Visite du président de la COP28 à Paris : les ONG françaises alertent sur l’influence des lobbies fossiles
Sultan Al Jaber, président de la COP28, rencontre Agnès Pannier-Runacher le 17 mars. Outre son rôle de ministre de l'Industrie et de PDG de Masdar, une entreprise dans les énergies renouvelables, il est à la tête de la Abu Dhabi National Oil Company, la plus grande entreprise d'énergies fossiles des Émirats Arabes Unis.
Sa présidence suscite beaucoup de scepticisme quant à ses réelles intentions d’accélérer la lutte contre le changement climatique.
Le Réseau Action Climat demande des garanties et engagements de la part de la présidence émiratie pour espérer de réelles avancées à la COP28 : des efforts importants pour la réduction des émissions et la sortie des énergies fossiles, une concrétisation des engagements financiers, ainsi qu’une opérationnalisation du fonds pour les pertes et dommages.
Sortir les lobbies des industries pollueuses des conférences sur le climat
Le conflit d’intérêt incarné par la présidence compromet la crédibilité des Émirats arabes unis sur la scène internationale et risque de peser sur l’issue des négociations. Il s’agit tout simplement d’une prise de contrôle des intérêts des énergies fossiles dans les négociations climatiques internationales. Déjà, en Egypte, 636 lobbyistes du secteur avaient obtenu une accréditation pour la COP27, soit 25 % de plus qu’à la COP26. Il y avait plus de lobbyistes du secteur des combustibles fossiles enregistrés que de représentant.e.s des dix pays les plus touchés par le changement climatique. Résultat : on ne parle pas du sujet qui fâche et lorsqu’on tente de le faire, le texte final est mou, affaibli comme à la COP26.
La fin des énergies fossiles doit rimer avec la fin du greenwashing et des fausses solutions
La sortie juste et équitable des énergies fossiles doit devenir centrale dans les négociations et être suivie d’engagements concrets. Les derniers rapports du GIEC et de l’Agence Internationale de l’Énergie montrent que tout nouveau projet d’exploration et d’exploitation de nouveaux sites gaziers ou pétroliers est incompatible avec le respect des objectifs climatiques. Les alternatives proposées doivent être alignées sur le respect du climat, de la biodiversité et des droits humains. Les solutions éprouvées et rentables doivent être priorisées, et les distractions dangereuses et paris technologiques coûteux tels que la capture et le stockage du CO2, le nucléaire ou la compensation carbone doivent être écartés. De plus, les ONGs françaises demandent comme gage de confiance aux Émirats d’annoncer un plan de sortie progressive, juste et équitable des énergies fossiles bien avant 2050, lors de la COP28, qui soit exempte de fausses solutions. Il est également essentiel de créer une alliance avec d’autres pays prêts à soumettre un plan de sortie des fossiles dès cette COP. Il n’est pas aisé pour les Émirats arabes unis de détacher leur économie des énergies fossiles. Mais, la transition est néanmoins essentielle et surtout possible, car le changement climatique est une menace existentielle, en particulier pour ce territoire.
Une France garante de la pleine réalisation de l’Accord de Paris
La COP28 est cruciale car elle va mettre en place pour la première fois un outil de Bilan Mondial, qui incitera les États à en faire plus pour garder la trajectoire de 1.5 degré Celsius. Plus que jamais, la France a un devoir d’exemplarité : gardienne de l’Accord de Paris, elle doit à présent tout faire pour garantir sa mise en œuvre. Sur le plan domestique, la France doit faire sa juste part et baisser d’au moins 55 % ses émissions brutes de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990), se doter d’un plan d’action robuste et d’une mise en cohérence des financements publics. Enfin, elle doit contraindre ses entreprises nationales productrices d’énergies fossiles, en particulier TotalEnergies – qui continuent de développer des projets d’extraction dans le monde entier – à déployer des plans de transition solides.
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