Europe

Les plans énergie-climat des 27 Etats-membres de l’Europe sont-ils à la hauteur ?

Dans un rapport publié le 24 octobre, 14 ONG européennes, dont le Réseau Action Climat, alertent la Commission européenne sur la faiblesse des plans climat proposés par les Etats membres, en matière d’objectifs climat, d’économies d’énergies, d’énergies renouvelables, et de financements.

éoliennes
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L’analyse démontre que les plans nationaux esquissés ne proposent que des améliorations très marginales par rapport aux plans déposés en 2019, et qu’ils sont largement insuffisants pour respecter les objectifs climat européens. Par ailleurs, une dizaine de pays, dont la France, n’ont toujours pas soumis leur plan à la Commission européenne. 

L’Union européenne a sommé ses Etats membres de réviser leurs plans climat-énergie à la hausse d’ici mi-2024 pour respecter la législation européenne sur le climat qui prévoit une accélération de l’action. Ces plans réhaussés sont indispensables pour atteindre et si possible dépasser les objectifs climat que l’Europe s’est fixés.

Sur les objectifs climat, plusieurs Etats ne sont pas alignés avec les objectifs adoptés par l’Union Européenne pour 2030. Parmi les 16 pays ayant officiellement soumis leur plan à la Commission européenne, seuls 4 – Espagne, Luxembourg, Estonie et Lituanie – ont à la fois fixé des objectifs cohérents avec l’ambition européenne et prévu des moyens suffisants pour leur mise en œuvre réelle. Aucun des plans n’est actuellement aligné avec l’objectif de limiter le réchauffement en deçà d’1,5°C. Par ailleurs, ils sont nombreux à se reposer fortement sur des choix technologiques peu fiables et indisponibles à court terme, comme la captation et séquestration du carbone et le nucléaire, pour atteindre leurs objectifs climat.

Sur les énergies renouvelables, la législation européenne prévoit de produire entre 42,5% et 45% de sa consommation d’énergie à partir d’énergies renouvelables en 2030. Malheureusement, plusieurs Etats se fixent des objectifs trop faibles pour contribuer à cet essor nécessaire des énergies renouvelables. A ce rythme, l’Europe risque de rester dépendante du charbon et du gaz plus longtemps que prévu. Alors que limiter le réchauffement climatique à 1,5°C implique que l’Europe sorte définitivement du charbon d’ici 2030, l’Italie et la Hongrie ont repoussé leur calendrier de sortie du charbon ; et d’autres – comme la Croatie, la Slovénie ou la République Tchèque – prévoient d’y rester bien au-delà de 2030. Également à rebours de la science du climat, de nombreux pays prévoient également le développement massif de nouvelles infrastructures gazières.

Sur les économies d’énergie, le compte n’y est pas non plus. La nouvelle législation européenne prévoit de réduire la consommation d’énergie de 11,7% d’ici 2030 par rapport à un scénario tendanciel mais la plupart des pays ne prévoient pas d’objectif spécifique sur l’efficacité énergétique et mettent en péril l’atteinte de l’objectif européen. C’est d’autant plus problématique que pour respecter l’Accord de Paris sur le climat, il faudrait que l’Europe aille plus loin et réduise sa consommation de 20% d’ici 2030.

Les financements alloués à ces plans climat-énergie font également défaut. Aucun plan ne prévoit de mettre fin à toutes les  subventions aux énergies fossiles, et la plupart des plans envoyés à la Commission européenne ne font pas état des subventions aux énergies fossiles existantes. Par ailleurs, les pays ne précisent pas assez leurs plans de financements pour la mise en œuvre de leurs plans climat-énergie.

Et la France dans tout ça ?

La France fait partie des retardataires n’ayant toujours pas soumis son plan à la Commission européenne. Si les contours du plan climat-énergie esquissés par le Secrétariat à la Planification Écologique (SGPE) en juillet 2023 revoient à la hausse les objectifs et l’ambition générale, par exemple en reprenant l’objectif européen de baisse de 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030, il interroge sur plusieurs points : 

  • le flou sur les politiques et mesures qui permettront de réaliser les objectifs sectoriels fixés. D’après le SGPE lui-même, il manque 50% des mesures qui permettraient d’atteindre les objectifs proposés, déjà eux-mêmes insuffisants pour rester sous 1,5°C.  
  • le plan n’est pas adossé à une trajectoire pluriannuelle de financements de la transition écologique. Pour l’instant, l’Etat a augmenté l’enveloppe allouée en 2024 mais n’offre aucune visibilité et garanties financières à plus long terme
  • en 2023, selon le Réseau Action Climat, les niches fiscales néfastes pour le climat et à la biodiversité représentent encore 67 milliards d’euros, dont environ 20 milliards pour les énergies fossiles. Elles contribuent à aggraver la crise climatique et continuent de ralentir les efforts en matière de transition écologique.

Pour en savoir plus sur l’analyse du Réseau Action Climat de la planification écologique : 

Lire le rapport sur les plans climat énergies du CAN Europe
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