Élections municipales : réduisons la place des transports polluants et développons les mobilités alternatives

Chaque mois jusqu’aux élections municipales, la campagne Alternatives Territoriales se concentre sur une thématique pour réduire les gaz à effet de serre à l’échelle des communes. En janvier, l'objectif est de mettre en place une politique locale sur les transports, en réduisant les véhicules polluants au profit de mobilités alternatives.

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Mobilisation contre la pollution de l'air à paris le 21 Janvier - Crédit photo Le DuQ

Transports et mobilité : le premier secteur responsable des émissions de gaz à effet de serre en France

Le secteur du transport est le premier émetteur de gaz à effet de serre en France avec 31 % des émissions. Plus de la moitié de ces émissions sont rejetées par les voitures individuelles, le reste étant réparti entre le fret routier, l’avion, les deux-roues motorisés, et dans une moindre mesure le transport fluvial, ferroviaire et maritime. Il s’agit donc d’un secteur primordial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les collectivités territoriales sont les chef de file pour mettre en oeuvre la mobilité de demain.

Or, les élus locaux du précédent mandat ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique. Le Réseau Action Climat, Greenpeace et UNICEF France ont publié en décembre 2019  un classement des 12 plus grandes agglomérations, démontrant qu’aucune ville n’a pas pris de mesures suffisantes pour sortir du tout voiture et valoriser les alternatives de manière à limiter la hausse des température à +1,5°C et à respecter les seuils légaux de pollution de l’air recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé. 

Réduire la place des véhicules polluants…

La pollution de l’air est un enjeu climatique et de santé publique : les Français perdent 1,6 ans d’espérance de vie à cause de la pollution de l’air et on compte 67 000 décès prématurés chaque année (1) ! Afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines, il est important de modérer la place accordée à la voiture en ville tout en fluidifiant le trafic. Cela passe par la création de zones apaisées où les usagers se partagent l’espace, en imposant une sortie progressive du diesel et de l’essence, en régulant le stationnement pour diminuer les flux de véhicules ou encore en développant et facilitant la pratique du covoiturage et de l’autopartage.

Réduire la place des véhicules polluants impose aussi l’exemplarité des  villes, par exemple à travers le choix de la flotte de véhicules pour le transport en commun : des dispositions de la loi d’orientation des mobilités prévoient d’améliorer la qualité du parc des automobiles et des autocars des collectivités, afin de les remplacer progressivement par des véhicules émettant moins de gaz à effet de serre.

… pour développer les transports en commun….

On estime que près de la moitié des déplacements en voiture se font sur une distance de moins de 3 km, ce qui nécessite de laisser la place aux mobilités alternatives comme les transports en commun. En bus, on consomme 40 % d’énergie en moins pour un même trajet effectué en voiture individuelle et pour transporter 240 personnes, sont nécessaires 150 voitures, 3 bus, 1 tramway (2).

Par ailleurs, développer les transports en commun ne nécessite pas uniquement d’étoffer l’offre pour couvrir un plus grand territoire, mais consiste aussi à augmenter la fréquence des lignes, à favoriser l’intermodalité – c’est-à-dire la capacité de passer d’un moyen de déplacement à un autre – et à favoriser leur attractivité en mettant en place des tarifs solidaires. 

…. et les mobilités actives.

Le retour des piétons et des cyclistes en ville est indissociable d’un projet de « ville sans voiture » et d’un meilleur partage de l’espace public : comme le montre l’expérience des Pays-Bas, pour augmenter la place du vélo dans les déplacements quotidiens, il faut proposer des vrais pistes cyclables sécurisées et des véloroutes permettant de faire des longues distances à vélo. 

Ainsi, un des éléments centraux pour favoriser la pratique du vélo est de mettre en place un réseau cyclables maillant le territoire qui doit être sécurisé. Au delà des aménagements cyclables, plusieurs facteurs facilitent la pratique du vélo, comme le développement des offres de stationnement ou un système facilitant la location vélo toutes durées, électriques ou non. 

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Mobilisation contre la pollution de l’air à Lyon – 21 Janvier

Que peut faire ma commune ?

La commune et l’intercommunalité peuvent agir à travers différents leviers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport, en développant les mobilités partagées, le vélo, le vélo à assistance électrique ou encore les transports en commun :

  • Les communes sont le plus souvent responsables de la voirie (parking, limitation de vitesse etc.), ce qui permet de réduire la place de la voiture. Ainsi, une commune a les compétences pour mettre en place des zones à circulation restreinte – où la voiture partage l’espace avec d’autres usages, ou pour réguler, décentraliser et tarifer les places de stationnement.
  • Via l’aménagement du territoire, les intercommunalités avec les Plans locaux d’urbanismes intercommunaux (PLUI) peuvent influer sur les distances parcourues par les biens et les personnes.
  • L’intercommunalité est le plus souvent l’Autorité d’Organisation de la Mobilité (AOM) qui assure l’organisation du réseau de transport urbain. La détentrice de cette autorité est le plus souvent l’intercommunalité : c’est une compétence obligatoire pour les métropoles, communautés urbaines et d’agglomération, et volontaire pour les communautés de communes. Cette compétence peut être assurée en régie (en gestion directe) ou de manière déléguée à un opérateur de transport (cas le plus courant).
  • Les collectivités (commune et intercommunalité) peuvent mettre en oeuvre une ou plusieurs zones à faible émission (ZFE) sur tout ou partie de leur territoire.
  • Les collectivités locales organisent les transports du territoire dans leur SCoT (Schéma de Cohésion Territoriale), mais celles de plus de 100 000 habitant·es doivent également réaliser un plan de déplacement urbain (PDU). Le Plan de déplacement urbain est une démarche de planification sur 10 ans pour l’aménagement du territoire et ses déplacements. Le PDU se traduit par la mise en place d’actions en faveur des modes de transports alternatifs à la voiture particulière : du développement des transports collectifs, de la pratique du vélo, de la marche à pied, de nouveaux services, etc.
  • La collectivité peut aussi produire un schéma directeur cyclable (ou modes actifs dans une approche mixte marche et vélo) afin de programmer et planifier une politique cyclable (ou de modes actifs) en relation avec la politique globale des déplacements sur le territoire.

Les exemples de communes ambitieuses

Châlon-sur-Saône (aire urbaine de 135.500 hab.) a mis en service en 2012 une ligne de Bus à Haut Niveau de Service (fréquence 10 minutes) ce qui a induit une hausse de fréquentation du réseau (hausse du nombre de voyages 12 % entre 2013 et 2015). L’offre de transports publics est variée (minibus électrique gratuit en hyper-centre, service de transport de personnes à mobilité réduite, transport à la demande). La complémentarité des modes de transport a également été cherchée, en favorisant notamment le transports à la demande en périurbain.

Perpignan promeut l’usage du vélo en développant un réseau cyclable continu et sécurisé pour un total de plus de 239 km d’aménagements réalisés. Ainsi 55 % de la voirie est aménagée pour les piétons et vélos. La Ville de Perpignan a également mis en place un jalonnement des itinéraires cyclables avec des panneaux spécifiques étendu chaque année. Elle travaille enfin avec une association, « La Casa Bicicleta », à la fois lieu d’information et atelier participatif de réparation, qui propose, dans le cadre de ce contrat, des ateliers d’initiation au vélo dans les quartiers prioritaires.

Quimper a engagé la refonte de son plan de stationnement pour répondre aux besoins actuels et futurs en supprimant 700 places au centre, en ouvrant un parking relais en entrée de ville pour tester les attentes et besoins des usager·es avant le déploiement.

Paris s’est engagé à sortir du diesel et de l’essence d’ici à 2024 et 2030, a étendu les zones à 30km/h et a piétonnisé des axes routiers importants (les berges de Seine).

Grenoble a généralisé la limitation de la vitesse à 30km/h dans toute la commune et dans certaines communes alentour, et a entre autre développé un réseau express vélo.

Moissac (Tarn et garonne) a développé le Rézo Pouce, un réseau d’autostop entre collectivités. Portée par la mairie de Moissac, plusieurs collectivités se sont réunies au sein de l’association de communes appelée «Covoiturons sur le pouce» en avril 2012. L’association comptait 10 communes à ses débuts et a fédéré plus de 80 collectivités localisées dans la région Midi-Pyrénées.  Aujourd’hui, 13 collectivités (soit 82 communes) portent le projet. Rézo Pouce met à disposition des collectivités adhérentes et des usagers de nombreuses informations concernant la localisation des arrêts sur le Pouce et du réseau des transports classiques, mais aussi le réseau des transports à la demande.

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Mobilisation contre la pollution de l’air à Marseille – 21 Janvier

Nos recommandations

Le Réseau Action Climat demande aux candidats et candidates aux élections municipales à s’engager sur les mesures suivantes issues du Pacte pour la Transition :

  • Renforcer l’offre, l’accès et l’attractivité de transports en commun sur le territoire ;
  • Donner la priorité aux mobilités actives (marches, vélo) dans l’espace public ;
  • Limiter la place des véhicules les plus polluants et des voitures individuelles en ville ;
  • Développer une logistique urbaine du transport de marchandises adaptée aux caractéristiques de la commune.

(1) Source Le Monde

(2) Source UTP

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