Élections municipales : diminuons la place de la publicité dans l’espace public !

Chaque mois jusqu’aux élections municipales, la campagne Alternatives Territoriales, portée par le Réseau Action Climat et Alternatiba, se concentre sur une thématique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle des communes. En février, l'objectif est de réduire la place de la publicité dans l’espace public.

Action Nice antipub 13/02/2020

La publicité : un enjeu climatique et de solidarité fort

En 2013, 85 % des Français trouvaient la publicité intrusive face notamment à la démultiplication des messages et des supports. En parallèle, 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des municipales : si les liens entre la publicité et le climat ne semblent pas évidents de prime abord, l’urgence climatique nécessite de repenser notre rapport à la consommation. 

À un mois des élections municipales, les candidats doivent prendre des engagements forts pour limiter la place de la publicité dans l’espace public.

Sobriété plutôt que surconsommation : réduire l’empreinte carbone

Limiter le dérèglement climatique passe par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or l’empreinte carbone des Français, c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre induites par la consommation des Français (en tenant compte des émissions associées à la production des biens et services importés) est de 11 tonnes équivalent CO2 (t CO2 éq) par habitant, en 2018. Un chiffre incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris et un réchauffement limité à +1,5°C.

Réduire cette empreinte carbone impose donc la régulation, la modification voire la réduction de la consommation. Les Français devront modifier leurs comportements pour une meilleure l’efficacité énergétique, pour la réduction des déchets, ou la réduction de l’utilisation de la voiture, etc. Or les messages publicitaires poussent au contraire à consommer davantage. Ainsi, chaque personne reçoit entre 400 000 et 800 000 messages publicitaires par an: ce sont à chaque fois autant d’injonctions à consommer, alors qu’il faut tendre vers plus de sobriété. 

De plus, la publicité est dédiée principalement à des annonceurs-pollueurs, issus des secteurs de la grande distribution et de l’automobile. Ainsi, les orientations publicitaires  portent principalement sur promotion des modes de transport polluants (avion, SUV, etc.), la pratique de l’obsolescence programmée et l’encouragement à la consommation.

Gaspillage et surconsommation d’énergie

Dans un contexte où la France ne remplit pas les objectifs qu’elle s’est fixée pour sa consommation d’énergie, les panneaux publicitaires sont incompatibles avec la transition énergétique. On peut classer les publicités existant dans une collectivités en trois catégories : les affiches collées, les panneaux publicitaires mécaniques (parfois rétroéclairés et/ou roulants) et les panneaux publicitaires numériques. Ces panneaux numériques consomment sept fois plus d’électricité que les dispositifs traditionnels et ont une consommation équivalente à 32 réfrigérateurs – congélateurs par an

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Action anti-publicité – Paris 13/02/2020

La publicité : nocive pour les humains et la biodiversité

Si les publicités sont sources d’émissions de gaz à effet de serre à travers la consommation qu’elles induisent et la consommation énergétique qu’elles représentent, elles requièrent aussi des matériaux limités dont l’extraction se fait souvent au mépris de l’environnement et de la santé des personnes vivant sur place.

En plus de la pollution induite par la consommation électrique et la fabrication des dispositifs, la publicité lumineuse dans l’espace public représente une pollution à plusieurs échelles, nocive pour la biodiversité et le cycle du sommeil des citoyens. 

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Que peux faire ma commune ?

Les communes et intercommunalités peuvent et doivent agir : la publicité incarne l’incohérence, puisqu’on attend à la fois des citoyens un effort de sobriété tandis qu’on développe des supports publicitaires portant des messages appelant à la consommation. L’Etat ayant rejeté la possibilité d’une loi Evin sur la publicité, les élus locaux ont un rôle à jouer pour répondre à cette question. 

Si les élus locaux ne peuvent pas agir directement sur le contenu de la publicité, ils peuvent réduire les espaces disponibles et les aménagements publicitaire. Dans l’espace public, la publicité est surtout présente par voie d’affichage, que les collectivités locales ont le pouvoir de réglementer.

  • Des Règlements Locaux de Publicité (RLP ou RLP intercommunal) peuvent être élaborés et/ou révisés par les communes ou les intercommunalités. Ils doivent aller au-delà de la réglementation nationale, en limitant la place de la publicité dans l’espace public. Par cet outil, les maires pour les RLP et les intercommunalités pour les RLP(i) peuvent arrêter les contrats de mobiliers urbains publicitaires, limiter leur taille et leur type, réduire leur nombre dans l’espace public, etc.
  • Le maire est aussi l’autorité compétente sur les bâches et dispositifs publicitaires de dimensions exceptionnelles liés à des manifestations temporaires.
  • L’intercommunalité ou la ville peuvent ne pas renouveler le contrat publicitaire de concession qui permet à des afficheurs d’utiliser comme support les mobiliser publics (mobiliers urbains d’information, les abris voyageurs, les kiosques, les colonnes et mâts porte-affiches, les palissades de chantier).
  • L’intercommunalité et la ville doivent faire respecter la loi par les afficheurs, qui souvent, par faute de moyens humains pour contrôler les implantations de panneaux, ne respecte par le cadre légal. C’est à la mairie de faire appliquer la législation dans le cas où la commune est dotée d’un RLP(i).
  • La mairie et l’intercommunalité sont en charge de la distribution et de la diffusion des autocollants “Stop Pub” que les particuliers peuvent mettre sur leur boîte aux lettres, afin de limiter les prospectus publicitaires (qui représentent 29 kg de papier par foyer et par an).
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Besançon – Action antipublicité 14/02/2020

Nos recommandations

Le Réseau Action Climat demande aux candidats et candidates aux élections municipales de s’engager à limiter la place de la publicité dans l’espace public (voir la fiche du Pacte pour la Transition) en :

  • 1 : Arrêtant les contrats de mobiliers urbains publicitaires. Les panneaux peuvent devenir des supports d’information d’intérêt général (événements artistiques / culturels) ou être remplacés par des arbres.
  • 2 : Proscrivant les écrans numériques publicitaires dans le Règlement Local de Publicité (i).
  • 3 : Ayant un RLP(i) qui prescrit des affiches ne dépassant pas 50 x 70 cm, sur des panneaux, non lumineux, non déroulants et encore moins numériques, limités à 2m², et en encadrant la densité, par exemple en n’autorisant qu’un seul panneau par tranche de 2000 habitant·es, reprenant ainsi ce qui se fait pour l’affichage d’opinion (Article R581-2 du code de l’environnement).
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