Plan d’actions climat  : Le Ministère de l’Agriculture fait du neuf avec du vieux

Le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation (MAA) vient de publier son Plan d’action climat. Pour le Réseau Action Climat, c’est une déception : ce Plan d’action climat n’est que l'agrégat des politiques actuellement en place sans rien de nouveau.

champ blé gelé 77

Le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation (MAA) vient de publier son Plan d’action climat. Le but de ce document ? Expliquer comment le MAA compte atteindre les objectifs que la Stratégie nationale bas carbone, feuille de route climat de la France, fixe pour le secteur agricole. Pour le Réseau Action Climat, c’est une déception : ce Plan d’action climat n’est que l’agrégat des politiques actuellement en place sans rien de nouveau.

En l’état, les politiques publiques ne permettront pas d’atteindre l’objectif de division par deux des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. A moins d’un an des élections présidentielles, cette étape aurait dû être l’occasion de redresser la barre en matière de résilience et de lutte contre le changement climatique. Nous avons besoin de bien plus qu’un recyclage de l’existant.

Nos ALERTES ROUGES

Certaines actions de ce Plan d’actions climat ne permettront pas de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Pire, elles risquent d’en émettre davantage et pourraient même avoir d’autres conséquences négatives :

  • Le développement de la mention valorisante Haute Valeur Environnementale (HVE) n’est pas une solution face au changement climatique car trop peu contraignant.
  • Le Label bas carbone constitue une menace car la seule méthode à ce jour appliquée pour l’agriculture (méthode Carbon Agri) ne contribue pas à l’effort climatique français et pourrait même nuire à d’autres objectifs liés à la biodiversité et à la transformation en profondeur de nos systèmes agricoles
  • Le renforcement de la logique de l’aide alimentaire et de sa dépendance vis-à-vis du don alimentaire de la part de la grande distribution et de la restauration collective notamment est une entrave à l’accès digne à l’alimentation. De plus, cet axe ne s’attaque pas au problème de la surproduction et aux autres dysfonctionnements du système agroalimentaire.
  • Le système assurantiel mis en avant par le plan d’actions implique un soutien financier à des compagnies d’assurance privées alors que cet argent public devrait servir la transformation systémique du modèle agricole.

Les GRANDS ABSENTS

Dans ce plan d’actions climat, des leviers d’actions essentiels à l’atteinte de l’objectif climat  pour le secteur agricole sont totalement absents :

Aucune progression sur les engrais azotés de synthèse

Le plan ne se dote d’aucun objectif de réduction de la consommation d’engrais azotés de synthèse, ni d’aucun outil pour suivre annuellement sa consommation. C’est pourtant le 2e poste d’émissions de Gaz à Effet de Serre de l’agriculture. Il manque pour un plan ambitieux :

  • un objectif de réduction drastique à horizon 2030 et de sortie de l’utilisation des engrais azotés de synthèse pour 2050,
  • la mise en place d’une redevance sur l’utilisation des engrais azotés de synthèse et d’une taxe aux fabricants.

Pas de mesures pour réduire les émissions de méthane

En ce qui concerne le méthane, première source d’émissions de gaz à effet de serre agricole, aucune mention n’est faite de la nécessaire mutation en profondeur de l’élevage vers le “moins et mieux” de production et de consommation de viande, devant notamment inclure :

  • un objectif de baisse du cheptel français, sans quoi de nombreuses études prouvent que nous n’avons aucune chance d’atteindre les objectifs climatiques.
  • Cette baisse devant prioritairement se faire sur les élevages industriels, cela devra passer par un arrêt le plus tôt possible des constructions et agrandissement des élevages soumis à autorisation ICPE (il s’agit du niveau correspondant aux plus gros élevages : 2000 emplacements pour les porcs de production de plus de 30kg, 40 000 emplacements pour les volailles, etc.)

Un développement de l’agro-écologie bien trop timide

Pour un vrai soutien à l’agroécologie, le MAA devrait aller bien plus loin qu’actuellement, en particulier en ce qui concerne le soutien au développement du bio :

  • En ré-instaurant l’aide au maintien à l’agriculture biologique,
  • Et en adoptant des mesures bien plus ambitieuses dans le Plan Stratégique Nationale en cours de négociation.

Pas de mesures pour la transition alimentaire

Enfin, du côté de l’alimentation :

  • Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) sont bien mis en avant, mais nous attendons surtout que l’enveloppe prévue leur soit allouée à la condition qu’ils intègrent des mesures écologiques et solidaires.
  • Aucune mention n’est faite de la nécessaire sensibilisation du grand public autour de la baisse de la consommation de produits d’origine animale et de la viande en particulier, qui pourrait passer par une campagne de communication de la part de Santé publique France. La seule chose qui est proposée est une campagne de communication sur la consommation des légumes secs, ce qui a déjà été fait par Santé publique France… en 2019.

  • L’action prévue pour la restauration publique du ministère ne mentionne aucunement le rééquilibrage des protéines.
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