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Première estimation partielle des impacts sanitaires du Dieselgate

Des chercheurs du MIT publient aujourd’hui la première étude qui produit une estimation de l’impact du scandale du Dieselgate. Alarmante, elle porte uniquement sur les émissions polluantes supplémentaires émises par les véhicules Volkswagen truqués vendus en Allemagne de 2008 à 2015.

Industrie_pollution

Ces émissions ont entraîné 1 200 décès prématurés en Allemagne et chez ses voisins, notamment en France. Ce n’est malheureusement qu’un aperçu des conséquences sanitaires du scandale des tests automobiles pour la santé des citoyens en France et en Europe, le Dieselgate n’étant pas limité au cas Volkswagen. Les mesures politiques sont encore très insuffisantes.

1200 décès prématurés liées aux émissions excédentaires de VW en Allemagne : l’arbre qui cache la forêt

Les tests menés en conditions réelles de conduite (notamment dans le cadre de la « commission Royal ») ont montré que les dépassements étaient quasiment généralisés dans la filière automobile et très excessifs sur de nombreux modèles de véhicules, en raison de l’installation de systèmes de dépollution chez la majorité des constructeurs automobiles.
Les dépassements sont aussi généralisés sur les émissions de CO2 des véhicules dont le niveau en usage réel est supérieur de 42% en moyenne aux valeurs annoncés par les constructeurs automobiles (1) . Les défaillances du système de test ont donc aussi un impact significatif sur les changements climatiques.

La France, pays le plus touché par les excès de pollution des véhicules.

Environ 5,5 millions de véhicules classés Euro 5 et Euro 6 circulent encore en France tout en émettant, en conditions réelles de conduite, plus de 3 fois le seuil limite d’émissions des oxydes d’azote (NOx) de la norme actuelle d’homologation . Selon l’étude du MIT, 2 600 décès prématurés pourraient être évités si Volkswagen réajustaient le niveau d’émissions réelles des véhicules étudiés au niveau des normes d’ici la fin de l’année (2).
Les gouvernements, dont la France, doivent prendre leurs responsabilités pour que les constructeurs automobiles diminuent, sans effets négatifs pour les consommateurs, les niveaux d’émissions des véhicules en circulation pour limiter leurs impacts.

La réforme structurelle vers une agence européenne indépendante est nécessaire

Comme l’atteste le rapport de la commission d’enquête du Parlement européen publié mardi (3), le dieselgate est le résultat du laxisme et de l’absence de contrôle strict du respect des normes au niveau des Etats dont la France.

La mise en place d’une agence européenne de surveillance du marché automobile, qu’elle préconise, est indispensable pour garantir l’indépendance des tests mais également pour dissuader les abus. Celle-ci doit pouvoir superviser de manière indépendante les services de tests nationaux mais aussi effectuer des tests supplémentaires sur les véhicules présents sur le marché européen. Cette autorité serait compétente pour sanctionner les agences de certifications ainsi que les constructeurs automobiles en cas de non-respect de la norme.

Afin d’éviter que ce scandale ne se répète, les eurodéputés français et le gouvernement français, amenés à voter prochainement, doivent défendre vigoureusement la mise en place rapide d’une telle autorité. L’efficacité des réglementations sur la pollution et le CO2 des véhicules pour lutter contre les changements climatiques et préserver la santé publique en dépend.

Enfin, la transition du secteur des transports vers des mobilités alternatives à la voiture individuelle doit plus que jamais revêtir un caractère prioritaire dans les politiques publiques décidées aux niveaux national, local et européen.

Notes

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