Europe

Politique climatique dans le nouveau Traité franco-allemand : Passer de la parole aux actes

56 ans après la signature du Traité de l'Elysée, la France et l’Allemagne actent une nouvelle étape dans leur amitié à l’occasion de la signature par le Président de la République française, Emmanuel Macron, et la Chancelière de la République fédérale d'Allemagne, Angela Merkel, d’un nouveau traité de coopération.

Angela Merkel et Emmanuel Macron (c)  European Council
Angela Merkel et Emmanuel Macron (c) European Council

56 ans après la signature du Traité de l’Elysée, la France et l’Allemagne actent une nouvelle étape dans leur amitié à l’occasion de la signature par le Président de la République française, Emmanuel Macron, et la Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, Angela Merkel, d’un nouveau traité de coopération aujourd’hui à Aix-La-Chapelle.

Le chapitre « Développement durable, climat, environnement et affaires économiques » pourrait renforcer la coopération institutionnelle des deux pays dans la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Cela pourrait aboutir à une meilleure collaboration dans les domaines de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables et du développement des infrastructures.

Les organisations environnementales allemandes et françaises regrettent, toutefois, le manque de clarté et d’objectifs ambitieux en matière de politique climatique. Les deux pays doivent enfin passer des paroles aux actes.

Morgane Créach, Directrice du Réseau Action Climat France :

«Face à l’urgence sociale et climatique, Emmanuel Macron et Angela Merkel devraient engager le couple franco-allemand dans une transition écologique commune, qui permettrait à la fois de créer des millions d’emplois, mais aussi de protéger les plus vulnérables. Cela passe notamment par un deal entre les deux pays pour coordonner la transformation de leurs mix énergétiques vers la fin des fossiles et du nucléaire. Les ONG françaises et allemandes regrettent que ce projet indispensable pour l’Europe ne figure pas au cœur du Traité d’Aix-la-Chapelle entre la France et l’Allemagne, pourtant censé sceller leur coopération pour les décennies à venir. »

Hermann Ott, membre du Directoire de Deutscher Naturschutzring DNR :

«Aujourd’hui, Angela Merkel et Emmanuel Macron renouvellent leur engagement en faveur de l’amitié franco-allemande en fanfare. Le Traité propose certes nombre de bonnes pistes, cependant rien de véritablement festif ou réjouissant sur le plan de la protection du climat et de l’environnement. Il manque une vision claire, des mesures concrètes et des objectifs. Les ONG allemandes et françaises demandent depuis longtemps aux deux pays de coordonner leur transition énergétique et leur politique climatiques. En particulier face au Brexit, une politique climatique ambitieuse aurait la capacité de renforcer les liens entre les États membres de l’UE. »

Les ONG allemandes et françaises ajoutent 

Arnaud Schwartz, Secrétaire National de France Nature Environnement :

« Nous avons définitivement besoin d’un plan plus vaste. Face à l’effondrement de la biodiversité et au changement climatique, Angela Merkel et Emmanuel Macron devraient entendre nos recommandations économiques : désinvestir des pratiques non durables, cesser les subventions aux énergies fossiles, sortir du nucléaire, réduire les inégalités de richesse et veiller à ce que les coûts réels que les habitudes de consommation imposent à notre environnement soient payés. En réalité, nous avons besoin d’une autre économie et ce « nouveau Traité de l’Elysée » manque en la matière cruellement d’ambition et de sens des priorités. »

Clément Sénéchal, Chargé de campagne à Greenpeace France :

« Avec ce traité, les deux pays s’engagent à transformer leurs économies pour favoriser “des actions ambitieuses de lutte contre les changement climatiques”. Hélas, France et l’Allemagne sont pour le moment incapables de s’entendre sur une sortie coordonnée de leurs industries polluantes, le charbon et le nucléaire. Il y a pourtant urgence, tant cette discorde freine l’ambition climatique européenne. » »

Michael Schäfer, Responsable Climat et Energie au WWF Allemagne :

« La transition énergétique européenne nécessite une politique énergétique coordonnée entre l’Allemagne et la France, dans laquelle l’Allemagne sort progressivement du charbon et la France du nucléaire. Malheureusement, il n’y a pas un seul mot à ce sujet dans le nouveau traité d’Aix-la-Chapelle. Rien non plus sur les instruments nécessaires, tel un prix planché du CO2 au niveau européen, qui permettrait d’accélérer la sortie des énergies fossiles. C’est une opportunité manquée. »

Sascha Müller-Kraenner, Directeur Général de Deutsche Umwelthilfe :

« Nous invitons la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron à prendre des mesures communes concrètes dans les domaines de l’efficacité énergétique et de la promotion des énergies renouvelables. Des problèmes tels que les appels d’offres transfrontaliers pour les énergies renouvelables ou la sortie de la production d’énergie d’origine fossile ou nucléaire des deux côtés du Rhin doivent finalement être traités avec sérieux. »

Stefan Krug, Directeur Politique de Greenpeace Allemagne :

« Si l’on peut se réjouir que le nouveau traité de l’Elysée souligne la nécessité de lutter contre le changement climatique, France et Allemagne sont pour le moment incapables de se coordonner pour changer de politique énergétique : la France continue de privilégier le nucléaire aux énergies renouvelables, l’Allemagne table encore sur le charbon pour plusieurs années. A quelques mois du Brexit, les deux grandes puissances du vieux continent manquent ainsi l’occasion de renforcer la politique climatique de l’Union Européenne. »

Christoph Bals: Directeur Politique de Germanwatch :

« Il est salutaire que la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat et celle de l’Agenda 2030 constituent désormais l’un des fondements de l’amitié franco-allemande pour les prochaines décennies. Cela offre en particulier la possibilité d’agir ensemble pour la transformation, notamment en matière de politiques de transport, d’énergie et de numérisation. Cependant, nous aurions souhaité un engagement clair en faveur de l’objectif de neutralité des émissions de gaz à effet de serre pour 2050. À cet égard, la Commission européenne se montre plus ambitieuse avec sa proposition pour une stratégie énergie-climat à long terme. »

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