Les jours passent et voient se succéder les sécheresses, incendies, disparition d’espèces, canicules et tempêtes de plus en plus violentes. Ce n’est que le début. Chaque degré supplémentaire devrait réduire de 20 % les ressources en eau. Une baisse de la production alimentaire mondiale est prévue, aggravant les famines et multipliant les conflits. Les pays du Sud sont les plus impactés alors qu’ils sont moins responsables du changement climatique et ont moins de capacité économique pour y faire face. Nous refusons de nous résigner. Chaque action compte, chaque dixième de degré compte. Rester sous 1,5°C de réchauffement global devient vital. 

Si l’inaction perdure, un scénario catastrophe est inéluctable. Mais à quoi ressemble un monde où le virage écologique et juste a réussi ?

En 2050, nous vivons dans un monde plus sain et qui a retrouvé un équilibre.

Notre alimentation est plus diversifiée avec davantage de légumineuses riches en protéines et peu consommatrices d’eau et d’engrais, plus de fruits et légumes de saison et moins de viande, de produits laitiers, de produits transformés. L’agriculture a réduit son impact sur la biodiversité et sur les milieux naturels en s’adaptant à la diminution  de la ressource en eau, en abandonnant les produits chimiques et les élevages intensifs. Le prix des productions agricoles rémunère désormais correctement les agriculteurs.

Dans un souci de sobriété, la production de biens est diminuée et orientée selon les besoins locaux, en impliquant les citoyens et citoyennes. La réorganisation des filières a été anticipée permettant des créations d’emplois et une meilleure répartition du travail. On dispose de plus de temps libre pour s’adonner à des activités diverses et profiter de ses proches.

L’expansion urbaine qui bétonnait toujours plus la nature a été stoppée et l’espace urbain a été réaménagé pour donner davantage de place à la marche, au vélo et aux transports collectifs qui fonctionnent à partir d’énergies renouvelables. Grâce à la sortie des énergies fossiles, la qualité de l’air est meilleure et les maladies respiratoires ont diminué. Des formes novatrices d’habitats collectifs se sont développées au sein de bâtiments construits à partir d’éco-matériaux locaux et adaptés au nouveau climat. Grâce à l’isolation et au rafraîchissement naturel des villes et des habitations, les « passoires énergétiques » et les “bouilloires thermiques” font à présent partie de l’histoire ancienne. 

Grâce à des politiques de réduction des inégalités, à l’échelle nationale comme internationale, mais aussi une baisse des dépenses contraintes comme le chauffage, les inégalités sociales et la pauvreté ont drastiquement reculé. La transition écologique a été portée équitablement entre les différents pays selon leur responsabilité historique et leur capacité d’action. Les politiques publiques sont co-construites avec les différents acteurs et actrices, notamment les associations citoyennes. 

Voici le monde tel qu’il pourrait être en 2050.

Aujourd’hui, des pionniers montrent la voie pour engager la transition. Des maires engagent leur commune dans une démarche Territoire à énergie positive créant ainsi de la valeur dans le territoire. Des collectifs citoyens se rassemblent pour pousser leurs élus locaux à mettre en place des pistes cyclables, des transports en commun,  davantage de bio et d’accès à des repas végétariens dans les cantines ou développer des projets citoyens d’énergie renouvelable. Ils s’opposent aussi aux projets néfastes pour le climat, qu’il s’agisse d’infrastructures routières ou d’extensions d’aéroports. Des entreprises sortent de la logique du profit à tout prix, choisissent le moins mais mieux et privilégient leurs impacts positifs pour la société, dans le respect des limites planétaires.

C’est un début de récit. Mais pour empêcher un emballement climatique, des transformations profondes des moyens de production et de consommation doivent être engagées à une vitesse jamais vue auparavant. Si le gouvernement entame un premier pas en actant 7 milliards supplémentaires pour la planification écologique en 2024, cette somme est insuffisante selon le rapport Pisani-Mahfouz et fait pâle figure à côté des 67 milliards d’euros d’argent public néfastes pour le climat dépensés en 2023. Des décisions essentielles concernant la planification écologique devront être prises en France dans les mois à venir, car chaque loi doit concourir à un virage écologique qui intègre les enjeux cruciaux de sobriété et de justice sociale. Elles doivent être accompagnées de mesures concrètes et d’une programmation pluriannuelle des financements verts en adéquation, et ce dès cet automne, pour enfin passer des effets d’annonce à l’action. 

Membres du gouvernement et parlementaires, vous avez le pouvoir et la responsabilité d’écrire et voter des lois qui vont nous permettre de garder la planète habitable pour les êtres humains et pour la biodiversité. Il est l’heure d’un sursaut démocratique pour un virage écologique et juste. Face au changement climatique, chaque degré, chaque loi comptent !