs.
Anticiper le coup d’après en organisant la sortie du secteur des transports des énergies fossiles
En plus de son impact climatique catastrophique (le secteur des transports est le premier secteur émetteur en France), l’absence d’anticipation et de planification de la sortie du secteur des transports des énergies fossiles plonge de très nombreux ménages et professionnels dans une situation de vulnérabilité face à l’augmentation du prix du pétrole. Au-delà des mesures d’urgence détaillées ci-dessus, il est indispensable d’organiser et planifier cette transition grâce à des mesures de long terme. Cela implique à la fois la prise de mesures réglementaires ambitieuses telles que la fin de ventes des véhicules diesel, essence et hybride dès 2030 afin de maximiser nos chances de respecter nos objectifs climatiques. Mais aussi des investissements massifs dans les alternatives de transport, tels que le transport ferroviaire ou encore le vélo.
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