International

Action climatique des entreprises et des coalitions multi-acteurs : le compte n’y est pas

Depuis 2015, les initiatives multi-acteurs pour le climat et les engagements des Acteurs-Non-Étatiques en faveur du climat se sont multipliés.

SAFRICA-WEATHER-FLOOD
© Marco Longari / AFP

 La CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques)  recense plus de 30 000 initiatives et entreprises engagées pour le climat. Même si ces engagements sont importants pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, il n’existe aujourd’hui aucun mécanisme de suivi et d’évaluation de ses engagements. Conséquence? Le Greenwashing. La crise climatique est bien trop urgente pour laisser place à ce type d’engagements flous. Le Réseau Action Climat et la World Benchmarking Alliance ont publié un rapport présentant non seulement un état des lieux, mais aussi des pistes de solutions pour plus de transparence. Il est donc indispensable d’obliger les Acteurs non étatiques à rendre des comptes pour s’assurer qu’ils contribuent réellement à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.

Le Réseau Action Climat et la World Benchmarking Alliance vous invite à un évènement pour découvrir ce rapport en détail

LIEU : Académie du Climat (2 Pl. Baudoyer, 75004 Paris) ou par zoom

DATE : 19 octobre 2023, de 10h00 à 11h30

L’évènement commencera par un panel avec plusieurs intervenant.es, avant un échange d’une trentaine de minutes avec la salle.

INSCRIPTION OBLIGATOIRE : merci de vous inscrire pour cet événement sur ce lien d’ici le 13 octobre 2023 (pour une participation en présentiel ou par zoom).

Les Acteurs Non Étatiques, un greenwashing de plus en plus préoccupant

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, l’a lui-même dénoncé à plusieurs reprises, comme en juillet 2023 : “Le monde est dans une course contre la montre. On ne peut pas se permettre de laisser certains traîner des pieds, ou faire semblant d’avancer, le greenwashing n’est plus une option” (1). A travers le rapport du Réseau Action Climat et de la World Benchmarking Alliance, plusieurs cas d’études ont été analysés du côté des entreprises (Iberdrola, Mitsubishi Estate, Enel ou encore Ørsted), comme des initiatives multi-acteurs (Caring for Climate, Getting to Zero Coalition, SIDS Lighthouse Initiative). La plupart de ces acteurs et initiatives n’ont toujours pas tenu leurs engagements en faveur du climat. Les différentes méthodologies sont sans appel : les résultats ne sont pas communiqués ; les promesses ne sont pas respectées ; il y a un manque important d’actions concrètes. Qui plus est, la majorité des initiatives multi-acteurs pour le climat(2) et des entreprises n’ont pas de vision globale du climat et n’incluent pas assez de questions transversales comme les droits humains, l’égalité des genres ou la biodiversité. Pourtant, il ne nous reste que 7 ans pour limiter le réchauffement mondial à + 1,5°C conformément à l’Accord de Paris, et même si les Acteurs Non Étatiques multiplient les engagements climat, les émissions de Gaz à Effet de Serre continuent d’augmenter.  

Quelles solutions pour la Gouvernance internationale du climat ?

Face au défi de mesurer la redevabilité de ces Acteurs non étatiques et de leurs engagements, la gouvernance climatique internationale peut-elle poser les conditions et un cadre ? 

Le rapport conclut que la gouvernance internationale du climat ne peut être tenue seule responsable de trouver les solutions à toutes ces questions, mais qu’elle doit donner des lignes directrices. Parallèlement à cela, les initiatives et les entreprises doivent quant à elles renforcer leur action pour le climat, et bien sûr les États devront mieux les encadrer. Voici les deux pistes principales : 

  • La CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) doit être le principal organe de coordination pour fixer les objectifs climat à l’échelle internationale, y compris ceux des acteurs non étatiques. Elle aura un double rôle : contrôler les engagements climatiques des États et agir en tant qu’arbitre pour les engagements non étatiques.
  • Pour cela les États doivent accepter que la CCNUCC exerce un rôle d’arbitre sur l’action climat non étatique. Lors du prochain Bilan Mondial à la COP28, les États doivent donner mandat à la CCNUCC pour qu’elle puisse effectuer ce travail de suivi et juger si telle initiative ou tel Acteurs non étatiques a le bon profil pour participer à ses conférences. Il faudra aussi augmenter le budget de la CCNUCC pour effectuer ce travail.

La COP28 est une occasion idéale pour lancer ce travail de manière plus concrète : en effet, avec la tenue du Bilan Mondial (mécanisme d’évaluation depuis l’Accord de Paris), il est nécessaire que les Etats en profitent pour fournir le mandat mentionné au dessus, afin qu’au plus tard en 2025, la redevabilité des acteurs non-étatiques soit plus robuste et mieux encadrée au sein de la CCNUCC.

(1) ‘We cannot afford greenwashing’: Guterres highlights key role of Net-Zero experts, NetZeroWeek, July 2023,

(“Le greenwashing n’est plus une option » : Antonio Guterres met l’accent sur le rôle clé des experts du Net Zéro) https://netzeroweek.com/we-cannot-afford-greenwashing-guterres-highlights-key-role-of-net-zero-experts/#/

(2) Par initiatives multi-acteurs pour le climat, les auteurs de ce rapport font référence aux initiatives membres de la coalition Race to Zero. Ces initiatives composées de différents membres incitent les ANE à plus d’ambition dans leurs objectifs climat. Un précédent rapport du Réseau Action Climat définit plus en détails ces initiatives : Coalitions multi-acteurs : État des lieux, 2020 https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2020/11/coalition_etatdeslieux_en.pdf

Renforcer la redevabilité climatique : Focus sur les entreprises et les initiatives multi-acteurs
Cadre de reconnaissance et de responsabilité du secrétariat de la CCNUCC : Projet de plan de mise en œuvre concernant les engagements nets zéro des acteurs non étatiques et les questions d’intégrité
Plus d'actualités