Une sobriété juste et efficace, c’est quoi ?

De nombreuses idées reçues circulent sur la sobriété. Injuste ? Temporaire ? Rationnement douloureux mais nécessaire ? Loin de là. Une sobriété juste et pérenne est possible est souhaitable, on vous explique les meilleurs gestes à faire aux niveaux individuel et collectif pour aller vers une consommation plus sobre.

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La sobriété est entrée dans la vie des Françaises et Français avec la guerre en Ukraine et l’arrêt de l’importation de gaz russe, mais aussi avec les risques de coupures d’électricité cet hiver à cause du nombre important de réacteurs nucléaires à l’arrêt. Face aux risques de pénuries d’énergie et à la hausse des prix, la seule mesure efficace avec un effet immédiat est la sobriété. Pour autant, nous avons vu une augmentation des situations de privation, en particulier de chauffage, pour des ménages, des écoles, des universités, qui n’ont rien à voir avec cette sobriété mise en avant depuis de nombreuses années par les acteurs de la transition écologique.

Mais alors c’est quoi la sobriété ? Est-ce que c’est vraiment utile d’agir à l’échelle individuelle ? Quelles sont les 2 ou 3 actions qui auraient l’impact le plus important ? Et quelle est la responsabilité des pouvoirs publics ?

C’est quoi la sobriété ?

Mise en exergue depuis longtemps par des associations comme négaWatt ou Virage Énergie, et intégrée dans les scénarios prospectifs de l’ADEME et de RTE, la sobriété a maintenant une définition officielle dans le dernier rapport du GIEC :  La sobriété est un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites de la planète. 

La sobriété est l’une des réponses au constat que la consommation et les modes de production actuels de l’humanité ont des impacts considérables sur l’environnement et le vivant, dont certains sont irrémédiables. La sobriété, c’est donc agir au quotidien pour réduire ses consommations dans l’optique de permettre à chacun d’accéder à des conditions de vie décentes.

Si certaines solutions technologiques auront un rôle important à jouer dans les transformations à mener, elles ne suffiront pas à réduire rapidement les impacts sur l’environnement et sur le climat. Et elles peuvent elles-mêmes avoir des impacts négatifs sur l’environnement.

Par ailleurs, le GIEC nous rappelle que la sobriété ne concerne pas uniquement l’énergie. Consommer en moyenne 40 pièces de textile neuves par an par habitant en France ne correspond pas à un besoin et a des impacts sociaux et environnementaux pendant tout le cycle de vie du vêtement. De même, adopter un régime alimentaire plus équilibré, en réduisant la consommation de produits d’origine animale et en augmentant celle de protéines végétales est bénéfique pour le climat et l’environnement, mais aussi pour la santé.

Avoir une consommation plus sobre et plus locale est un choix sans regret : les bénéfices sont multiples et une société plus sobre est davantage préservée face aux crises.

Associée à l’efficacité énergétique qui permet de réduire dans la durée les consommations (par exemple en rénovant de manière performante les logements), la sobriété apporte un gain immédiat sans investissement important.

Vous voulez agir ? Chaque geste compte… Vraiment !

Convaincus par la nécessité de réduire votre consommation d’énergie ? Mais par où commencer ?

Regardons les ordres de grandeur : Les secteurs les plus consommateurs d’énergie sont les transports (majoritairement avec les voitures), le résidentiel (principalement le chauffage des logements, devant l’industrie et le tertiaire (bureaux, bâtiments publics, etc…).

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Source : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energie-2022/donnees-cles

Agir en tant que particuliers sur ses déplacements et son chauffage a un impact important. Il est donc trop simple de se moquer des « petits » gestes ! L’association négaWatt l’a démontré avec son analyse parue fin septembre : si chaque acteur (citoyen, entreprises, collectivités, État) agit à son échelle pour faire des économies d’énergie en baissant ses consommations et en évitant des gaspillages, on peut arriver à :

  1. passer l’hiver en réduisant les risques de coupures 
  2. honorer l’objectif des 10 % d’économies d’énergie d’ici 2 ans.

Voici une sélection de 4 mesures phares applicables à l’échelle d’un foyer.

1 – Régler son chauffage à 19°C

Sur le podium des gestes les plus efficaces, il y a sans surprise le bon réglage de la température de chauffage (chez soi et au bureau). 

Si tout le monde vivait avec une température de 19°C dans son logement (au lieu de 21°C en moyenne avant cet hiver) cela permettait de faire des économies d’énergie énormes (jusqu’à 16 % des consommations de chauffage), sans même parler de la baisse des factures (un degré en moins permet déjà de réaliser 7 % d’économies sur la facture). La nuit, régler le chauffage à 17°C permet d’économiser encore davantage… et de mieux dormir !

Ces mesures, quand on se chauffe à l’électrique, contribuent également à limiter le pic de consommation d’électricité le matin et entre 18h et 20h, et réduisent donc les risques de coupure.

2 – Installer des mousseurs sur les robinets

L’installation des limiteurs de débit d’eau sur les robinets permet de baisser de 25 % la consommation d’eau chaude et donc d’énergie pour la chauffer pour un investissement raisonnable (5 à 15 €) !

En parallèle, mettre en place des pratiques économes comme la limitation de la durée d’utilisation et un arrêt des usages en continu (laisser couler l’eau pendant qu’on se brosse les dents) va de soi. Cela représente une source d’économie de 13 % en plus. 

3 – Supprimer les veilles électriques

La suppression des veilles et des appareils allumés inutilement permet de réduire en moyenne de 14 % les consommations électrodomestiques. UFC Que Choisir parle des consommations fantômes pour des veilles cachées des équipements qui, même éteints, continuent à consommer. Faire le tour de son logement et trouver des solutions (multiprises avec interrupteur, consignes de débrancher certains appareils en dehors de l’utilisation etc. ) représenterait une économie de plus de 80 €/an.

4 – Réduire la vitesse sur autoroute et voie rapide

La réduction à 110 km/h sur autoroute et 100 km/h sur voie rapide de la vitesse maximale autorisée réduit pour chaque trajet concerné environ 20 % des consommations de carburant. A l’échelle individuelle chaque conducteur a intérêt à prendre cette décision pour faire des économies importantes, et pour diminuer l‘émission de polluants atmosphériques sans oublier non plus les bienfaits de l’éco-conduite. L’Ademe considère que l’économie possible due au respect de quelques règles équivaut à 5 pleins par an.

Sobriété et justice sociale sont indissociables

Les Français sont prêts à s’engager dans la sobriété, mais s’ils ont le sentiment que chacun fait sa part. Face aux bureaux restant éclairés toute la nuit ou aux consommations dispendieuses de certains parmi les plus aisés, comme l’usage de jets privés, il peut paraître choquant de faire porter les mesures de sobriété sur ceux qui se privent déjà.

L’exemplarité des entreprises et des plus aisés est indispensable. Mais il faut aller plus loin. La sobriété ne peut fonctionner sans une politique permettant à chacun d’avoir accès à la couverture de ses besoins essentiels. Se chauffer à 19°C, oui, mais pour certains c’est impossible alors que les prix de l’énergie augmentent et qu’il existe encore en France plus de 5 millions de passoires énergétiques. Pour être équitables, L’Etat et les collectivités doivent donc accompagner la sobriété de mesures de lutte contre la précarité. 

Moins…certes : mais mieux !!!

Consommer moins, c’est aussi privilégier des produits de meilleure qualité, sains, fabriqués localement, dans de bonnes conditions sociales et environnementales. Cela s’applique à l’énergie avec les énergies renouvelables locales et citoyennes, mais aussi à l’élevage ou au textile par exemple. Les achats publics réalisés par l’Etat et les collectivités a un rôle clé à jouer dans ce domaine en favorisant les productions locales et saines.

 

Quel rôle doivent jouer les pouvoirs publics ?

La sobriété ne se réduit pas aux actions individuelles – là où elle prend toute sa force c’est quand elle devient le fil rouge des politiques publiques : Organiser les infrastructures des villes et des campagnes pour réduire les déplacements contraints ou faciliter l’usage du vélo, créer les conditions pour accélérer la mutation de l’élevage industriel, restructurer les filières industrielles pour produire en cohérence avec les limites de notre planète, interdire les publicités en faveur de produits polluants comme les SUV, tout en accompagnant les ménages aux revenus modestes pour qu’ils puissent se chauffer, se déplacer et se nourrir sainement. Tant de chantiers de politiques publiques qui restent encore sous-exploités …

L’enjeu est de changer profondément les systèmes de consommation et de production – à court terme mais aussi à long terme. Il ne s’agit pas uniquement d’arrêter des absurdités énergétiques comme les écrans publicitaires, mais aussi de mettre fin aux injonctions contradictoires de la publicité appelant à toujours consommer plus, via une régulation de la publicité pour les produits et services nocifs pour le climat et l’environnement

Nos conditions pour un plan de sobriété efficace et juste

  1. Assurer Une sobriété socialement juste et équitable :
  2. Une sobriété au-delà du passage de l’hiver :
  3. Une sobriété des consommations en général 
  4. Une consommation moindre, mais de meilleure qualité
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