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Une colère des agriculteurs légitime, une voie de sortie par le haut : la transition agroécologique

Alors que les mobilisations des agriculteurs traduisent une colère légitime contre un système qui ne leur permet pas de vivre dignement, certains discours accusent les mesures environnementales de tous les maux. Le Réseau Action Climat rappelle que seule la transition agro-écologique et juste permettra la pérennité de l'agriculture.

FRANCE - DEMO - FARMERS - BLOCKAGE - HIGHWAY
France, Bourg de Peage, 2024-01-24. Des tracteurs et des remorques arretes au milieu des voies. Photographie de Nicolas Guyonnet / Hans Lucas. (Photo by Nicolas Guyonnet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

La colère et la mobilisation des agriculteurs expriment un désarroi légitime face à l’absence d’accompagnement de l’Etat et à un système économique qui les broie et ne leur permet pas de vivre dignement de leur travail. Face aux discours réducteurs de certains acteurs ciblant les mesures environnementales, le Réseau Action Climat rappelle que la transition agroécologique et juste est la seule voie permettant la pérennité de notre agriculture. 

Certains acteurs cherchent à mettre en scène une opposition frontale entre le monde agricole (prétendument uniforme) et les politiques et normes environnementales. En réalité, la colère s’explique en grande partie par la crise du revenu agricole et un besoin de reconnaissance et de protection de la part de l’Etat. Le non respect de la loi Egalim dans les négociations commerciales avec les industriels et la grande distribution, l’industrialisation de certaines filières et leur exposition aux marchés internationaux volatiles, ou encore  la concurrence faussée avec des importations ne répondant pas aux mêmes normes, faute de mesures miroirs, participent à cette fragilisation. La signature d’accords commerciaux de libre-échange, tel que le traité avec le Mercosur ou la Nouvelle Zélande, exacerbe d’ailleurs le mécontentement. Ce contexte délétère menace la survie de nombreuses fermes du pays ainsi que le renouvellement des générations. 

En outre, des événements climatiques extrêmes (sécheresse, inondations) s’ajoutent et viennent fragiliser davantage les agriculteurs, entraînant des pertes de récolte massives dans certaines régions. Les effets du changement climatique sont malheureusement déjà là, et touchent de plein fouet les agriculteurs qui sont en première ligne. 

Face à ce constat, ne nous trompons pas de cible : la transition agroécologique est une part de la solution et non le problème. Il serait dramatique de rejeter les politiques publiques environnementales et climatiques au moment où elles deviennent plus que jamais nécessaires. Les effets dévastateurs du changement climatique vont s’aggraver et s’amplifier, impactant davantage les agriculteurs. Or les modèles agricoles les plus durables, préservant la biodiversité et les sols, sont justement les plus résilients face aux chocs climatiques et économiques. Cette transition agroécologique, ainsi qu’un cadre économique plus juste, doivent être soutenus par les pouvoirs publics et ne pas laisser les agriculteurs seuls face à leurs difficultés. 

Nous appelons donc le Gouvernement à fixer un cap clair et à accompagner massivement les agriculteurs à adapter leurs pratiques vers la transition agroécologique, via un meilleur fléchage des aides agricoles notamment. Il est également urgent d’adopter des mesures pour un meilleur partage de la valeur en faveur des agriculteurs. C’est une question de survie pour le secteur. 

Enfin, nous adressons toutes nos condoléances aux proches des victimes du terrible accident survenu mardi 23 janvier.

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