Municipales : exigeons une alimentation végétale, biologique et locale

Chaque mois jusqu’aux élections municipales, la campagne Alternatives Territoriales met en avant une thématique centrale pour réduire les gaz à effet de serre à l'échelle des communes. Ce mois-ci, l'objectif est de mettre en place une politique locale sur l'agriculture et l’alimentation plus végétale, biologique et locale.

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Agriculture, alimentation et climat : les enjeux d’une politique locale cohérente

L’alimentation des Français émet chaque année 163,3 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt eq CO2), soit 24 % de l’empreinte carbone des ménages en France. Face à ce constat, plusieurs études prospectives convergent pour dire qu’il faut instaurer un objectif de division par deux des émissions de gaz à effet de serre agricoles. Comment faire ?

Une alimentation plus végétale

D’après le Haut Conseil pour le Climat, le secteur de l’agriculture est responsable de 19% des émissions de gaz à effet de serre en France, dont 48% proviennent de l’élevage. Ainsi le GIEC explique que manger moins de viande serait le moyen le plus efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole. Lutter contre le dérèglement climatique passe donc en premier lieu par un changement de nos habitudes de consommations vers une alimentation plus végétale : moins de viande et de produits laitiers, plus de légumes secs et de céréales complètes. Les économies réalisées par la diminution des produits animaux permet en particulier de rediriger ses achats vers une meilleure qualité. 

Une agriculture biologique, de saison et locale

L’augmentation de l’agriculture biologique participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre car son cahier des charges interdit l’utilisation de produits de chimiques comme les pesticides et les engrais azotés – dont la production et l’importation sont très émettrices. Par ailleurs, les pratiques privilégiées en agriculture biologique (culture de légumineuses, élevage à l’herbe, etc.) diminuent les émissions de gaz à effet de serre et entraînent un meilleur stockage du carbone dans les sols grâce en particulier à la préservation et au développement des prairies permanentes et des haies et à la diminution des importations de soja. Si l’on rapporte les calculs par hectare, l’agriculture biologique est ainsi systématiquement moins émissive de gaz à effet de serre que l’agriculture conventionnelle.

Le respect des saisons et le développement et l’optimisation de circuits courts (magasins de producteurs, AMAP, carrés bio local dans les marchés de plein air, épiceries solidaires, etc.) participent également à un système alimentaire territorial aux nombreux co-bénéfices pour l’environnement, l’économie locale et l’accessibilité de tous à une alimentation de qualité. 

Un système plus résilient

L’agriculture est le secteur le plus impacté par le dérèglement climatique (sécheresses, inondations, canicules, etc.). Il est donc important de construire des systèmes agricoles et alimentaires résilients. Or, les modes de production agricole les plus respectueux de l’environnement sont en général les plus résilients (agriculture biologique, agroforesterie, etc.).

Pour une agriculture et une alimentation compatibles avec l’urgence climatique, les communes doivent favoriser la mise en place d’un régime moins carné, basé sur des produits biologiques, peu transformés et de saison en valorisant des circuits courts. Cette transition doit permettre un accès à tous à une alimentation de qualité, et en particulier auprès des populations les plus fragiles (femmes, enfants, population précaire).

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La réponse possible : que peut faire ma commune ?

Les communes et les intercommunalités ont plusieurs leviers pour agir sur les questions d’agriculture et d’alimentation :

  • les mairies et intercommunalités ont la charge de la restauration collective de leurs employés, mais aussi des écoles primaires. Il faut d’ores et déjà remarquer que cela doit s’accompagner d’une formation des cuisiniers et du personnel de cantine à l’introduction de ces nouvelles pratiques alimentaires.
  • les intercommunalités décident de l’urbanisation des territoires via le Plan Local d’Urbanisme (PLU/ PLUI) et le Schéma de Cohérence Territorial (SCoT). Cette compétence influe directement sur la gestion des terres et du foncier en cadrant les différents aménagements du territoire.
  • les mairies peuvent réaliser des Zones Agricoles Protégées qui permettent de sécuriser la vocation agricole d’une zone.
  • les territoires peuvent aussi réaliser des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) qui doivent être conditionnés à des critères sociaux et environnementaux et être cohérents avec les plans climat locaux (PCAET). 90% des porteurs de projets alimentaires territoriaux sont des intercommunalités.

Ainsi, le Réseau Action Climat demande aux candidats et candidates aux élections municipales à s’engager sur les mesures suivantes :

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Les exemples de communes ambitieuses

A Lille (Nord – 232 440 hab.), qui sert plus de 14 000 repas par jour dans ses écoles primaires, des élu·es ont organisé des séances de co-construction des menus directement avec les enfants. La mairie a également mis en place des pesées d’assiette (restes alimentaires) par les enfants à la fin de leur repas pour sensibiliser sur le gaspillage, notamment pour les plats à base de viande ou de poisson. Ils ont pu constater une économie d’environ 30 centimes par repas. Fort de ce succès, la ville a décidé de mettre en place un second menu végétarien chaque semaine.

Lons-le-Saunier (Jura – 17.000 habitants) a mis en place une cuisine centrale approvisionnée par une légumerie bio. Dans les années 90, la mairie décide d’accompagner les agriculteurs et les agricultrices vers une conversion au bio, en s’engageant à acheter une partie de leur production pour la restauration collective. Cela commence tout d’abord avec le pain, en 2001, puis la viande en 2006, et se poursuit jusqu’à présent avec les légumes, et la création d’une légumerie bio en 2015, construite en face du restaurant scolaire. Cette cuisine centrale peut ainsi stocker et traiter chaque jour 1,5 tonne de légumes achetés localement. Elle fournit des écoles, des centres aérés, des hôpitaux, des foyers, et une cafétéria pour ceux qui passent par là. Et ce pour des prix très abordables.

La commune de Mouans-Sartoux (Alpes Maritime – 9 668 hab.) a progressivement basculé en bio, local ou bio-équitable, jusqu’à atteindre les 100 % en 2012. Ainsi, 85 % des aliments qui composent les mille repas quotidiens (préparés dans une légumerie municipale) proviennent des six hectares dévolus au maraîchage que possède la régie agricole municipale. En plus d’un contrôle de l’approvisionnement, la commune travaille sur le recyclage des déchets alimentaires et sur le rapport aux protéines animales en proposant un repas sans viande par semaine.

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