Précarité & climat : 3 priorités pour les 100 premiers jours du gouvernement

Alors que la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation creuse les inégalités et que l’urgence climatique est de plus en plus critique, le nouveau gouvernement doit prendre des mesures d’urgence concrètes pour protéger les plus faibles tout en accélérant la transition écologique.

Woman holding cash in front of heating radiator. Payment for heating in winter. Selective focus.
The senior woman holding gas bill in front of heating radiator. Payment for heating in winter.

Aux crises géopolitiques et sociales la réponse de la transition écologique juste

La guerre menée par la Russie en Ukraine fait flamber les prix du gaz, du pétrole et de certains produits alimentaires. Si cette situation met en exergue la dépendance de nos modes de vie aux énergies fossiles (chauffage au gaz ou au fioul, carburants des voitures…), la hausse des prix affecte en premier lieu les ménages déjà précaires, agissant comme une double-peine.

La solution ? Sortir au plus tôt des énergies fossiles, car leurs prix volatiles suivant les conflits et la demande pèsent sur les plus précaires et leur consommation aggrave le changement climatique.

Une réponse de l’Etat insuffisante malgré l’urgence climatique et sociale

Le gouvernement a d’ores et déjà pris des mesures visant à protéger les plus précaires. Toutefois,  la majorité des dispositifs mis en place restent insuffisants en raison d’un manque de ciblage vers les ménages les plus modestes, et ne s’orientent pas vers des pratiques plus durables. En ne s’attaquant ni aux causes de la précarité ni à celles changement climatique, le gouvernement manque donc une occasion d’agir à court et long terme.

Nouveau gouvernement et futurs députés devront  lier systématiquement lutte contre la précarité et transition écologique sur le court comme sur le long terme. Voici nos propositions pour changer de cap et s’attaquer aux causes communes des inégalités et du changement climatique. 

3 priorités pour un prochain gouvernement à la hauteur

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Engager un plan pour accompagner la transition vers des transports durables

Les transports constituent le secteur d’activité le plus polluant en France, et l’un des postes de dépenses les plus importants des ménages. 

Soutenir les ménages les plus précaires : Un chèque mobilités

Sur le modèle du chèque énergie attribué pour compenser le prix du chauffage, le chèque mobilités serait attribué sur critères sociaux ou sur demande pour les citoyens qui n’ont pas d’alternative à la voiture, avec deux objectifs : 

  • compenser l’augmentation du prix des carburants, 
  • inciter quand cela est possible au passage à des transports moins polluants : prise en charge de l’abonnement aux transports en commun, soutien à l’achat d’un vélo, à l’autopartage, etc. 

Aider à consommer moins, et mieux : Inciter aux transports moins énergivores 

En parallèle, des mesures de sobriété sont nécessaires pour réduire l’impact des transports sur le climat. Le gouvernement doit par exemple réorienter la production automobile vers des voitures plus légères ou encore inciter à l’utilisation du train plutôt que de l’avion dès que cela est possible 

Accélérer la transition écologique : Investir dans les modes de transports peu polluants et collectifs

Le gouvernement doit investir dans les alternatives à la voiture individuelle, en investissant notamment dans le maintien et la réouverture de lignes de train, le développement des transports en commun et en augmentant le financement dédié à l’achat et à la pratique du vélo (pistes cyclables, garages à vélo, etc.). Les ménages les plus modestes dépendants la voiture doivent aussi être soutenus dans l’achat d’un véhicule électrique. 

Au niveau européen, la France devra s’engager à mettre fin à la vente des voitures neuves essence, diesel et hybrides en 2035 au plus tard et ainsi engager la bifurcation de l’industrie automobile en Europe et sur son territoire.

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Réduire les émissions de CO2 des logements en protégeant les plus précaires

12 millions de Français souffrent de ne pas pouvoir refroidir leur logement en été et ne pas le chauffer en hiver, à cause de l’augmentation des factures d’énergie et d’une mauvaise isolation. Pour lutter contre cette précarité croissante, le gouvernement doit de toute urgence lutter contre les passoires thermiques qui contribuent à faire exploser les factures.

Soutenir les ménages les plus précaires : Hausse du chèque énergie

Augmenter drastiquement le montant du chèque énergie sur la base de critères sociaux

Aider à consommer moins, et mieux : Réduire la consommation d’énergie des bâtiments publics.

En parallèle, la baisse des émissions du secteur du bâtiment passe également par une baisse de la consommation d’énergie. Pour cela, l’Etat peut par exemple s’engager à limiter le chauffage à 19°C dans les bâtiments publics. 

Accélérer la transition écologique : Lutter durablement contre les logements trop énergivores et développer massivement les énergies renouvelables

L’Etat doit enfin aider les ménages à rénover leurs logements pour mieux les isoler et réduire leur consommation d’énergie, et ce sans reste à la charge des ménages les plus modestes. Seule une politique massive de rénovations performantes réduira durablement les émissions des bâtiments et résoudra progressivement l’enjeu de la précarité énergétique. Par ailleurs, les énergies renouvelables nous permettront de sortir le plus rapidement des énergies fossiles, tout en maîtrisant les coûts.

A l’échelle de l’Union Européenne, la France a la responsabilité de défendre la même ambition, en haussant l’objectif de déploiement des énergies renouvelables à 50% d’ici 2030. 

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Rendre une alimentation saine et bonne pour le climat accessible à tous

Le système alimentaire de la France est insoutenable sur le plan social et climatique. En effet, tandis qu’entre 5,5 à 7 millions de personnes ont besoin de l’aide alimentaire pour se nourrir, l’alimentation représente 24% de l’empreinte gaz à effet de serre du pays. Des mesures publiques sont nécessaires pour fournir une alimentation saine et durable à tous les Français.

Soutenir les ménages les plus précaires : Généraliser la tarification sociale et les produits bios dans les cantines

Agir sur l’offre de repas servis par la restauration collective est un moyen efficace d’offrir une alimentation de qualité à toutes et tous. Toutefois, proposer plus de produits bios et locaux nécessite un soutien financier important de la part de l’Etat.

Ainsi, face à l’augmentation du prix de l’alimentation, il est nécessaire d’allouer un budget supplémentaire pour l’achat de produits bio à hauteur de 20 centimes par repas (soit une enveloppe totale de 540 millions d’euros sur un an). Ce coup de pouce temporaire doit s’accompagner d’une prolongation et d’un renforcement de la prime à l’investissement pour financer la formation et l’achat de matériel par les restaurants collectifs  (soit 330 millions d’euros par an pendant 3 ans).

Enfin, pour permettre à tous les ménages de profiter de la restauration collective, l’Etat doit assurer le déploiement de la tarification sociale dans les cantines sur tout le territoire, via un soutien financier et un suivi approfondi de sa mise en œuvre.

Aider à consommer moins, et mieux : Informer et sensibiliser sur les bienfaits d’une alimentation moins carnée et plus végétale pour la santé et le climat

La baisse de l’empreinte carbone de notre alimentation exige de réduire notre consommation de produits d’origine animale. La viande et les produits comptent en effet pour 85% des émissions de gaz à effet de serre liées à notre alimentation au stade de la production agricole. Promouvoir une alimentation moins carnée et plus végétale est d’autant plus nécessaire que si les ménages modestes mangent grosso modo autant de viande que les ménages aisés, ils consomment 23% de légumes en moins que les ménages aisés et sont plus touchés par les maladies liées à l’alimentation (obésité, diabète de type 2, etc.).

Accélérer la transition écologique : Soutenir les élevages durables pour mieux rémunérer les éleveurs et rendre la viande de qualité plus accessible

L’Etat doit impérativement orienter les financements publics vers les modes de production agroécologiques, dont l’agriculture biologique, en particulier dans le secteur de l’élevage. Cela permet à la fois de mieux rémunérer les éleveurs en transition vers des pratiques plus durables et de rendre l’offre de viande de qualité (bio, plein air…) plus abordable. Cela passe en premier lieu par une révision de la copie du Plan Stratégique National français (application de la PAC en France, que l’Etat doit rendre d’ici juin 2022 à la Commission) intégrant notamment une augmentation des aides aux élevages bovins en pâturage.

La France, aussi attendue à l’échelle européenne

Beaucoup de ces transformations doivent être également lancées en Europe. La France qui a la Présidence du Conseil de l’Union européenne pendant encore 50 jours, a la responsabilité de faire atterrir les négociations du paquet climat européen “Fit for 55” sur des compromis ambitieux

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