Énergie

Réaction au Bilan prévisionnel de RTE

Le gestionnaire du réseau d’électricité RTE publie aujourd’hui son bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande d’électricité en France jusqu’à 2025. Ce document rappelle l’importance de réduire la consommation d’électricité, notamment lors des périodes de pointe (pics de consommation).

Cables electriques

Alors que F. De Rugy avait indiqué que des mesures à cet effet seraient annoncées en avril 2019[1], rien n’a bougé. Les ONG du Réseau Action Climat appellent la Ministre à engager la mise en œuvre d’actions concrètes au plus vite pour réduire la consommation d’électricité, et à ne pas s’enferrer dans un nouveau projet risqué que serait la reconversion à la biomasse de la centrale au charbon de Cordemais.

En l’absence de mesures fortes pour maîtriser la consommation d’électricité, les bilans prévisionnels de RTE se suivent et se ressemblent et les marges de manœuvre s’amenuisent sérieusement. En effet, en cas de de grand froid et aux heures de forte demande, la France connaît des pics de consommation bien plus importants qu’ailleurs en Europe, notamment à cause de très nombreux chauffages électriques peu performants. Au cœur de l’hiver, pour chaque degré de température en moins, la consommation d’électricité augmente massivement (de l’équivalent de la consommation de Paris intra-muros). Tant que cette consommation ne sera pas maîtrisée, la sécurité d’approvisionnement française sera fragilisée et sa dépendance aux importations d’électricité fortement carbonée restera forte.

Plusieurs mesures essentielles pourraient être mises en œuvre pour faire baisser les consommations d’électricité comme la rénovation performante des logements, le remplacement des chauffages électriques appelés couramment “grille-pains” et, en particulier lors de pics, en agissant sur l’éclairage public, l’extinction des panneaux publicitaires lumineux ou encore l’incitation à chauffer les logements et bureaux à maximum 19°C. L’association d’experts négaWatt a chiffré en juin dernier le potentiel d’un ensemble de mesures : une baisse de la puissance appelée sur le réseau électrique en période de pointe d’au moins 1,6 GW, et jusqu’à 4,1 GW en période de grand froid, à 19h[2]. Soit une baisse de l’ordre de 4 % de la consommation qui permettrait de planifier plus sereinement la fermeture des actifs de production comme la centrale à charbon de Cordemais.

Étant données les marges de manœuvre disponibles mais non exploitées par le Gouvernement, la reconversion biomasse de la centrale à charbon de Cordemais, mentionnée dans le rapport, représente d’autant plus une fausse solution, surdimensionnée, coûteuse, aux conséquences écologiques et sanitaires probablement néfastes[3]. En effet, le projet Ecocombust défendu par EDF suppose de produire bien plus d’électricité  que la vingtaine  d’heures en moyenne / an jugées nécessaires par RTE pour garantir la sécurité d’approvisionnement (250 heures en cas d’hiver particulièrement rigoureux) afin d’être rentable.

Alors que F. De Rugy avait annoncé que “le Gouvernement présentera ces mesures additionnelles d’économies d’énergie dans le courant du mois d’avril”, nous attendons encore des mesures effectives et rapidement mises en place pour répondre à ce défi majeur et pourtant ignoré par le Gouvernement.

Notes

[1] https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/conclusions-et-enseignements-des-analyses-complementaires-rte-sur-limpact-larret-des-centrales

[2] https://negawatt.org/IMG/pdf/190611_mde-levier-pour-fermer-dernieres-centrales-charbon.pdf

[3] https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/janvier2019rapportecocombust.pdf

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