Énergie

Sécurité d’approvisionnement en électricité jusqu’en 2023 : l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables sont les clés pour avoir des marges de manœuvre supplémentaires

RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, a présenté aujourd'hui son analyse sur la sécurité d'approvisionnement en électricité jusqu'en 2023.

Cables electriques

RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, a présenté aujourd’hui son analyse sur la sécurité d’approvisionnement en électricité jusqu’en 2023. Un message clair ressort de cet exercice : la meilleure manière de retrouver des marges de manœuvre, et donc d’assurer l’approvisionnement en cas d’aléas, est de renforcer les politiques d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables.

Pour Anne Bringault, coordinatrice des ONG sur la transition énergétique pour le CLER et le Réseau Action Climat « Les analyses de RTE mettent en évidence la fragilité d’un système électrique ayant une part trop importante de nucléaire, alors que plusieurs arrêts pour des visites décennales sont à venir. Notre sécurité d’approvisionnement et nos marges de manœuvre seront renforcées si la PPE fait un choix clair en faveur de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables ».

Parmi les enseignements du Bilan prévisionnel (BP 2018) de RTE pour 2023 :

  • La possibilité de fermer les quatre centrales au charbon encore en fonctionnement (en métropole) est confirmée.
  • La fragilité du nucléaire a été mal anticipée.
  • Des politiques volontaristes en matière d’efficacité énergétique et de renouvelables permettraient de dégager des marges de manœuvre d’ici 2023.
  • Baisser la pointe de consommation électrique permettrait de redimensionner notre système.

Plus en détails :

La confirmation de la possibilité de fermer les quatre centrales au charbon encore en fonctionnement.

Dans le cas de base du BP2018, il n’existe pas de risque spécifique, en particulier en Bretagne et en Normandie, en cas de fermeture des centrales au charbon de Cordemais et du Havre. La reconversion de ces unités en centrales biomasse n’est pas envisagée dans le BP2018 et n’est pas nécessaire pour la sécurité d’approvisionnement.

La fragilité du nucléaire a été mal anticipée.

L’allongement de la durée d’exploitation des réacteurs nucléaires nécessite au préalable des « visites décennales » (VD) qui vont occasionner des arrêts de plusieurs mois de plusieurs de ces réacteurs. Or, le BP2018 nous indique que l’allongement de la durée des VD (l’expérience ayant montré que les délais initialement prévus sont rarement tenus) suffit à elle seule à fragiliser la sécurité d’approvisionnement en hiver (sans même parler du scénario, non envisagé, où des réacteurs ne seraient pas prolongés à l’issue de cet examen). Si la France avait misé davantage dans les années précédentes sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, deux domaines où notre pays est en retard par rapport à ses objectifs UE, nous aurions davantage de marges de manœuvre – ce que RTE a d’ailleurs régulièrement souligné. L’éolien en mer est un exemple des retards pris dans ce domaine.

Des politiques volontaristes en matière d’efficacité énergétique et de renouvelables permettraient de dégager des marges de manœuvre d’ici 2023.

Le BP 2018 se veut un exercice prudent avec un cas central proche du tendanciel : stabilité de la consommation d’électricité, développement, mais peu soutenu des énergies renouvelables. Les variantes réalisées montrent qu’avec des politiques plus volontaristes sur l’efficacité énergétique (équipements moins énergivores, rénovation des bâtiments…) et sur les énergies renouvelables, il est possible d’engager la fermeture de réacteurs nucléaires en plus des centrales à charbon d’ici 2023.

Baisser la pointe de consommation électrique permettrait de redimensionner notre système

Les pointes électriques nécessitent des renforcements de réseau et des moyens de production pour faire face aux appels de puissance importants. En hiver, du fait du chauffage électrique, la consommation est d’autant plus forte que les températures sont rigoureuses, une réalité qui fait de la France le pays le plus « thermo-sensible » d’Europe.La réduction de la consommation de pointe est donc un enjeu clé qui passe par l’effacement, mais aussi par l’action sur l’ensemble des consommations en jeu pendant la pointe, à commencer par le chauffage, grâce à un véritable effort pour la rénovation énergétique des bâtiments. Par ailleurs, le BP2018 indique qu’au delà des trajectoires décrites, un potentiel de meilleure gestion des situations tendues pourrait être mobilisé, notamment en s’appuyant sur des comportements citoyens (réduction de la consommation en cas de pointe). De même, il indique que la modulation d’usages non prioritaires de l’électricité (écrans de publicité, éclairage d’immeubles non occupés…) n’est pas prévue.Pourtant, le BP2018 indique aussi que ce type d’actions sur la pointe offrirait des marges de manœuvre significatives pour le pilotage du mix, en relâchant la tension sur la sécurité.

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