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Élections municipales : analyse des programmes à Lille

Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Lille, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale.

Lille

Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Lille, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale. Les engagements portés par Martine Aubry, Stéphane Baly, Marc-Philippe Daubresse et Violette Spillebout ont été décryptés au prisme de 10 mesures concrètes à mettre en œuvre au cours du prochain mandat à la mairie lilloise.  Résultat : Stéphane Baly se détache, alors que Martine Aubry et Violette Spillebout peuvent aller plus loin et que Marc-Philippe Daubresse est à la traine.

Alors que que 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des élections municipales[1], les candidats doivent s’engager sur des mesures concrètes, à mettre en œuvre durant leur mandat. Les villes françaises sont responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre nationales, et la métropole européenne de Lille est une des villes les plus émissives[2].

Le Réseau Action Climat propose un décryptage des programmes au prisme de 10 mesures concrètes et ambitieuses pour le climat et analyse si la mesure est soutenue ou non par chacun des quatre candidats.

Le futur maire de Lille devra ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre en mettant en œuvre des mesures ambitieuses dans les secteurs du bâtiment et des transports. Il est urgent de réduire les consommations énergétiques par un plan de massification de la rénovation énergétique très performante et en y intégrant des énergies renouvelables. Par ailleurs, le futur élu devra renforcer les politiques liées au vélo et diminuer la place des voitures individuelles en développant notamment une zone à faibles émissions, puisque la part de la voiture dans les déplacements reste prépondérante à Lille (56 %)[3].

Notre analyse met en avant de grandes différences entre les candidats. Stéphane Baly d’Europe Ecologie-Les-Verts se démarque par des mesures ambitieuses en faveur du climat, notamment pour réduire la place des véhicules polluants, en proposant par exemple la sortie du diesel en 2025, un plan pour limiter la place des SUV, et en planifiant une trajectoire 100% énergie renouvelable. Martine Aubry (Parti Socialiste et alliés) et Violette Spillebout (La République en Marche) ont aussi intégré plusieurs mesures concrètes pour des transports en commun solidaires, à l’inverse des mesures proposées par Marc-Philippe Daubresse (Les Républicains) qui manquent de précision puisqu’il parle de “développer les mobilités douces”, sans préciser comment, où et pour qui. Alors que Martine Aubry se démarque en proposant de rénover 10 % des logements dont 1/4 de logements sociaux, son programme, celui de Marc-Philippe Daubresse et de Violette Spillebout ne prennent pas ou peu en compte l’enjeu de la structuration des filières paysannes et biologiques, de la lutte contre les grands projets inutiles et de la place de la publicité dans l’espace public.

Ces mesures ne forment qu’un socle minimal d’actions à mettre en œuvre : pour faire face à l’urgence climatique et sociale, les futurs élus devront aller plus loin et adapter leurs politiques aux enjeux locaux. Les citoyens mobilisés partout en France se rendront dans la rue le 14 mars pour la Marche du Climat pour rappeler, à la veille du premier tour, qu’ils exigent des mesures fortes et qu’ils suivront les engagements des candidats, pour qu’au delà de la parole, la lutte pour le dérèglement climatique se traduise en actes.

Si les candidats souhaitent préciser leurs programmes ou certaines propositions, le Réseau Action Climat publiera une mise à jour de son décryptage le lundi 9 mars.

[1] (novembre 2019, Elabe-Veolia)
[2] https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-07/20180704_Etude-defi-climatique-villes.pdf
[3] https://reseauactionclimat.org/classement-lutte-pollution-air/

Mise à jour du 9 mars 2020

La liste des Républicains à Lille a précisé un certain nombre des mesures sur lesquelles elle s’engageait pour les municipales, via les engagements pris au travers du Pacte pour la Transition. La liste s’engage ainsi à une politique de rénovation énergétique performante de 10 % des logements, à développer les énergies renouvelables pour devenir un territoire à énergies positive et à proscrire les écrans publicitaires numériques. Néanmoins, le programme manque des précisions concernant le développement du vélo pour faciliter son accès via des aides à l’achat ou de la location longue durée et le développement du stationnement ; ainsi que pour le développement des transports en commun qui doit s’accompagner d’une tarification solidaire. De même, la mise en place d’une ZFE ne s’accompagne pas d’une sortie claire du diesel et de l’essence avant 2030. Sur les questions d’agriculture et alimentation compatibles avec l’urgence climatique, les engagements ne sont pas précis sur l’enjeu de passer à deux repas végétariens par semaine ou à une alternative quotidienne, tandis que le projet alimentaire territoriale ne privilégie pas en priorité les modes d’agriculture durables. Enfin, l’engagement de « dissuader l’installation de grandes surfaces » devrait être précisé pour qu’il s’agisse d’un engagement politique clair pour un moratoire.

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Martine Aubry – Parti Socialiste

Dans son programme, Martine Aubry  met l’accent sur la question du transport et de la rénovation des logements. Si elle trace les lignes d’un plan vélo d’ampleur intégrant un volet sensibilisation, le développement d’infrastructures et des services comme des bourses aux vélos, des ateliers de réparation ou des stations de gonflement, elle ne se positionne pas de manière ambitieuse sur, la réduction de la place des véhicules polluants incluant une interdiction des véhicules diesel. Par ailleurs, une mesure intéressante est formulée sur l’aménagement du territoire : intégrer l’impératif climatique dans toutes les opérations via le plan local d’urbanisme en imposant l’intégration de de la sobriété énergétique , l’utilisation de matériaux biosourcés et recyclés etc. On remarque en revanche l’absence de mesure pour soutenir la structuration de la filière agricole durable, par une aide à l’installation des agriculteurs en biologique et un soutien à la distribution de ces produits. Enfin, aucune mention n’est faite concernant le moratoire pour l’installation ou l’extension de grandes surfaces, ni sur la limitation de la publicité dans l’espace public.

Stéphane Baly – Europe Ecologie-Les Verts

La liste Europe-Ecologie Les Verts menée par Stéphane Baly propose un programme climat assez complet, notamment sur la question des transports, comprenant une Zone à Faibles Émissions ambitieuse intégrant la fin du diesel dès 2026 à Lille et dans 11 autres communes ainsi qu’une proposition visant à interdire les véhicules SUV d’ici 2025. Stéphane Baly s’engage aussi à développer les énergies renouvelables via un plan de couverture solaire des grandes toitures par exemple, mais aussi par des contrats de coopération avec les territoires ruraux régionaux. La liste aborde aussi la problématique du numérique sobre et éthique, thème très peu repris par d’autres candidats. Par ailleurs, il s’agit du seul candidat lillois à se positionner pour un moratoire sur l’installation ou l’extension de grandes surfaces, et sur l’interdiction des écrans publicitaires numériques. Sur la rénovation énergétique des logements, le programme mériterait de poser un objectif en termes de nombre de rénovations et du niveau de performance énergétique visés.

Marc-Philippe Daubresse – Les Républicains

Le programme de la liste Les Républicains menée par Marc-Philippe Daubresse contient des propositions vagues en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il mentionne ainsi une « révision complète du plan de circulation en concertation avec les commerçants de la ville », une « accélération du développement de la mobilité douce », la volonté de « lutter contre le gaspillage énergétique grâce à la rénovation des passoires thermiques et des courées. » Le candidat doit donc préciser les mesures de mise en œuvre qui sont prévues car les engagements pris pour le moment ne permettent pas de répondre à l’urgence climatique et sociale. Enfin, aucune mention n’est faite concernant le moratoire pour l’installation ou l’extension de grandes surfaces, ni sur la limitation de la publicité dans l’espace public.

Marc-Philippe Daubresse a précisé ses engagements ici.

Violette Spillebout – La République en Marche

Le programme de Violette Spillebout propose des mesures intéressantes pour la restauration collective durable avec des menus végétariens, biologiques et locaux dans une cantine gratuite, mais ne tient pas compte de l’avenir de la filière agricole en ne proposant aucune aide à l’installation ou à la diffusion des produits biologiques et locaux. La liste La République en Marche appuie aussi la mise en place d’une Zone à Faibles Émissions avec une sortie du diesel d’ici à 2026 et de l’essence d’ici à 2035 ; tout en proposant un plan de développement des transports en commun intégrant la gratuité pour les -26 ans et les +65 ans. Des mesures supplémentaires en faveur du vélo doivent être développées, notamment pour faciliter l’accès à ce mode de déplacement. Sur les questions de rénovation énergétique des logements et de développement des énergies renouvelables, des précisions doivent être apportées sur le nombre de logements concernés et sur les moyens concrets qui seront mis en œuvre pour mener un “effort significatif dans le développement des énergies renouvelables ». Enfin, aucune mention n’est faite concernant le moratoire pour l’installation ou l’extension de grandes surfaces, ni sur la limitation de la publicité dans l’espace public.

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