Élections municipales : analyse des programmes à Strasbourg
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Strasbourg, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale.
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Strasbourg, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale. Les engagements portés par Jeanne Barseghian, Alain Fontanel, Catherine Trautmann et Jean-Philippe Vetter ont été décryptés au prisme de 10 mesures concrètes à mettre en œuvre au cours du prochain mandat à la mairie strasbourgeoise. Résultat : Jeanne Barseghian se détache, alors que Alain Fontanel et Catherine Trautmann peuvent aller plus loin, et Jean-Philippe Vetter est à la traine.
Alors que que 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des élections municipales[1], les candidats à l’élection doivent s’engager sur des mesures concrètes, à mettre en œuvre durant leur mandat. Les villes françaises sont responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre nationales[2] et la ville de Strasbourg, du fait de sa situation frontalière, doit aller plus loin dans sa politique de mobilité.
Le Réseau Action Climat propose un décryptage des programmes au prisme de 10 mesures concrètes et ambitieuses pour le climat et analyse si la mesure est soutenue ou non par chacun des quatre candidats.
Le futur maire de Strasbourg devra réduire les émissions de gaz à effet de serre en mettant en œuvre des mesures ambitieuses en priorité dans le secteur des transports. Alors que sur le territoire, 52 % des déplacements de 1 à 3 km sont encore effectués en voiture, il est urgent que la ville accompagne les citoyens pour développer les mobilités alternatives, en particulier pour les plus précaires. Les candidats devront aussi se positionner contre le projet autoroutier de Grand Contournement Ouest, aberration écologique à l’heure où l’on doit impérativement réduire la place de la voiture.
Notre analyse met en lumière un manque d’engagements sur la question des transports, puisque seule Jeanne Barseghian d’Europe Ecologie-Les-Verts et Catherine Trautmann (PS) se positionnent en faveur d’une zone à faibles émissions qui soit ambitieuse. Sur la question du développement du vélo, Strasbourg est certes en avance par rapport à d’autres grandes villes, néanmoins, aucun candidat ne porte de propositions suffisamment ambitieuses afin de poursuivre son développement, notamment concernant le renforcement de la politique de stationnement sécurisé. Jean-Philippe Vetter des Républicains fait par ailleurs une proposition à contre-sens en promettant de développer l’accès aux parkings, favorisant de ce fait la voiture individuelle. Si Catherine Trautmann et Jeanne Barseghian se démarquent en proposant de développer les énergies renouvelables, la candidate EELV est la seule à se positionner pour soutenir les conversions agricoles en biologiques, à prôner une restauration collective davantage végétarienne et à s’engager à mettre en place, dans le secteur des déchets, une tarification incitative et un plan de sortie de l’incinération. A l’inverse, Alain Fontanel, Jean-Philippe Vetter et Catherine Trautmann ne proposent pas de mesures suffisantes pour une agriculture et une alimentation durable. Enfin, si Alain Fontanel est le seul à soutenir un moratoire sur l’extension de zones commerciales périphériques, aucun des candidats ne s’engage de manière suffisante en faveur de la rénovation des logements ainsi que pour limiter la place de la publicité.
Ces mesures ne forment qu’un socle minimal d’actions à mettre en œuvre : pour faire face à l’urgence climatique et sociale, les futurs élus devront aller plus loin et adapter leurs politiques aux enjeux locaux. Les citoyens mobilisés partout en France se rendront dans la rue le 14 mars pour la Marche du Climat pour rappeler, à la veille du premier tour, qu’ils exigent des mesures fortes et qu’ils suivront les engagements des candidats, pour qu’au- delà de la parole, la lutte pour le dérèglement climatique se traduise en actes.
Si les candidats souhaitent préciser leurs programmes ou certaines propositions, le Réseau Action Climat publiera une mise à jour de son décryptage le lundi 9 mars.
[1] (novembre 2019, Elabe-Veolia)
[2] https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-07/20180704_Etude-defi-climatique-villes.pdf
Jeanne Barseghian – Europe Ecologie-Les Verts
Le programme de la candidate Jeanne Barseghian propose de nombreuses mesures pour agir sur les enjeux écologiques et sociaux. Sur la question des transports, la mise en place de la Zone Faibles Émissions et la fin du diesel en 2025 sont accompagnées d’une prime pour ceux qui abandonnent leurs voitures individuelles, mesure nécessaire pour favoriser l’accès à de solutions alternatives au plus grand nombre. La candidate propose également l’extension du réseau de tramway avec une tarification sociale et solidaire. Enfin le programme met l’accent sur une politique de sobriété afin d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables en 2050, et le soutien à l’agriculture de proximité en ciblant en priorité l’agriculture biologique. La candidate se positionne fortement en faveur de la réduction des déchets et contre une politique massive d’incinération, grâce à la collecte des biodéchets et à la tarification incitative. Néanmoins, aucune mention n’est faite concernant le moratoire pour l’installation ou l’extension de grandes surfaces, ni sur la limitation de la publicité dans l’espace public.
Alain Fontanel – La République en Marche
Le programme d’Alain Fontanel est insuffisant sur les questions de transition climatique juste et plusieurs incohérences apparaissent. Sur la question des transports, s’il présente des mesures pertinentes pour le développement des transports en commun avec une tarification solidaire et la multiplication des arrêts, il ne s’engage pas clairement sur la mise en place d’une Zone à Faibles Émissions et la sortie du diesel. De même, sur les mesures pour une alimentation saine et durable, le candidat souhaite développer l’agriculture locale en sanctuarisant les terres agricoles et en approvisionnant les cantines en 100 % biologiques, ce qui va dans le bon sens mais ne tient pas compte de la nécessité de faire évoluer les modes alimentaires vers une alimentation moins carnée donc, de développer les repas végétariens dans la restauration collective. Si aucune mention n’est faite du développement des énergies renouvelables, Alain Fontanel est le seul candidat de Strasbourg à s’engager sur “un moratoire sur les extensions de zones commerciales périphériques”. Enfin, la généralisation du compostage collectif et une expérimentation de la collecte des biodéchets révèle une appropriation intéressante de cette mesure, qui mériterait cependant d’être développée.
Catherine Trautmann – Parti Socialiste
Le programme de Catherine Trautmann propose des mesures intéressantes pour le climat, notamment sur la question des transports et des déchets. La candidate soutient la mise en place d’une Zone à Faibles Émissions avec la sortie du diesel, combinée à un accompagnement social. soutient aussi la mise en place de la tarification incitative pour réduire les déchets à la source. Néanmoins, de nombreuses mesures doivent être précisées : il faudrait préciser les modalités pour “engager un ambitieux plan de rénovation thermique des bâtiments publics et privés” ; les repas des cantines scolaires devraient être certes bio et locaux mais surtout proposer des alternatives végétariennes ; les aides pour une conversion écologique des pratiques agricoles doivent faciliter l‘installation de nouveaux agriculteurs et leur proposer des débouchés ; et le plan vélo proposé doit aussi développer les stationnements et proposer des aides à l’accès via des aides à l’achat ou de l’a location. Enfin, il existe deux mesures absentes du programme et qui pourtant, auraient un effet bénéfique pour le climat : la limitation de la publicité dans l’espace publique et l’instauration d’un moratoire sur l’installation et l’extension des grandes surfaces.
Jean-Philippe Vetter – Les Républicains
Le programme du candidat Jean-Philippe Vetter manque d’ambition et de précision sur les enjeux de transition climatique juste. Sur la question des transports, le candidat ne propose aucune mesure pour réduire la place des véhicules polluants. Pire, il s’engage à construire un nouveau parking souterrain en centre ville, ce qui développera les trajets en voiture individuelle. Il serait important de développer les mobilités alternatives, mais le programme reste très vague sur ce sujet : la liste s’engage ainsi à “développer la continuité et la sécurisation des pistes cyclables” sans préciser comment. La rénovation des logements n’est pas mentionnée, tout comme le développement d’une agriculture locale durable, ou la limitation de l’étalement urbain. La généralisation du compostage est à relever, même si cette mesure reste à préciser.
-
-
-
-
Suivez les actualités du réseau
Abonnez-vous à la newsletter du Réseau Action Climat.