COP [+2]

Une COP15 biodiversité pour protéger nos écosystèmes

Cette année, la COP15 biodiversité est cruciale. Elle se déroule du 7 au 19 décembre à Montréal, sous présidence chinoise. Les deux hôtes ont pour ambition de faire une sorte d’Accord de Paris version biodiversité ainsi que de lancer un plan de financement dédié à la biodiversité.

montreal-gd16ffc9c1_1920

Les COP climat sont les plus présentes dans les médias et les sphères politiques, cela a pu être constaté avec la COP27 en Egypte qui s’est terminée il y a quelques semaines (voir notre décryptage ici). Cependant, il existe aussi les COP biodiversité, devant se tenir tous les deux ans, qui malheureusement reçoivent beaucoup moins d’attention.

Pourtant, les deux crises climatique et perte de biodiversité sont jumelles, et l’une ne peut s’atténuer sans régler l’autre (voir notre article sur le lien entre climat et biodiversité sur ce lien). Les États doivent montrer qu’il est essentiel de mettre un terme à la perte de biodiversité pour atteindre 1,5°C et que l’atténuation du changement climatique contribue au maintien des écosystèmes. Cette année, la COP15 biodiversité est cruciale. Elle se déroule du 7 au 19 décembre à Montréal, sous présidence chinoise. Les deux hôtes ont pour ambition de faire une sorte d’Accord de Paris version biodiversité ainsi que de lancer un plan de financement dédié à la biodiversité. Pour l’instant cela paraît compliqué car peu de présence politique est annoncée, aucun.e chef.fe d’Etat ne compte s’y rendre.

giant-panda-g74f6619a3_1920

La biodiversité est frappée par un déclin sans précédent

Le changement climatique et l’exploitation des écosystèmes (terres, forêts etc) produisent des pertes d’espèces (faune et flore) locales. Entre 1970 et 2018, les écosystèmes ont subi une perte de 69% de leur faune, un chiffre alarmant et sans précédent (voir Living Planet Report du WWF). Cette crise présente de graves conséquences pour les sociétés humaines, notamment le déclin des services écosystémiques, des pertes économiques et de moyens de subsistance, des menaces pour la sécurité alimentaire, ou encore l’altération des pratiques culturelles des peuples autochtones vivant dans ces écosystèmes menacés.

L’enjeu de la COP15 est donc de taille

La société civile a de nombreuses attentes auprès des Etats pour assurer une COP ambitieuse, à commencer par la nécessité des ministres et chef.fes d’Etat de s’y rendre absolument. L’accord de cette COP15 devrait se structurer en un objectif chapeau (équivalent à la trajectoire des 1.5 degrés dans l’accord de Paris) et 20 objectifs sectoriels, dont ici quelques exemples :

  • restauration des écosystèmes dégradés,
  • protection de 30 % des terres et des mers,
  • réduction de 50 % de l’empreinte écologique de nos modes de production et de consommation,
  • minimisation des conflits entre humains et espèces sauvages,
  • réduction de l’utilisation des pesticides,
  • réduction du gaspillage alimentaire,
  • intégration de la biodiversité dans tous les secteurs économiques,
  • intégration de la biodiversité dans les modèles des entreprises et des institutions financières

Tous ces secteurs sont clés et doivent être couverts de manière égalitaire par la COP15.

river-g70f954b74_1920

Les demandes du Réseau Action Climat pour la COP15

  • Enrayer et inverser la tendance à l’effondrement de la biodiversité d’ici 2030, de sorte qu’il y ait plus de nature en 2030 qu’il n’y en avait en 2020 devrait être le message principal de l’objectif chapeau de cette COP15. Il assure le niveau d’ambition et de protection nécessaires pour la survie de nos écosystèmes.
  • Augmenter la finance pour la biodiversité. Actuellement les Etats et acteurs privés dépensent environ 1 milliard de dollars pour la protection des écosystèmes chaque année. C’est très peu, notamment en comparaison aux 500 milliards de dollars de subventions publiques annuelles dommageables à la nature (par exemple pour financer des projets d’énergies fossiles). Les bailleurs internationaux doivent changer la donne dès cette COP15.
  • Garantir les droits des peuples autochtones et mettre en valeur leurs apports et connaissances dans la mise en place de politiques de protection du climat et de la biodiversité. Les peuples autochtones et les communautés locales, en particulier les femmes gardiennes de savoirs ancestraux précieux, et de pratiques vertueuses (notamment la gestion collective des forêts) protègent de manière inégalable les écosystèmes depuis des siècles. Cette COP15 doit leur donner une place centrale dans les négociations et garantir leur accès aux organes de décision à l’échelle locale et nationale.
  • Les Etats doivent mieux considérer les questions de genre et mettre en oeuvre une diplomatie féministe, notamment en soutenant la réalisation en synergie des plans d’action genre des conventions biodiversité et climat (par ex. la collecte de données désaggrégées, l’accès et le contrôle sur les ressources naturelles et la participation aux organes de décision) et en accompagnant leurs efforts de ressources financières suffisantes
  • Ne pas laisser de place aux fausses solutions et au greenwashing pendant cette COP. Si on a de nombreuses bonnes pratiques pour protéger le climat et la biodiversité, beaucoup de mauvaises circulent également et sont même représentées pendant les COP, comme la plantation d’arbres en monocultures sans considération des besoins de la faune/flore locale, mais aussi des droits des peuples autochtones. Des réponses comme la protection des forêts primaires, l’agro-écologie ou encore l’arrêt de la déforestation sont bien plus efficaces et adéquates pour lutter contre la crise de perte de biodiversité (voir notre note)
Plus d'actualités