Le captage et le stockage du carbone sont des fausses solutions pour le climat
Le captage et le stockage du carbone sont des outils de greenwashing plus que des vrais progrès pour le climat. Pour en finir avec les fausses solutions pour le climat, nous déconstruisons les idées reçues autour des pratiques et outils qui se révèlent plus dangereux qu'utiles pour le climat et la biodiversité.
Un progrès technique révolutionnaire pour le climat ?
La technologie de captage pour stockage ou utilisation du carbone – que l’on abrègera CCUS pour Carbon Capture Usage and Storage – a pour objectif d’éviter les émissions de CO2 dans l’air en les captant directement à la source, c’est à dire en sortie de cheminée d’usine.
Une fois le CO2 capturé, il est soit acheminé vers une zone de stockage dans les sols, soit réinjecté dans un procédé industriel. L’objectif n’est donc pas la réduction des émissions mais leur captation pour éviter leur dispersion.
Cette technologie permet de décarboner partiellement les procédés de production existants sans les transformer. On s’intéresse dans cette note uniquement à la question de la capture et du stockage du carbone (CCUS) pour l’industrie et non à sa valorisation pour d’autres usages qui soulève d’autres questions. La France a une position stratégique importante dans le développement du CCUS, du fait d’une connaissance historique des conditions de stockage avec le gaz, de la proximité pour développer des infrastructures de transport, ainsi qu’une recherche scientifique de pointe sur le sujet. Bien qu’aucune installation ne soit en activité sur le territoire, on compte déjà 7 projets financés.
Capter et stocker le CO2 émis au lieu de réduire son émission : alerte fausse solution !
Cette technologie paraît parfaite pour certains secteurs industriels fortement émetteurs, qui ne peuvent pas se passer à 100% des énergies fossiles et qui auront toujours un impact négatif sur le climat. Cepdendant, le CCS présente de nombreux défauts : tout d’abord il ne répond pas à l’enjeu de réduire les émissions, il permet aux industriels de contourner la question. L’élimination du carbone de l’atmosphère, par le biais de puits naturels ou d’options technologiques, doit être considérée comme un complément aux efforts de réduction des émissions, et non comme une alternative.
De plus, cette technologie en est toujours à ces balbutiements et sa mise en œuvre au niveau français implique de nombreuses contraintes techniques et sécuritaires : 90 % du carbone capté serait stocké hors du territoire français, principalement en Mer du Nord, ce qui entraînerait des coûts et des risques au transport. Du fait de ce manque de capacité de stockage, la plupart des sites du secteur de la chimie de base en Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que ceux du secteur cimentier ne pourront pas s’appuyer sur cette technologie pour décarboner leurs activités.
Aux capacités limitées sur le territoire français s’ajoutent la question de l’acceptabilité sociale d’un tel dispositif de transport et stockage dans les sols, avec les risques de pollution que cela représente.
Pour finir, le CCS est une technologie très coûteuse et consommatrice d’énergie, et est compatible avec seulement quelques sites industriels : ce n’est pas une solution de grande échelle, ce qui est pourtant nécessaire vue l’urgence de la crise climatique.
Quelles alternatives existent ?
Face au captage et au stockage du CO2, il n’y a pas une alternative mais plutôt un bouquet de solutions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui doivent être développées au maximum avant de déployer cette technologie : efficacité énergétique et décarbonation des sources d’énergie utilisée, développement de l’économie circulaire ou encore évolution des procédés pour la production de matériaux moins carbonés.
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Les vraies solutions pour le climat
Panorama des enjeux climat de l’industrie lourde
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