Énergie [+1]

Le vote de la dernière chance pour l’accord de Paris en Europe

Face au statu quo énergétique défendu par les États, les députés européens doivent sauver l’honneur climatique de l’Union européenne et envoyer un signal fort en faveur de la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat.

UE Power

Mercredi, le vote de la dernière chance aura lieu au Parlement européen, pour aligner le « paquet énergie européen », véritable boussole de la transition énergétique en Europe, avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.

Ce « paquet » vise à refonder la politique énergétique sur tout le continent européen pour les 10 prochaines années. Il déterminera le niveau de réduction de la consommation d’énergie (indispensable pour rendre nos sociétés plus sobres en énergies et lutter contre la pauvreté énergétique des ménages) ainsi que le développement des énergies renouvelables.

Lors du Conseil des ministres de l’énergie du 18 décembre dernier, une majorité d’États membres avait torpillé les textes du paquet énergie : non seulement ces États avaient maintenu les objectifs d’énergies propres à un niveau très bas, mais ils avaient aussi choisi de continuer à gaspiller l’argent public dans les centrales à charbon, de freiner le développement des énergies renouvelables et de lever les garde-fous à l’utilisation massive des forêts et de cultures alimentaires pour l’énergie.

À la veille des négociations entre les États membres et le Parlement européen (co-décisionnaires sur le paquet énergie) seule une position forte des députés européens sera en mesure de remettre l’Union européenne sur les rails de la transition énergétique pour 2030, afin de faire sortir les gouvernements nationaux du statu quo énergétique.

Le Réseau Action Climat demande aux députés européens et en particulier aux 74 députés européens français d’envoyer un message fort aux États membres lors du vote de mercredi.

Transposer l’accord de Paris en Europe

Pour mettre en œuvre l’accord de Paris sur le climat, l’Union européenne doit se doter d’un cap de neutralité carbone pour 2050 et développer l’ensemble des outils et règles du jeu pour que tous les États contribuent collectivement à cet objectif. Les députés Socialistes, Libéraux, Verts et de la Gauche Unitaire européenne ont adopté ces principes en commission. Malheureusement, il est aujourd’hui remis en cause par les conservateurs qui refusent de fixer un cap de neutralité carbone pour 2050 et ainsi engager pleinement l’Union européenne dans l’accord de Paris.

Il est indispensable que les députés européens confirment l’objectif de neutralité carbone pour 2050 lors du vote en plénière.

La sobriété énergétique, la priorité

Réduire notre consommation d’énergie est la priorité, car toute économie d’énergie représente un bénéfice pour l’ensemble de la société. Cela permet de diminuer la facture énergétique des ménages, de limiter les importations d’énergie et de réduire le recours aux énergies fossiles. Les Socialistes, les Verts, les Libéraux et la Gauche unitaire ont adopté cette priorité en commission, mais la majorité reste très incertaine car les groupes politiques sont divisés.

Nous demandons donc aux députés européens de confirmer un objectif contraignant de 40 % d’efficacité énergétique pour 2030 décliné au niveau national et des obligations annuelles de réduction de la consommation d’énergie lors du vote en plénière. Ces mesures sont les seules à même d’enclencher des plans massifs de rénovation des bâtiments, par exemple.

Faire des énergies renouvelables le pilier énergétique en Europe

Les énergies renouvelables connaissent un boom partout dans le monde. Malheureusement, certains États européens comme la France restent à la traine. Pourtant les énergies renouvelables peuvent fondamentalement transformer notre système et créer des emplois de qualité et non-délocalisables partout dans les territoires. Le coût d’installation ayant drastiquement chuté ces dernières années, cette transformation énergétique est non seulement souhaitable, mais surtout faisable.

Malheureusement, les députés européens sont divisés sur cette question. Nous demandons donc aux députés européens de soutenir un développement rapide des énergies renouvelables avec un objectif contraignant de 45 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Cela doit obligatoirement être décliné au niveau national.

Mettre les garde-fous nécessaires pour protéger la biodiversité et réellement lutter contre les changements climatiques

Certaines pratiques labellisées comme renouvelables ont des conséquences très graves sur la biodiversité et le climat. C’est le cas des agrocarburants de première génération et de certaines pratiques de la biomasse.

Les agrocarburants de première génération utilisent des cultures alimentaires pour remplir le réservoir des véhicules. Par effet domino, ils conduisent à la destruction de forêts et espaces naturels. Cette énergie est donc loin d’être propre.

Nous demandons aux députés européens de mettre fin aux agrocarburants de première génération d’ici à 2030 et d’interdire le plus tôt possible ceux ayant l’impact climatique le plus important, comme l’huile de palme.

De même, le développement sans limite du bois-énergie conduit à couper des arbres entiers dans le seul but de les brûler pour produire de l’énergie. Or les forêts sont un des puits de carbone les plus importants en Europe. La coupe du bois additionnée à leur combustion pour produire de l’énergie est très néfaste pour le climat.

Nous demandons aux députés européens d’encadrer cette pratique et d’inclure des critères de durabilités strictes afin de s’assurer que le bois-énergie ne devienne pas une solution plus destructrice que protectrice pour le climat.

Le vote de la plénière est la dernière chance de faire du paquet énergie européen une opportunité pour tous les Européens et d’enclencher la transition énergétique sur notre continent. Les députés européens doivent envoyer ce message aux États membres !

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