Présidentielle : Que vaut Eric Zemmour pour le climat ?
Dans le cadre de l'élection présidentielle, le Réseau Action Climat note l'ambition des mesures proposées par chaque candidat pour le climat. Transports, Agriculture, Logements, Energie, International, Industrie, Finances Publiques : que vaut le programme de Eric Zemmour pour le climat ?
Le Réseau Action Climat rappelle que la solidarité internationale doit être le fondement de toute politique efficace de lutte contre le changement climatique. A ce titre, Eric Zemmour, en faisant de la préférence nationale l’une des pierres angulaires de son programme, défend un positionnement incompatible avec les valeurs défendues par le Réseau Action Climat.
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Eric Zemmour reste non seulement quasiment muet sur les actions pour baisser les émissions de gaz à effet de serre des transports, mais il propose d’augmenter les limitations de vitesse, ce qui serait néfaste pour le climat.
Les propositions d’Eric Zemmour pour les transports
Éric Zemmour propose, pour réduire les émissions de gaz à effet dans le secteur des transports, de développer l’usage de l’électricité, de l’hydrogène, des biocarburants et des carburants de synthèse. Dans le secteur aérien, il souhaite par exemple la mise sur le marché du premier avion 100% bio-kérozène avant 2030. Eric Zemmour évoque succinctement l’enjeu du transport ferroviaire en proposant de refaire des lignes de proximité la priorité budgétaire de la SNCF en identifiant les lignes à moderniser et en soutenant les politiques de désenclavement par le train. Il propose également de mieux desservir les territoires ruraux en transport en commun en mutualisant les équipements et services d’autres communes et d’acteurs privés.
Eric Zemmour propose aussi de mettre fin aux zones à faibles émissions (ZFE), aux zones à 30 km/h dans les villes sauf zones spécifiques (écoles et hôpitaux) et de restaurer la limitation de vitesse à 90 km/h sur les routes nationales.
Notre avis
Le programme d’Éric Zemmour est incompatible avec les objectifs nationaux de baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports. Il ne reprend aucune des recommandations structurantes portées par le Réseau Action Climat en matière de transports.
La stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports détaillée par Eric Zemmour se limite au développement de l’hydrogène, de l’électrique ou encore des biocarburants. Ces nouvelles sources d’énergie ne peuvent être la seule réponse pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports. Concernant le transport aérien, Eric Zemmour fait par exemple l’impasse sur la nécessaire réduction du trafic et se cantonne à un soutien aux carburants alternatifs en misant sur une mise en service avant 2030 alors même que ces technologies ne seront pas matures avant 2035 et avec une offre très limitée.
A noter tout de même qu’Eric Zemmour mentionne très succinctement l’enjeu du transport ferroviaire et des transports collectifs. Les propositions restent cependant très floues et se limitent à la mutualisation d’équipements ou à un soutien sans plus de précisions. Enfin, Eric Zemmour souhaite mettre fin aux zones à faibles émissions et propose même de revenir sur des limitations de vitesse qui ont un pourtant un impact positif sur la réduction de la consommation de carburant. Le développement des zones à 30 km/h dans les villes ayant aussi un effet positif sur l’apaisement de la circulation, incitant ainsi à l’utilisation d’autres modes de transport tels que le vélo.
Le secteur des transports est le premier secteur émetteur en France. Ne pas accélérer sa transition aujourd’hui c’est condamner la France à une transition brutale dans les années qui viennent, avec des conséquences économiques, sociales et environnementales accrues.
🔴 Engager la relocalisation et la décarbonation de l’industrie
Le programme d’Éric Zemmour intègre la logique de réindustrialisation mais sans la relier aux enjeux climatiques. Quelques propositions intéressantes sont formulées mais elles sont trop éparses pour constituer à elles seules un programme tangible pour la décarbonation de l’industrie.
Les propositions d’Eric Zemmour pour l’industrie
Éric Zemmour se propose de refaire de la France une grande puissance industrielle, notamment par le développement de zones franches industrielles dans les régions touchées par la désindustrialisation et exige la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.
En matière d’économie circulaire et de réduction des déchets, une proposition de développement d’une filière industrielle de recyclage des plastiques est mentionnée, ainsi que l’augmentation des sanctions contre les décharges sauvages.
Notre avis
Le projet de réindustrialisation est la mesure la plus clairement en ligne avec nos propositions, mais elle n’est pas directement reliée aux enjeux climatiques. Quelques propositions intéressantes sont formulées mais elles sont trop éparses pour constituer à elles seules un programme tangible pour la décarbonation de l’industrie. Ainsi, il ne propose rien pour la décarbonation de l’industrie lourde. Il ne fait également aucune proposition allant dans le sens d’une régulation environnementale des entreprises. S’il évoque le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, il ne l’associe pas à une fin des quotas gratuits pour l’industrie européenne. Par ailleurs, l’enjeu de l’anticipation et de l’accompagnement des transitions professionnelles dans le cadre d’une transformation de notre système productif n’est pas traité.
🔴 Transformer l’agriculture pour une alimentation de qualité pour tous et un revenu décent pour les agriculteurs
Le programme d’Éric Zemmour pour l’agriculture et l’alimentation, qui vise principalement à privilégier les produits français, se distingue par l’absence de la moindre mesure pour favoriser la transition agroécologique et améliorer la qualité de l’alimentation des Français.
Les propositions d’Eric Zemmour pour l’agriculture
Éric Zemmour propose pour le secteur agricole une dizaine de mesures réparties en 3 axes. Le premier, qui vise à “permettre aux agriculteurs d’être mieux rémunérés”, se traduit par la fin du regroupement des enseignes de la grande distribution au sein de centrales d’achat communes, et par l’augmentation de la part de produits locaux dans la restauration collective. Le deuxième axe consiste à “protéger les agriculteurs français face à la concurrence déloyale” des producteurs étrangers. Eric Zemmour propose d’interdire les importations de produits agricoles ne respectant pas les standards français, de bannir toute « sur-transposition » des normes européennes dans le droit français, et un moratoire sur la participation de la France aux négociations des traités de libre-échange. Son troisième axe a pour objectif d’encourager l’innovation dans la robotique agricole, et d’accompagner le renouvellement des générations et l’installation de nouveaux producteurs par des mesures fiscales et foncières.
Notre avis
Le programme d’Éric Zemmour met l’accent sur l’objectif nécessaire d’améliorer les conditions de travail et de rémunération des agriculteurs français, mais passe complètement à côté des enjeux de durabilité pourtant indispensables à l’avenir de l’agriculture française. Aucune mesure n’est en effet proposée pour la transition agroécologique : ni la transition durable de l’élevage, ni le développement de l’agriculture biologique, ni la réduction des engrais de synthèse, ni la préservation des sols. Pire, le recours à la robotique est une fausse bonne idée risquant d’accroître l’endettement des agriculteurs et d’engendrer une captation des financements publics au détriment des solutions agronomiques et systémiques de long terme. Par ailleurs, si Éric Zemmour propose d’interdire les importations de produits alimentaires ne respectant pas les normes françaises et européennes, il ne propose aucune mesure visant à protéger les pays tiers des déstabilisations suscitées par les exportations massives de produits français. Enfin, son programme ne contient aucune proposition visant à promouvoir une alimentation plus durable et accessible à toutes et tous.
🔴 Accélérer la rénovation performante des logements
Le candidat Éric Zemmour mentionne la question des dépenses contraintes pour les Français, ainsi que la hausse des prix de l’énergie, mais n’apporte pas de propositions pour y remédier au-delà de la mention d’un investissement dans l’isolation des bâtiments résidentiels et tertiaires.
Les propositions d’Eric Zemmour pour la rénovation des bâtiments
Le programme d’Éric Zemmour propose, sans précisions, un investissement dans l’isolation des bâtiments résidentiels et tertiaires.
Notre avis
Éric Zemmour semble ne pas avoir pris en compte concrètement la question de la rénovation énergétique des logements et de la précarité énergétique en France. Une mention laconique des investissements dans l’isolation des logements non suivie de mesures précises d’action montre le décrochage complet du candidat par rapport à l’importance des enjeux en la matière. Il passe également complètement à côté des questions d’emploi pour le secteur, et ne mentionne jamais la notion d’efficacité énergétique.
🔴 S’orienter vers le 100 % énergies renouvelables
En se basant uniquement sur l’industrie nucléaire et en proposant de démanteler les installations éoliennes, Éric Zemmour ne propose aucune feuille de route crédible pour une véritable transition énergétique et loupe sciemment l’atteinte de la neutralité carbone pour 2050.
Les propositions d’Eric Zemmour pour la transition énergétique
Le candidat souhaite mettre fin à tous les projets d’éoliennes actuels et futurs, sur terre comme en mer. Les soutiens actuels à ce type d’énergie, ainsi qu’au solaire, doivent être redirigés vers la géothermie, les réseaux de chaleur ou les pompes à chaleur. Il propose de supprimer l’objectif de réduire à 50 % la part du nucléaire à l’horizon 2035, de prolonger la durée de vie du parc existant à 60 ans au moins, de lancer la construction d’au moins 14 nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 à l’horizon 2050 et de relancer la recherche dans le nucléaire du futur.
Notre avis
Le programme du candidat est à l’opposé des préconisations du Réseau Action Climat et rend impossible l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. La relance du nucléaire annoncée ne répond pas à l’urgence climatique : ces nouvelles centrales arriveraient trop tard pour répondre à cette urgence, avec un coût potentiellement exponentiel, des incertitudes industrielles sur la capacité de la filière à les développer demeurent, et il reste la question non résolue des déchets nucléaires. De plus, le fait de dépasser les 50 % d’énergie nucléaire dans notre mix électrique en 2050 est non réalisable, d’après la filière nucléaire elle-même. Comme le rappelle le dernier rapport de RTE, les développement massifs des énergies renouvelables est primordial pour l’atteinte de la neutralité carbone, qui ne se fera pas sans l’énergie éolienne. Éric Zemmour n’a donc pas saisi les enjeux de la transition énergétique et ne peut prétendre y répondre.
🔴 Adopter une politique climatique internationale à la hauteur des enjeux
La politique étrangère d’Eric Zemmour vise principalement à défendre les intérêts français dans le monde et n’inclut aucune proposition en lien avec le climat.
Les propositions d’Eric Zemmour sur l’international
Le candidat propose de redéfinir la politique étrangère en la fondant sur la défense des intérêts français dans le monde, et en mettant la diplomatie au service de la politique migratoire française. Le programme ne comporte aucune mesure de diplomatie climatique: le climat n’est pas mentionné dans la section sur la politique internationale de la France.
Notre avis
La diplomatie climatique et la solidarité internationale sont capitales dans la lutte contre les changements climatiques. L’absence de propositions de politique internationale climatique est donc contraire à nos propositions. Les propositions de conditionnalité de l’aide au développement sont en totale contradiction avec les mesures à prendre pour respecter l’Accord de Paris.
🔴 Verdir le budget de l’Etat
Eric Zemmour ne porte aucune proposition pour verdir le budget de l’Etat.
Les propositions d’Eric Zemmour sur les finances publiques
Eric Zemmour propose de réduire les impôts de production de 30 milliards d’euros sans contrepartie écologique et sociale. Par ailleurs, il ne s’exprime pas concernant les enjeux de transition climatique et énergétique local : le programme évoque une hausse des moyens pour les territoires ruraux, mais sans précision de fléchage pour la transition écologique, ni explication sur les objectifs.
Notre avis
La transition écologique et le respect de nos objectifs climatiques impliquent des investissements conséquents pour la transformation de l’économie. Eric Zemmour ne propose aucunes dispositions allant dans le sens d’un verdissement du budget de l’Etat, au contraire, certaines de ses propositions vont dans la direction opposée.
Eric Zemmour est totalement muet sur la question des financements nécessaires à la transition locale, qui est pourtant l’échelle nécessaire pour mettre en œuvre une transition adaptée et ambitieuse. À l’échelle européenne également, Eric Zemmour fait preuve d’un mutisme important. Il s’agit pourtant d’un niveau de gouvernance important, qui peut bloquer ou porter la transition écologique. C’est seulement par une réforme des règles budgétaires et en assurant la solidarité entre États membres que l’Union européenne peut réussir sa transition écologique.
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