Emplois

Évenement : Marché et emplois de la transition énergétique : quelles dynamiques et quels défis ?

Le 24 septembre, le Réseau Action Climat organisait avec la Caisse des Dépôts et Consignations et l'ADEME un événement pour mettre en débat les enjeux des marchés et emplois dans les filières de la transition énergétique, en s’appuyant sur l’étude annuelle de l’ADEME, dont les données 2024 ont été présentées.

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On vous résume les temps forts et principaux enseignements de cet événement.

Synthèse en 10 points clés

  1. Les marchés et l’emploi en plein essor dans les filières de la transition. Derrière les images souvent caricaturales que véhiculent l’actualité, d’une transition énergétique destructrice d’emploi, la dynamique est lancée ! Les filières de la transition énergétique sont en développement, du point de vue des marchés, des opportunités économiques, mais également sur le front de l’emploi, qui a presque triplé en 16 ans, pour atteindre 421 000 sur trois secteurs (énergies renouvelables, rénovation du bâtiment et mobilités décarbonées). C’est la première conclusion de l’étude Ademe, et la plus évidente. L’ensemble des tables-rondes du colloque a unanimement souligné cette dynamique. Selon le SGPE, et sur un périmètre plus large, la planification écologique implique 3 millions de postes à pourvoir d’ici à 2030. 
  1. Un défi : la montée en compétence et l’offre de formation pour pourvoir les 3 millions d’emplois de la transition écologique d’ici à 2030. Ce déploiement des filières d’avenir contribue au diagnostic désormais largement reconnu : la transition écologique est globalement génératrice d’emplois. Mais cela s’accompagne d’un défi majeur, celui des compétences pour les secteurs de la transition bas carbone. L’enjeu est apparu net à l’occasion de tous les focus sectoriels : pour les énergies renouvelables, le vélo, le train ou la rénovation du bâtiment. Un déficit de compétences risquerait de freiner la transition. Ce défi implique, pour paraphraser le CESE de « mobiliser » tous « les acteurs de l’emploi et du travail » : formation initiale et continue, insertion, reconversions professionnelles.
  1. Le rôle structurant de l’action publique et des financements. L’étude de l’Ademe montre, sur la durée, que l’action publique est tout à fait structurante : c’est le cas des investissements dans le ferroviaire, des évolutions de dispositifs comme Ma Prime Renov, ou du soutien aux énergies renouvelables. Les tendances de marchés et d’emplois dépendent largement des politiques publiques, ce qui rend prudemment optimiste quant à la capacité des acteurs publics et politiques à réaliser la transition.
  1. Un besoin exprimé par les acteurs : un cap clair, un cadre stable et une gouvernance constructive. Tous les acteurs économiques et sociaux engagés pour la transition demandent de la clarté et de la stabilité : cela implique une planification écologique bien comprise, inscrite dans la durée, ambitieuse et capable de porter un cap visible. Cela implique aussi que la planification s’accompagne d’espace de gouvernance et de dialogue constructifs pour évoquer les enjeux du « comment faire la transition ». Ces espaces sont encore manquants ou partiels. Ils sont aussi la clé de la durabilité de la démarche, qui requiert à la fois constance et agilité.
  2. Un rôle clé est à donner aux territoires, sur tous ces enjeux d’emploi en transition écologique. La table-ronde dédiée aux dynamiques locales a prouvé la complémentarité des échelles de l’action. L’emploi en mutation est un enjeu pour les régions comme les bassins de vie, car les actifs sont inscrits dans un territoire, car les entreprises recrutent en priorité au sein de bassins d’emplois identifiés. Mais aussi parce que les besoins et opportunités d’emplois et compétences utiles à la transition sont variables suivant les territoires. Parce que les territoires -et les collectivités en particulier- sont compétents sur ce volet. Enfin, parce que c’est possible ! Plusieurs exemples de démarches ont été présentés lors du colloque du 24 septembre, comme autant de sources d’inspiration.
  1. Une bataille culturelle à mener pour (re)valoriser les emplois de la transition écologique. Les emplois nécessaires à la décarbonation de l’économie et à la réussite de la planification écologique sont souvent peu attractifs. D’abord par déficit d’image, ce qui implique de leur redonner du sens (notamment en les resituant au centre de ce « chantier du siècle ») et de les valoriser à leur juste valeur pour la société. Ensuite, et surtout, par l’engagement de démarches concertées qui repensent la qualité des emplois et du travail dans ces secteurs-clés. La réflexion du CESE, notamment mise en perspective lors de la table-ronde de conclusion, contribue à proposer des réponses.
  1. Un enjeu français et européen : réconcilier souveraineté, emplois industriels et transition écologique. L’étude ADEME présente la balance commerciale des trois secteurs étudiés. Son déficit est clairement croissant. L’analyse des dynamiques industrielles qui le sous-tendent a fait l’objet d’une table-ronde dédiée. Sur ce plan, les inquiétudes sont fortes, notamment au regard des tendances dans certains secteurs (comme l’automobile). Mais de réels succès industriels existent dans les filières de transition (comme en France, sur l’éolien offshore), et le potentiel existe dans plusieurs branches. Ce potentiel implique des politiques coordonnées et volontaristes.
  1. Un tabou qu’il faut encore briser : le défi de la reconversion des emplois dans les secteurs polluants. Les dynamiques d’emplois dans les filières de la transition énergétique ne doivent pas masquer l’accompagnement indispensable aux secteurs à restructuration ou reconversions nécessaires, dans une logique de transition juste des emplois telle que définie par l’OIT. Un bilan net positif d’emplois au niveau national est inaudible pour un salarié qui perd son emploi, et à qui l’on explique -à tort ou à raison- que la transition est coupable, sans qu’on ne lui offre une alternative professionnelle acceptable. La mobilisation collective doit donc également être celle de la transition juste.
  1. Le dialogue social : ingrédient clé pour la réussite de la transition écologique des emplois. Sur ces sujets, comme sur l’enjeu de transition écologique juste ou les mutations indispensables en matière de compétences, le dialogue social constitue un incontournable. L’analyse est partagée, notamment par les 4 partenaires sociaux qui se sont exprimés au cours du colloque. Ce dialogue doit être conduit à tous niveaux, de l’entreprise à la branche, en passant par le territoire ou le comité stratégique de filière pour l’industrie. Au-delà du CSE (Comité social et économique, instance du dialogue social en entreprise) et des cadres d’échanges entre syndicats et chefs d’entreprises, des agoras de dialogue social et environnemental doivent être ouvertes pour parler des sujets délicats. La transition juste -et nécessaire- des emplois en est un !
  1. À mûrir/creuser : comment élargir notre champ de vision sur les emplois de la transition écologique ? Les échanges nous ont également invité à poser des regards nouveaux sur certains pans d’activités, potentiels, peu explorés : sur le potentiel d’emplois et l’organisation économique de la filière des services et de la réparation automobile à terme ; sur le potentiel de la filière vélo ; sur les celui des emplois de l’économie circulaire. Plus largement, la décarbonation doit se penser en pleine articulation avec les enjeux de la transition écologique au sens large, incluant les défis de la préservation de la biodiversité ou de la gestion de l’eau, en particulier.
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