Dossier KEZACOP

COP23, jour 10 : place au « segment de haut niveau »

C'est la dernière ligne droite de la COP23. Le moment où les dirigeants (notamment E. Macron et A. Merkel) interviennent pour donner une dimension politique aux négociations. L'occasion de faire un tour d'horizon de l’engagement des États, en particulier de la France.

La vidéo du jour

EPISODE 8 | Montrer l'Exemple

Aujourd'hui, Emmanuel Macron et Nicolas Hulot étaient à la #COP23. L'occasion pour Vincent Verzat – Partager C'est Sympa de questionner l'exemplarité climatique de la France dans une superbe vidéo !Notre dossier KezaCOP sur l'engagement des pays est également en ligne : https://reseauactionclimat.org/dossiers/cop23-kezacop-jour10/

Publié par Réseau Action Climat sur mercredi 15 novembre 2017

Le Fossile de mercredi : une Allemagne myope s’éloigne de ses objectifs

Les ONG internationales ont attribué le Fossile du jour à l’Allemagne, qui a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter en 2017 et qui risque de manquer ses objectifs de réduction des émissions pour 2020.
Est-ce le même pays qui a contribué au Fonds pour l’Adaptation la semaine dernière ? Celle qu’on appelle la « chancelière climat  » qui amena les leaders du G7 à accepter de décarboner l’économie mondiale ? Eh bien oui, c’est bien le même pays et la même chancelière ! Mais, au milieu de tout cela, le gouvernement allemand semble avoir oublié le rôle le plus important d’un leader du climat : réduire ses émissions.
Les statistiques préliminaires sur les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne en 2017 viennent juste d’être publiées et ne sont pas réjouissantes. Elles vont augmenter cette année, en raison d’une consommation plus élevée de pétrole, de gaz naturel et de lignite. Ces émissions n’ont pas diminué depuis 2009. Et les gouvernements successifs de la chancelière Merkel ont, depuis des années, échoué à combattre le changement climatique chez eux.
La chancelière a préféré écouter l’industrie des énergies fossiles, les sociétés intensives en énergie et les puissants constructeurs automobiles plutôt que ceux qui exigent une action forte pour le climat. Il est actuellement prévu que l’Allemagne manque son objectif domestique 2020 de réduire ses émissions de 40 %, sauf si le prochain gouvernement agit avec vigueur et ferme les centrales à charbon et, aussi, commence une transition dans les secteurs des transports, de l’industrie et de l’agriculture.
L’Allemagne doit être le leader qu’elle prétend être !

Le Fossile de jeudi : LE BRESIL ATTRAPE LA FIEVRE DU PETROLE

Le Fossile du jour va au Brésil qui propose une loi qui donnerait $300 milliards de subventions pour forer dans ses réserves sous-marines.

Vous avez bien lu: $300 milliards

Réfléchissons-y une minute. C’est à peu près la valeur d’une Tour Eiffel ou de six Tours de Londres. En fait, une somme d’argent obscène. C’est aussi environ 360 fois plus que ce que le monde entier apporte comme aide financière aux Petits Etats Insulaires pour le climat et la résilience aux désastres, ce qui illustre la faiblesse des flux financiers climatiques en comparaison aux aides massives attribuées aux énergies fossiles.

Le Brésil, le géant vert sud-américain, le pays des biocombustibles renouvelables et le fier détenteur d’un mix énergétique bas-carbone est la plus récente victime de la fièvre du pétrole. Une loi d’urgence présentée au Congrès par le président Michel Temer pour vote dans quelques semaines ouvre le pays à la frénésie du pétrole en donnant aux compagnies un paquet d’avantages fiscaux qui peut atteindre $300 000 milliards au cours de 25 prochaines années. Le ministre de l’environnement du Brésil a décrit cette loi comme « ridicule ».

Le taux d’approbation public de Temer est de 3%, du même niveau que la marge d’erreur des sondages. Mais, les pétroliers ont très certainement une meilleure opinion de lui que les électeurs brésiliens.

Beaucoup plus important cependant est le pourcentage de Brésiliens qui pensent que le gouvernement ne fait pas assez ou même rien du tout pour combattre effectivement le changement climatique : 84 %.

Le but de cette mesure est d’accélérer le développement d’une couche pré-saline très profonde, une réserve sous-marine estimée contenir 176 milliards de barils récupérables. Si ce pétrole était effectivement brûlé, le Brésil, à lui-seul, consommerait 18% du budget carbone restant pour ne pas dépasser les 1,5°C, ruinant nos chances d’éviter au monde la catastrophe climatique.

Le plus curieux est que le gouvernement brésilien semble parfaitement conscient du mauvais tour qu’il est en train de jouer. Comme un représentant du gouvernement l’a déclaré avec candeur, « le monde se dirige vers une économie bas-carbone. Il va rester du pétrole dans le sol et nous espérons que ce ne sera pas le nôtre ».

Le cynisme flagrant de l’administration Temer contraste avec la position assez progressiste adoptée par la délégation brésilienne à Bonn. Pendant qu’ici les diplomates vendent les biocarburants comme une solution climatique et poussent à l’ambition pré-2020, au pays le mot d’ordre est « fore, mon petit, fore ! ».

Brésil, vous présentez un bon visage mais, sous la couche de peinture verte, se dissimule une pétrocratie en gestation. Il est grand temps d’utiliser ces subventions ahurissantes à un usage meilleur et plus vert.

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