Élections municipales : analyse des programmes à Lyon
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la métropole de Lyon, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale.
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la métropole de Lyon, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale. Les engagements portés par Gérard Collomb, Bruno Bernard, David Kimelfeld et François-Noël Buffet ont été décryptés au prisme de 10 mesures concrètes à mettre en œuvre au cours du prochain mandat. Résultat : Bruno Bernard se détache tandis que David Kimelfeld et Gérard Collomb peuvent mieux faire, François-Noël Buffet n’ayant toujours pas sorti son programme.
Alors que que 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des élections municipales[1], les candidats doivent s’engager sur des mesures concrètes, à mettre en œuvre durant leur mandat. Les villes françaises sont responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre nationales, et la métropole de Lyon est une des collectivités les plus émettrices de gaz à effet de serre[2]. Les candidats doivent prendre des engagements forts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et adapter ce territoire à la crise climatique. Cette échéance est d’autant plus importante que l’élection lyonnaise se distingue du reste de la France puisque les élus du Grand Lyon sont élus au suffrage universel direct le même jour que les élections municipales.
Le Réseau Action Climat propose un décryptage des programmes au prisme de 10 mesures concrètes et ambitieuses pour le climat et analyse si la mesure est soutenue ou non par chacun des quatre candidats. Les futurs élus devront ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre en mettant en œuvre des mesures ambitieuses en priorité dans le secteur des transports, puisque les transports routiers représentent 20 % des émissions de gaz à effet de serre de la métropole[3]. Pour cela, les candidats doivent s’engager à mettre en place une zone à faibles émissions, à faciliter l’intermodalité sur le territoire et s’opposer à l’Anneau des Sciences.
Sur les trois programmes publics parmi les 4 candidats identifiés, le programme de Bruno Bernard d’Europe Ecologie-Les-Verts se distingue sur l’enjeu climatique : il tient compte des enjeux de transition du secteur des transports, de l’agriculture et des déchets, et va même plus loin en proposant de développer la coopération avec les territoires voisins pour réguler la densification. Si aucun des candidats décryptés n’est suffisamment ambitieux en ce qui concerne le développement des énergies renouvelables, le dissident David Kimelfeld propose une mesure intéressante pour la restauration collective, en s’adressant aux écoles mais aussi aux EHPAD. Le point noir reste la question des infrastructures liées aux transports : David Kimelfeld cherche à développer la zone de l’aéroport, et Gérard Collomb de La République en Marche soutient l’Anneau des Sciences. Par ailleurs, le programme de Gérard Collomb ne propose aucun objectif chiffré concernant la rénovation énergétique des logements ni des pistes d’amélioration de la zone à faibles émissions. L’absence de programme public pour François-Noël Buffet des Républicains à deux semaines des élections n’a pas permis son évaluation.
Ces mesures ne forment qu’un socle minimal d’actions à mettre en œuvre : pour faire face à l’urgence climatique et sociale, les futurs élus devront aller plus loin et adapter leurs politiques aux enjeux locaux. Les citoyens mobilisés partout en France se rendront dans la rue le 14 mars pour la Marche du Climat pour rappeler, à la veille du premier tour, qu’ils exigent des mesures fortes et qu’ils suivront les engagements des candidats, pour qu’au delà de la parole, la lutte pour le dérèglement climatique se traduise en actes.
Si les candidats souhaitent préciser leurs programmes ou certaines propositions, le Réseau Action Climat publiera une mise à jour de son décryptage le lundi 9 mars.
[1] (novembre 2019, Elabe-Veolia)
[2] https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-07/20180704_Etude-defi-climatique-villes.pdf
[3] https://reseauactionclimat.org/classement-lutte-pollution-air/
Mise à jour du 9 mars 2020
Le programme de François-Noël Buffet, tête de liste Les Républicains pour la Métropole de Lyon, est publié et a permis de mettre en avant l’absence d’intégration de mesures ambitieuses pour le climat. S’il porte des mesures permettant d’appliquer à la source le tri des biodéchets et de réduire les déchets incinérés, le reste du programme devrait être précisé. En effet, sur la question des transports en commun, le programme devrait inclure une tarification solidaire pour permettre l’accès de ces transports aux plus démunis, tandis que le plan vélo doit être développé et précisé pour inclure les différentes infrastructures nécessaires (stationnements etc.) mais aussi des aides pour accéder aux vélos (aide à l’achat, location courte et longue durée etc.). Par ailleurs, si le programme mentionne l’objectif de « favoriser le développement des énergies renouvelables », cette mesure doit être précisée. Enfin, aucune mention n’est faite d’un plan de rénovation performante des logements en ciblant les ménages en situation de précarité, de même qu’il n’est pas fait mention de rendre la restauration collective plus végétarienne, biologique et locale, aucun plan pour aider à la structuration de la filière agricole durable n’est mentionné, ni aucune mention sur la réduction de la publicité ou sur un moratoire pour l’installation et l’extension de grandes surfaces. Par ailleurs, le candidat soutient le projet d’Anneau des Sciences, projet néfaste pour le climat.
Bruno Bernard – Europe Ecologie-Les Verts
Les écologistes de la Métropole de Lyon proposent un programme assez complet face à l’urgence climatique, notamment sur la question des transports : développement d’une Zone à Faibles Émissions ambitieuse, mise en place d’un plan vélo comprenant un nouveau service de vélos en location longue durée, soutien à l’essor des transports en commun avec instauration d’une tarification solidaire. Concernant l’aménagement du territoire, un engagement est pris à l’encontre de l’établissement de nouvelles grandes surfaces. Il est également proposé de développer une logique de coopération avec les territoires voisins pour réguler la densification et lutter contre l’étalement urbain. Néanmoins, sur les questions d’énergie renouvelables et de maitrise de la consommation d’énergie, Bruno Bernard devra préciser les modalités pour parvenir à respecter « la trajectoire NégaWatt », tout en augmentant la part de bâtiments rénovés à 10%, contre une part actuelle de 8,6%.
François-Noël Buffet – Les Républicains
A deux semaines des élections, le programme des Républicains n’est pas rendu public. Nous attendons leur programme pour pouvoir le décrypter.
Gérard Collomb – La République en Marche
Gérard Collomb présente un programme relativement succinct sur le climat et contenant très peu d’objectifs chiffrés. Si la rénovation énergétique des logements, le maillage des pistes cyclables sur tout le territoire ainsi que le lancement d’un “grand plan pour multiplier par cinq le solaire photovoltaïque pendant le mandat » sont inscrits dans le programme, il n’y a aucune précision sur les modalités et les moyens de mise en œuvre . La liste menée par Gérard Collomb manque également d’ambition concernant les transports durables : en effet, aucun engagement n’est pris pour réduire la place des véhicules polluants et le candidat soutient par ailleurs le projet néfaste à l’environnement qu’est l’Anneau Des Sciences. Enfin, les mesures portants sur l’alimentation saine et durables doivent être étendues afin de proposer des alternatives végétariennes quotidiennes ou deux repas végétariens par semaine.
David Kimelfeld – Dissident La République en Marche
David Kimelfeld a développé un ensemble de propositions intéressantes dans son programme notamment en faveur de mobilités durables et justes socialement, en proposant, pour les transports en commun, une tarification solidaire adaptée à différentes situations sociales, mais aussi en se positionnant contre le projet d’Anneaux Des Sciences. Néanmoins, le candidat ne s’engage pas sur la sortie du diesel et propose de faire de la plaine de St-Exupéry un pôle d’attractivité internationale autour de l’aéroport. Par ailleurs, si David Kimelfeld propose un programme compatible avec le climat pour tous les restaurants collectifs de la Métropole (collèges, EHPAD…), d’autres enjeux sont absents de son programme tels que la nécessaire réduction de la place de la publicité dans l’espace public ou encore l’instauration d’un moratoire sur toute ouverture ou extension de grandes surfaces.
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