La France à l’aune du défi climatique : un hiatus à combler entre discours et réalisation

Depuis son élection, le Président de la République ne retient pas ses mots pour rappeler l’importance du défi auquel nous sommes confrontés à travers le dérèglement climatique.

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron

Suite à l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, Emmanuel Macron s’est érigé en fervent défenseur de cet accord, tout en rappelant que la communauté internationale devait aller plus loin et plus vite pour lutter sérieusement contre le dérèglement climatique. Un cap a ainsi été fixé le 7 juillet, à travers le plan climat présenté par le Ministre d’Etat à la transition écologique et solidaire : atteindre, dans notre pays et d’ici à 2050, la neutralité carbone. Ambitieux, cet objectif ne se fera pas tout seul, par un simple ajustement des politiques actuelles. Il requiert au contraire d’importantes ruptures dans les pratiques et les secteurs qui, aujourd’hui, émettent des gaz à effet de serre.

Au delà des discours, qu’en est-il vraiment ?

Ainsi, au-delà des discours volontaristes et des objectifs de long terme, qu’en est-il vraiment des mesures structurantes adoptées par la France pour préparer l’avenir ? Après six mois d’exercice, force est de constater que le Gouvernement ne se donne pas les moyens de son ambition sur l’enjeu climatique.

La loi hydrocarbures, bien que positive par le message qu’elle envoie sur la fin de l’exploitation des énergies fossiles, comporte de nombreuses failles et ne vise qu’1% de l’énergie que nous consommons dans notre pays. Les énergies fossiles ont donc encore de beaux jours devant elles tant que le Gouvernement n’investira pas massivement dans les économies d’énergie, notamment à travers la rénovation massive des logements. Dans le même sens, l’annonce du Gouvernement pour interdire en France la vente des véhicules diesel et essence d’ici à 2040, ne doit pas occulter le fait que la réduction des émissions du transport routier se joue maintenant : sur la scène européenne alors qu’une proposition de législation laxiste vient d’être publiée par la Commission européenne pour limiter les émissions de CO2 des futures voitures et au niveau national, dans le cadre des assises de la mobilité, afin de réduire la part colossale que la voiture occupe aujourd’hui dans nos déplacements.

En matière fiscale, le Gouvernement a franchi un cap en actant l’augmentation progressive de la fiscalité carbone ainsi que le rattrapage diesel essence, la fiscalité étant l’un des principaux leviers pour orienter les investissements et les comportements. Si ces annonces méritent d’être saluées, elles conduisent en parallèle à renforcer l’avantage concurrentiel dont bénéficient de multiples secteurs exemptés partiellement ou totalement aujourd’hui de ces taxes, comme le transport routier ou aérien. Par ailleurs, les alternatives pour « faire autrement » face à l’augmentation de la fiscalité (transports en commun notamment) ne sont pas encore assez soutenues par le Gouvernement.

Ainsi, de politiques des petits pas en passant par des reculades (entrée en vigueur provisoire du CETA, suppression de l’élargissement de la taxe sur les transactions financières, report du calendrier pour atteindre l’objectif de baisse de la part du nucléaire dans notre mix énergétique, manque de soutien financier aux territoires à énergie positive pour la croissance verte, etc.), les mesures structurantes se font encore attendre.

Les solutions sont pourtant connues, des chantiers ont été lancés, qu’ils concernent les transports, l’agriculture et l’alimentation, la rénovation des logements ou notre futur modèle énergétique. La majorité de ces derniers doit se solder d’ici la fin de l’année.

Alors que la France accueillera le 12 décembre un sommet international sur le climat, deux ans après l’adoption de l’accord de Paris, le Gouvernement doit s’atteler au plus vite à balayer d’abord devant sa porte, pour remettre de la cohérence et de l’ambition dans ses propres politiques publiques. C’est, au final, ce qui permettra à la France de passer d’une politique de vœux pieux à une contribution tangible pour la relève des engagements des différents pays prévue en 2018.

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