Une année 2020 en trompe l’œil

Pour l’année 2020, les chiffres climat sont encore des données provisoires, mais donnent un bon aperçu des tendances dans les différents secteurs. La crise COVID, avec un arrêt brusque de nombreuses activités durant plusieurs mois, a permis une baisse malheureusement très temporaire des émissions de gaz à effet de serre.

Du fait de cette baisse conjoncturelle, la France respecte le budget carbone fixé avec une baisse drastique de ses émissions brutes de gaz à effet de serre en 2020 de quasiment -10% par rapport à 2019. Cependant, cette baisse n’était que de 2% environ entre 2018 et 2019 et sur la décennie, la moyenne était de 1,5% par an, alors que le Haut Conseil pour le Climat recommande d’atteindre au moins 3% de réduction par an à partir de 2021, puis 3,3 % à partir de 2024. Il y a de plus un fort risque de rebond, car pour réduire durablement, il est nécessaire d’effectuer des changements structurels profonds et durables, ce qui n’est pour l’instant pas le cas.

Des politiques ambitieuses nécessaires

En proportion, ce sont toujours les mêmes trois secteurs qui sont les plus émetteurs : les transports (à 29 %), l’agriculture (à 21 %) et l’industrie (à 19 %). Les transports sont le seul secteur où, outre 2020, les émissions ont augmenté depuis 1990. L’agriculture et l’industrie quant à elles ne connaissent pas de baisse assez importante et peinent à atteindre leurs objectifs. Une accélération durable de la baisse des émissions est donc nécessaire, d’autant que la France va devoir s’aligner avec le nouvel objectif européen de baisse de 55 % des émissions en 2030.

Un retard sur les énergies renouvelables et les économies d’énergie

La part d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie en 2020 est seulement de 19 %alors que la France s’était engagée au niveau européen à atteindre 23 % à cette date. La France est l’un des plus mauvais élèves au niveau européen pour l’atteinte de son objectif dans ce domaine. Même si une accélération récente est à noter avec une poursuite du développement de l’éolien, en phase avec les objectifs fixés, et une croissance plus forte du solaire et du biogaz, il s’agit maintenant de passer réellement à la vitesse supérieure.

Enfin, concernant l’objectif de baisse de la consommation d’énergie, l’année 2020 marquée par la crise sanitaire masque une trajectoire bien trop lente alors qu’il est urgent d’isoler les logements et de favoriser des modes de transport moins consommateurs d’énergie pour que les factures d’énergie des ménages n’explosent pas avec la hausse du prix des énergies.

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