Réduire de 50% la consommation de viande est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de la France et permettrait d’améliorer la santé de la population
Alors que le Gouvernement est en train d’élaborer sa Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat, le Réseau Action Climat et la Société Française de Nutrition (SFN) publient aujourd’hui une étude, qui concilie nutrition et climat.
L’étude fournit des données scientifiques inédites sur les régimes alimentaires permettant de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre de notre alimentation, avec une diminution de 50% de la consommation de viande par rapport à la moyenne française actuelle, tout en satisfaisant l’ensemble des apports nutritionnels recommandés.
Une nécessité pour respecter les objectifs climatiques : 22 % de l’empreinte carbone nationale dépend de l’alimentation
L’alimentation, qui représente 22 % de l’empreinte carbone nationale, doit fortement évoluer dans les prochaines années afin de respecter les objectifs climatiques de la France. Cette évolution implique notamment d’aller vers des régimes alimentaires à la fois sains et durables, avec moins de produits d’origine animale et plus d’aliments végétaux de qualité.
Toutefois, cette nécessaire transition des systèmes agricoles et des régimes alimentaires n’est pas suffisamment enclenchée à l’heure actuelle. En France, après deux décennies de baisse entre 1990 et 2012, la consommation de viande par habitant affiche une légère hausse depuis une dizaine années : elle a progressé d’un peu plus de 2 % entre 2013 et 2022. Finalement, la quantité de viande consommée par habitant en France est aujourd’hui deux fois supérieure à la moyenne mondiale. A l’inverse, la consommation de fruits et légumes et de sources végétales de protéines (légumineuses en particulier) est largement insuffisante par rapport aux recommandations, et leur tendance n’est pas à la hausse.
La transition vers des régimes alimentaires durables ne pourra pas avoir lieu sans la mobilisation des acteurs publics comme privés pour faire évoluer les habitudes alimentaires des Français. Les pouvoirs publics disposent pour cela d’une large panoplie d’instruments, parmi lesquels figurent les recommandations officielles de consommation alimentaire du Programme National Nutrition Santé.
Un impératif : prendre en considération les enjeux environnementaux dans le Programme National Nutrition Santé
Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) a été créé en France en 2001 pour favoriser des pratiques alimentaires et d’activité physique favorables à la santé. Il est désormais bien connu du public, grâce à ses messages invitant à manger au moins 5 fruits et légumes par jour, ou à ne pas manger trop gras, trop sucré et trop salé. Toutefois, les recommandations du PNNS ont été élaborées en prenant en compte les enjeux de nutrition et de santé humaine, mais pas les enjeux environnementaux.
La révision du PNNS est donc nécessaire pour que la France, pionnière lors de sa création en 2001, rattrape son retard par rapport aux autres pays. En effet, en 2023, les recommandations alimentaires de 25 États prenaient déjà en compte, de façon plus ou moins complète, les enjeux environnementaux (dont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne et l’Italie).
Quelles recommandations pour y parvenir ?
Dans ce sens, l’étude formule des propositions concrètes pour faire évoluer les recommandations alimentaires du PNNS, en invitant en particulier à ne pas consommer plus de 450 g de viande par semaine (toutes catégories de viandes confondues (bœuf, porc, volaille, charcuterie, etc.), et à consommer des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs, etc.) et deux petites poignées de fruits à coque (amandes, noix, etc.) chaque jour. Nos propositions s’appuient sur une analyse comparative des recommandations alimentaires des pays ayant intégré les enjeux environnementaux, et sur une série de modélisations de régimes alimentaires.
Les résultats de nos modélisations montrent qu’il est possible de réduire de 50% la consommation de viande tout en satisfaisant l’adéquation nutritionnelle et sans avoir recours à des produits enrichis ou à des supplémentations. Cela implique de consommer davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de fruits à coque et de produits céréaliers complets qu’aujourd’hui, avec une consommation modérée d’œufs et de produits laitiers, et une forte diminution des produits gras, sucrés et/ou salés. Si ces changements étaient adoptés, cela permettrait donc non seulement de réduire fortement les impacts environnementaux de notre alimentation, mais aussi d’améliorer considérablement sa qualité nutritionnelle et ainsi de contribuer à la prévention des maladies non transmissibles liées à l’alimentation (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, certains cancers…).
Le Réseau Action Climat et la Société Française de Nutrition invitent donc les pouvoirs publics à inscrire la révision des recommandations du PNNS dans la Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat, dans la perspective de mettre en place un PNNS-Climat pour traiter de façon cohérente les enjeux climatiques et nutritionnels. Cette révision devra s’accompagner de politiques publiques plus globales visant à rendre le système agricole et alimentaire français plus durable, en soutenant les agriculteurs et les ménages les plus vulnérables dans cette transition.
Pour le Réseau Action Climat, la diminution de la consommation de viande doit s’accompagner de politiques pour orienter la demande vers de la viande de meilleure qualité et produite de façon durable sur nos territoires. Le gouvernement doit également accompagner les éleveurs dans cette transition vers des systèmes de production plus respectueux de l’environnement et leur assurer une rémunération suffisante.
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