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Quel rôle de la consommation et de la production de la bio pour sauver le climat ?

Deux publications permettent de remettre sur la table le sujet du rôle de l’agriculture biologique dans la lutte contre les changements climatiques.

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Le premier est un panorama de la littérature scientifique sur les externalités positives (ITAB), et le deuxième est un article scientifique faisant état d’une vaste étude sur les consommateurs de bio (Bionutrinet).
Le rapport sur les externalités positives de l’agriculture biologique (1) a été présenté aujourd’hui publiquement par l’institut technique de l’agriculture biologique (ITAB), avec l’appui de l’INRA. Ce rapport a été fait sur la demande du ministère de l’agriculture dans le but notamment de :

  • Mieux faire reconnaître la nécessité de soutenir l’agriculture biologique dans la PAC post 2020 et d’identifier les bons leviers,
  • Identifier les nouveaux axes de recherche nécessaires pour affiner ces connaissances.

Le rapport fait ainsi le point sur les différentes externalités positives attribuées à l’agriculture biologique : la biodiversité, la qualité de l’eau, la qualité de l’air, la protection des sols, la santé humaine, le bien-être des animaux, etc. L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre en fait partie. Ce chapitre permet d’éclairer la complexité des calculs qui sous-tendent ce constat et de conclure que, au global, le développement de l’agriculture biologique est bénéfique pour la lutte contre les changements climatiques comparé à l’agriculture conventionnelle.

La bio meilleure pour le climat

Si l’on rapporte les calculs par hectare, l’agriculture biologique est systématiquement moins émissive de gaz à effet de serre que l’agriculture conventionnelle. Rapportés par kilo produit, les calculs montrent que les systèmes biologiques et conventionnels sont en moyenne comparables (certaines cultures sont meilleures en agriculture biologique, d’autres non).

Si l’on prend l’exemple des émissions de méthane par les élevages laitiers : les bilans sont meilleurs en élevage intensif si l’on rapporte les calculs au kilo, mais en réalité ils sont meilleurs en agriculture biologique lorsque l’on prend en compte l’ensemble du système de production. En effet, les vaches vivant plus longtemps, le troupeau est davantage « rentabilisé » en agriculture biologique, les génisses étant proportionnellement moins nombreuses.

Enfin, l’agriculture biologique entraine un meilleur stockage du carbone dans les sols grâce en particulier aux prairies permanentes, à la culture de légumineuses, aux cultures intermédiaires et sous couvert, et permet une plus grande adaptation aux aléas climatiques qui seront de plus en plus nombreux.

vaches

Un régime alimentaire bio meilleur pour le climat ?

La consommation de produits biologiques est statistiquement souvent corrélée à des régimes alimentaires meilleurs pour le climat. En d’autres termes il est observé que la partie de la population ayant adopté une consommation partielle ou complète de produits bio acquière également un régime ayant un moindre impact sur le climat (moins de viande, plus de légumes secs et de fruits secs, plus de végétaux en général). Ces résultats sont issus de la vaste étude bionutrinet dont les premiers résultats commencent à sortir (2).

L’ensemble de ces résultats (rapport de l’ITAB, étude Bionutrinet) nous montre que l’agriculture biologique a un rôle important à jouer dans la lutte contre les changements climatiques. Les conseils auprès des agriculteurs, les aides à l’installation, à la conversion et au maintien mais aussi le soutien aux débouchés doivent donc être renforcés. C’est ce que nous attendons dans le cadre du démarrage des discussions sur la future PAC post 2020, mais aussi dans le cadre du Plan Agroécologie pour la France du ministère, dont le plan Ambition bio 2018 et son futur renouvellement.

Quoi faire alors ?

Cette étude a l’énorme mérite d’énumérer toutes les externalités positives de la bio, de faire le point sur les chiffres et de pointer les manques pour la recherche. Elle permet de renforcer la conviction d’une amélioration du soutien à l’AB par les pouvoirs publics. Cependant, les auteurs n’ont pas souhaité proposer un chiffrage agrégeant l’ensemble des aménités à l’hectare, du fait des imprécisions sur certains d’entre eux. Un tel calcul aurait permis de chiffrer une rémunération pour services rendus. Par ailleurs, comme certains acteurs l’ont souligné lors de la table ronde de la restitution, une rémunération pour services rendus ne suffit pas : il est nécessaire de mettre en place une aide réellement incitative, qui entraine le changement, de façon à entrainer une massification de l’agriculture biologique.

A titre d’illustration, le scénario AFTERRES2050(3) est l’un des rares scénario permettant d’atteindre une division par deux des émissions de gaz à effet de serre agricoles sur le territoire français d’ici à 2050, objectif aujourd’hui inscrit dans la stratégie nationale bas carbone de la France(4). Ce scénario prévoit une forte augmentation de la part de l’agriculture biologique pour atteindre 45% en 2050.

Notes

  1. La synthèse et le rapport complet ici
  2. http://bionutrinet.etude-nutrinet-sante.fr/node/32
  3. http://afterres2050.solagro.org/
  4. http://www.developpement-durable.gouv.fr/Strategie-nationale-bas-carbone.html
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