Zones à faibles émissions : la proposition de la loi du Rassemblement National pollue le débat

L’Assemblée nationale examinera demain la proposition de loi du Rassemblement National visant à interdire les Zones à Faibles Émissions. Le Réseau Action Climat dénonce une proposition déconnectée des réalités sanitaires et qui n’apporterait aucune réponse à l’enjeu d’articuler lutte contre la pollution de l’air et accès à la mobilité.

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Pour Valentin Desfontaines, responsable Mobilités Durables au Réseau Action Climat

“Le Réseau Action Climat regrette l’absence d’un débat à la hauteur de l’enjeu sur les ZFE. D’un côté la proposition du Rassemblement National d’interdire les ZFE est totalement déconnectée de l’urgence sanitaire de lutter contre la pollution de l’air. De l’autre, le Gouvernement refuse toujours de renforcer massivement son soutien aux transports publics, de limiter au maximum le reste à payer des ménages modestes devant acheter un véhicule moins polluant et de contraindre les constructeurs automobiles à produire de petits véhicules électriques abordables. Ces mesures sont pourtant indispensables, aussi bien pour une mise en œuvre acceptable des ZFE que pour lutter contre la pollution de l’air et le changement climatique.”

Pour Guillaume Compain, chargé de campagne climat à Oxfam France

“Quand on sait qu’entre 40 000 et 100 000 personnes meurent chaque année en France à cause de la pollution de l’air, retarder la mise en place des ZFE c’est sacrifier la santé des plus fragiles d’entre nous. En revanche, l’inquiétude de certains de nos concitoyens est légitime : il faut que les ZFE soient inclusives et que tout le monde puisse s’adapter rapidement. Pour cela, le Gouvernement doit davantage aider les ménages à acquérir des véhicules propres et accompagner fortement les plus modestes. Il doit surtout investir massivement dans les transports en commun, notamment dans la réhabilitation des lignes de train du quotidien, afin que chaque Français ait une alternative concrète et efficace à sa disposition”.

Pour Daphné Chamard-Teirlinck, chargée de Mobilité Inclusive et Durable au Secours Catholique

« Interdire les Zones à Faibles Émissions ne réglera pas l’impasse sanitaire, sociale et environnementale dans laquelle nous sommes. Nous avons besoin d’un outil structurant pour proposer des alternatives sur les territoires car la voiture est trop coûteuse particulièrement pour les plus précaires et le sera de plus en plus, trop polluante et trop néfaste pour la santé et le climat. Mais la ZFE ne doit pas se faire sans certaines conditions : il ne faut pas la réduire au seul renouvellement du parc mais bien la saisir comme une opportunité pour construire un vrai plan de transition, il faut informer et concerter largement sans oublier les plus précaires et les personnes en dehors des ZFE. »

Pour Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports chez Greenpeace France

« Il faut sortir nos villes du tout-voiture, du diesel et de l’essence, et sortir la population du piège de la dépendance à la voiture individuelle et aux énergies fossiles. C’est un enjeu sanitaire majeur, et c’est aussi indispensable d’un point de vue social et climatique. Dans ce contexte, la proposition de loi du Rassemblement national, qui ne propose rien, est profondément irresponsable. Son seul mérite est de mettre le doigt sur les manquements du gouvernement pour rendre la mise en œuvre des ZFE acceptable. Il est urgent qu’il mette sur la table des mesures fortes en faveur des modes de transport les moins polluants et de leur accessibilité, et qu’il impose aussi et surtout le changement à l’industrie automobile au lieu de l’encourager à produire toujours plus de (grosses) voitures. »

Pour Anne Lassman-Trappier, référente qualité de l’air de France Nature Environnement

“ En ville, jusqu’à 70% de la pollution de l’air peut être générée par le trafic routier et les émissions du diesel sont particulièrement toxiques pour la santé, surtout celle des enfants. La pollution de l’air a aussi un coût socio-économique exorbitant (morts prématurées, maladies, journées de travail perdues) et pas seulement dans les grandes métropoles : 1 600€ par habitant et par an à Paris, 1 100€ à Lyon et Nice, mais aussi plus de 1 000€ à Melun, Douai, Fréjus, Toulon, Rouen, Saint-Quentin…”

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