Emplois et climat : relever le défi des reconversions – le cas du charbon en France
Le Réseau Action Climat et l’Institut Veblen publient un rapport s’appuyant sur le cas du charbon en France appelant à une prise de conscience quant à l’enjeu d’accompagner la reconversion professionnelle des travailleurs des industries impactées par la transition écologique.
Le Havre, Gardanne, Cordemais, Saint-Avold : ce sont les quatre dernières centrales à charbon françaises. Elles devaient fermer en 2022, en conséquence de la loi énergie-climat de 2019. La production d’électricité à partir de charbon est certes désormais minoritaire en France (moins de 1,2 % de la consommation nationale d’électricité, mais près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique), mais sortir définitivement du charbon représente un symbole important de lutte contre le dérèglement climatique et un signal envoyé au reste du monde. Le nombre important de réacteurs nucléaires mis à l’arrêt faisant craindre des difficultés d’approvisionnement en électricité cet hiver, cette promesse de fermeture des centrales à charbon ne sera pas tenue : seules les centrales du Havre et de Gardanne sont définitivement fermées.
La fermeture de ces centrales à charbon pose la question du devenir des emplois dépendant de leurs activités : près de 700 salariés directs, 200 salariés portuaires et 500 salariés sous-traitants impactés. L’Etat s’est engagé à déployer un dispositif d’accompagnement à la reconversion spécifique pour l’ensemble d’entre eux, pour un engagement financier de 30 millions d’euros, étalé de 2021 à 2025.
Le Réseau Action Climat et l’Institut Veblen considèrent que la question de l’emploi constitue un nœud essentiel de la transition écologique. Elle peut devenir un point de blocage si les mutations des secteurs les plus émetteurs (pétrochimie, ciment, transport routier, aéronautique…) ne sont pas correctement anticipées et les travailleurs de ces secteurs correctement accompagnés dans la reconversion professionnelle. Or, cet enjeu n’est pas encore pris en charge de manière systémique par les pouvoirs publics et les entreprises.
Ce rapport propose à la fois un retour historique sur la fermeture des mines de charbon françaises et un état des lieux du cas d’école que représente la fermeture des centrales à charbon pour motif environnemental.
Bien que la transition écologique crée plus d’emplois qu’elle n’en supprime, les fermetures de site et les suppressions d’emplois dans certains secteurs pour motif environnemental seront amenées à se reproduire. C’est dans cette optique que l’accompagnement proposé pour les salariés du charbon ne doit pas être regardé comme une exception mais comme un acquis constituant la base de ce qui pourra être proposé à l’avenir aux travailleurs dans la même situation.
Les mots d’ordre d’une solide méthodologie d’accompagnement à la reconversion doivent rester :
- l’anticipation, à travers un calendrier clair, ferme et compatible avec l’urgence du respect de nos engagements climatiques
- le territoire : c’est en développant une vision partagée du territoire entre acteurs publics, économiques et écologiques et acteurs de l’emploi et de la formation au niveau local que les possibilités de reclassement et de passerelles s’opèrent
- le dialogue social : l’acceptabilité de la transition passe par l’entière implication des salariés et de leurs représentants dans les discussions et les prises de décisions
- l’implication financière de l’Etat, afin d’assurer que tous les travailleurs ayant besoin d’être accompagnés vers la reconversion le soient
Commander nos publications
Vous pouvez librement télécharger et imprimer ces documents par vos propres moyens (n'imprimez que si nécessaire). Si vous souhaitez une information pour commander des documents que nous avons imprimés (montant du remboursement des frais de port…), merci d’envoyer un mail à contact@reseauactionclimat.org