Sommet International pour le climat : la crédibilité climatique de la France en question
À un jour du Sommet de l’ONU sur le climat qui se tiendra à New York, les plans nationaux soumis par les gouvernements détermineront la réalité vécue par des milliards de personnes en première ligne de la crise climatique. Or, la France porte une responsabilité importante dans l’absence de plan climatique de l’Union européenne.

Alors que le Secrétaire général des Nations Unies convoque un Sommet spécial sur le climat le 24 septembre, nous souhaitons exprimer notre inquiétude à la perspective que le président Emmanuel Macron puisse prendre la parole au nom de la France.
Au cours des derniers mois, le président Emmanuel Macron a été la force motrice derrière les efforts visant à freiner l’agenda climatique de l’UE. En s’alliant à des bloqueurs traditionnels tels que la Pologne et la Hongrie, la France a amplifié leur influence, affaiblissant l’ambition collective de l’Europe et laissant l’Union en difficulté pour respecter l’Accord de Paris, exactement dix ans après que la France a contribué à le conclure.
Même si nous saluons les efforts inlassables de la présidence danoise pour finaliser l’objectif 2040 et la contribution déterminée au niveau national (CDN) de l’UE, lors du dernier Conseil ENVI, les ministres de l’environnement n’ont pas réussi à parvenir à un accord. Au lieu d’une CDN complète, ils n’ont produit qu’une déclaration d’intention faible, indiquant une fourchette de réduction des émissions de 66,25 % à 72,5 % d’ici 2035. Cette fourchette est très en deçà de ce qui est nécessaire pour suivre une trajectoire compatible avec 1,5 °C. La conséquence immédiate est que l’UE manquera l’échéance de la CCNUCC, ce qui érode encore davantage sa crédibilité et son rôle revendiqué de longue date comme leader mondial en matière de climat.
Ce résultat est particulièrement préoccupant compte tenu des pressions croissantes exercées par les entreprises européennes, les réseaux de villes, les gouvernements régionaux et la société civile en faveur de l’adoption d’un objectif scientifique pour 2040 d’au moins 90 % de réduction des émissions, sans échappatoires, accompagné d’une CDN ambitieuse. Une telle clarté donnerait aux régions et aux industries la prévisibilité nécessaire pour accélérer la transition. Au lieu de cela, l’obstruction de la France a non seulement retardé la décision sur 2040, mais aussi fait dérailler l’accord sur l’étape de 2035.
En s’alignant sur certains des gouvernements les plus à la traîne d’Europe, la France a généré des turbulences politiques, encouragé de nouveaux reculs et donné l’impression que l’ambition climatique de l’UE est négociable. Cette stratégie irresponsable place l’Union dans une position précaire, alors même que le monde attend de l’Europe qu’elle exerce un leadership face à l’urgence climatique et à l’intensification des tensions géopolitiques.
Pour ces raisons, nous estimons que la France, compte tenu de son rôle dans le retard et la remise en cause de l’ambition climatique de l’UE, ainsi que de son alignement avec des pays déterminés à bloquer les progrès, n’a aucune crédibilité pour se présenter comme un leader climatique lors du prochain Sommet sur le climat. Au contraire, elle doit être à la hauteur du défi et s’atteler à réparer les récents dommages causés afin que l’UE puisse convenir rapidement d’un objectif ambitieux pour 2040 ainsi que d’une CDN.
- Morgane Créach, Director of Réseau Action Climat France (RAC France)
- Chiara Martinelli, Director of Climate Action Network Europe (CAN-Europe)
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