Élections municipales : analyse des programmes à Toulouse

Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Toulouse, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale.

Toulouse

Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Toulouse, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale. Les engagements portés par Jean-Luc Moudenc, Antoine Maurice, Pierre Cohen et Nadia Pellefigue ont été décryptés au prisme de 10 mesures concrètes à mettre en œuvre au cours du prochain mandat à la mairie toulousaine. Résultat : Nadia Pellefigue et Antoine Maurice se détachent, alors que Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc peuvent aller plus loin.

Alors que que 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des élections municipales[1], les candidats doivent s’engager sur des mesures concrètes, à mettre en œuvre durant leur mandat. Les villes françaises sont responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre nationales[2] et Toulouse est une ville particulièrement dynamique, ce qui nécessite de penser une trajectoire ambitieuse notamment d’un point de vue des transports et de l’aménagement du territoire.

Le Réseau Action Climat propose un décryptage des programmes au prisme de 10 mesures concrètes et ambitieuses pour le climat et analyse si la mesure est soutenue ou non par chacun des quatre candidats.

Le futur maire de Toulouse devra ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre en mettant en œuvre des mesures ambitieuses en priorité dans le secteur des transports. Il est nécessaire de réduire la place des véhicules individuels par la fermeture d’axes structurants à la circulation automobile, en réalisant des zones à trafic limité et en ayant pour objectif de sortir du diesel et de l’essence, tout en développant les mobilités alternatives accessibles au plus grand nombre.

Le programme de Nadia Pellefigue (PS) se démarque car il reprend les mesures indispensables à mettre en place face à l’urgence climatique : rénovation massive des logements à un niveau de haute performance énergétique avec un travail préventif visant à  détecter les situations de précarité énergétique ; développement des transports en commun avec un principe de tarification solidaire et une proposition intéressante pour que les travaux publics utilisent des matériaux réemployés. La liste de l’Archipel Citoyen propose aussi un certain nombre de mesures structurantes, notamment pour le développement des transports en commun et du vélo, et soutient une mesure pertinente pour le développement de l’habitat participatif, mesure importante pour lutter contre l’étalement urbain. Pierre Cohen (GénérationS) et Jean-Luc Moudenc (Les Républicains) dénotent en proposant tous les deux des programmes flous dans les objectifs et pas assez ambitieux notamment sur les questions de la production et de la maitrise de l’énergie ainsi que sur l’agriculture et sur l’alimentation durables. Alors que la mobilité reste l’enjeu climatique principal pour la ville de Toulouse, Jean-Luc Moudenc fait fausse route en proposant de développer le stationnement et donc de favoriser la voiture individuelle.

Ces mesures ne forment qu’un socle minimal d’actions à mettre en œuvre : pour faire face à l’urgence climatique et sociale, les futurs élus devront aller plus loin et adapter leurs politiques aux enjeux locaux. Les citoyens mobilisés partout en France se rendront dans la rue le 14 mars pour la Marche du Climat pour rappeler, à la veille du premier tour, qu’ils exigent des mesures fortes et qu’ils suivront les engagements des candidats, pour qu’au- delà de la parole, la lutte pour le dérèglement climatique se traduise en actes.

Si les candidats souhaitent préciser leurs programmes ou certaines propositions, le Réseau Action Climat publiera une mise à jour de son décryptage le lundi 9 mars.

[1] (novembre 2019, Elabe-Veolia)
[2] https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-07/20180704_Etude-defi-climatique-villes.pdf

Mise à jour du 9 mars 2020

La liste de l’Archipel Citoyen portée par Antoine Maurice a été mise à jour en incluant un moratoire immédiat sur le développement des zones commerciales de périphérie dans notre métropole, mais aussi en accompagnant la structuration d’une filière agricole durable en passant des contrats avec les agriculteurs biologiques notamment pour la restauration collective, les marchés et les épiceries de la ville. De même, la liste propose de nombreux plans de développement des énergies renouvelables (réseau de chaleur, solaire thermique, photovoltaïque) incluant les citoyens. Néanmoins, le programme devra préciser la mesure sur la rénovation énergétique des logements pour inclure 10 % des logements de la ville, et devra aussi rehausser l’ambition pour limiter la place des véhicules polluants en incluant l’objectif d’une sortie du diesel d’ici à 2025 et de l’essence d’ici à 2030. Le programme de GénérationS porté par Pierre Cohen a aussi apporté des précisions à son programme en s’engageant « pour la sortie des véhicules diesel en 2025 et des véhicules essence 2030, au moyen de la mise en place d’une ZFE » et en précisant la politique de développement du vélo qui inclura non seulement le développement de pistes cyclables mais aussi des aides à l’achat, des infrastructures de stationnement etc. De plus, les précisions apportées sur le développement de la filière agricole durable ciblent en priorité les producteurs biologiques. Néanmoins, des précisions manquent pour avoir un engagement clair pour un moratoire sur l’installation et l’extension des grandes surfaces ; mais aussi concernant le développement des énergies renouvelables. En effet, les précisions ne permettent pas d’établir clairement comment sera menée la transition énergétique et quelles sont les modalités pour « une nouvelle et forte orientation sur l’enjeu des nouvelles énergies alternatives « . Il en va de même pour les précisions sur les cantines saines pour le climat où l’engagement pour deux repas végétariens n’est pas clair, ainsi que pour le moratoire pour les grandes surfaces ou pour l’objectif d’ »engager une réduction sérieuse de la publicité numérique  » qui nécessite d’être précisé. Enfin, la liste des Républicains soutenue par La République en Marche et menée par Jean-Luc Moudenc a aussi précisé son ambition en spécifiant notamment que la rénovation énergétique des logements atteindrait les 10 % nécessaire à une trajectoire ambitieuse et en ciblant en priorité les ménages précaires. Les précisions apportées quant au développement des énergies renouvelables en « renforçant l’inclusion des citoyens dans l’actionnariat des projets photovoltaïques » ainsi que l’engagement de soutenir l’installation et le développement d’une agriculture durable et locale ont permis de revoir à la hausse ces deux mesures. Néanmoins, le programme devrait aller plus loin pour élargir la tarification solidaire des transports en commun, pour inclure la sortie du diesel et de l’essence dans le programme de ZFE, mais aussi sur les questions de restauration collective plus saine et durable pour inclure deux repas végétariens par semaine, ou une alternative végétarienne quotidienne. Enfin, l’engagement « nous incitons au maximum le recours au renouvellement urbain, contre l’artificialisation des terres » ne permet pas d’établir clairement la volonté de se positionner pour un moratoire pour l’extension ou l’installation des grandes surfaces.

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Pierre Cohen – Generations

Le programme de Pierre Cohen présente quelques propositions intéressantes sur la mise en place de régies agricoles municipales, le soutien aux initiatives de coopératives de production d’énergie renouvelable, ou l’instauration de référendums locaux sur les grands projets urbains. Néanmoins, chacune de ces propositions mériterait d’être développée : le plan vélo doit être élargi pour inclure les question de stationnement et d’accès au vélo, les objectifs de rénovation énergétique des logements devraient être précisés pour permettre de rénover en haute performance énergétique 10 % des logements anciens. La mesure sur les déchets destinée à  “améliorer la collecte des déchets recyclables” doit aussi être explicitée. Enfin, le programme ne fait pas mention de la nécessaire mise en place d’une Zone à Faibles Émissions, ni de la sortie du diesel, mesures pourtant incontournables pour réduire la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre.

Pierre Cohen a précisé ses engagements ici.

Antoine Maurice – Europe Ecologie-Les Verts / La France Insoumise

La liste de l’Archipel Citoyen a co-construit un programme avec les habitants de Toulouse, proposant des mesures intéressantes notamment pour l’aménagement de la ville. Ainsi, la liste propose de favoriser l’habitat dense de qualité, notamment l’habitat participatif (logements conçus collectivement par les habitants), ce qui est une mesure intéressante pour lutter contre l’étalement urbain. Elle s’engage aussi à renégocier “l’interSCOT du Grand Bassin Toulousain pour limiter le plus possible l’étalement urbain et préserver le plus d’espaces agricoles et naturels”, tout en pensant le plan vélo à une échelle plus large au niveau de l’agglomération. Concernant la gestion des déchets, la liste privilégie une réduction et une valorisation locale des biodéchets, notamment au profit d’une agriculture locale qui serait développée à travers un schéma agricole régional . Néanmoins, le programme devrait être précisé, par exemple lorsqu’il indique vouloir “soutenir les acteurs citoyens dans le domaine des énergies renouvelables”, ou lorsqu’il est question d’aide à l’installation des agriculteurs sans préciser de quel type de production agricole il est question.

Antoine Maurice a précisé ses engagements ici.

Jean-Luc Moudenc – Les Républicains / La République en Marche

Réalisation d’un contournement autoroutier à l’Ouest de Toulouse, construction d’échangeurs, extension des zones de stationnement, absence d’engagement sur la sortie du diesel… le programme porté par Jean-Luc Moudenc est loin d’être ambitieux pour réduire la place de la voiture individuelle, même si le candidat s’engage à “mettre en place une Zone à Faibles Émissions (ZFE) ambitieuse”, mais sans préciser son périmètre. On retrouve néanmoins un plan vélo intéressant, qui propose un objectif ”zéro discontinuité”, et un plan de développement des transports en commun qui nécessite d’être précisé notamment pour y inclure une tarification solidaire. Plus largement, le programme doit être précisé et revu à la hausse en termes d’ambition, que ce soit pour quantifier le nombre de logements à rénover en très haute performance énergétique ou développer les énergies renouvelables. Par ailleurs, même si des propositions en faveur de la gestion séparée des biodéchets sont faites, les moyens qui seront mobilisés doivent être précisés au regard du bilan du candidat, la collecte des biodéchets n’ayant pas progressé durant le dernier mandat.

Jean-Luc Moudenc a précisé ses engagements ici.

Nadia Pellefigue – Parti Socialiste / Parti communiste français

Le programme proposé par Nadia Pellefigue est ambitieux sur l’enjeu climatique et il reprend les principales mesures portées par le Réseau Action Climat : l’accès et le développement des mobilités actives, la rénovation énergétique qui cible à la fois les ménages précaires tout en maintenant une rénovation en haute performance énergétique, l’aide à l’installation maraichères qui cible en priorité l’agriculture biologique, la mise en place d’une Zone à Faibles Emissions avec une sortie des véhicules diesel d’ici à la fin du mandat et des véhicules essence d’ici à 2030, la suppression de l’affichage lumineux, l’engagement d’un objectif zéro artificialisation nette des sols etc. On retrouve par ailleurs une mesure intéressante concernant le BTP, qui prévoit de développer l’économie circulaire en utilisant des matériaux réemployés dans les travaux publics et les projets de construction.

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