Élections municipales : analyse des programmes à Paris
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Paris, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale.
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Paris, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale. Les engagements portés par David Belliard, Agnès Buzyn, Rachida Dati et Anne Hidalgo ont été décryptés au prisme de 10 mesures concrètes à mettre en œuvre au cours du prochain mandat. Alors qu’Anne Hidalgo et David Belliard se détachent, Agnès Buzyn peut aller plus loin et Rachida Dati est à la traine.
Alors que la capitale est le théâtre de nombreuses mobilisations citoyennes pour le climat et que 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des élections municipales[1], les candidats doivent s’engager sur des mesures concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, à mettre en œuvre au cours de leur mandat. Les villes françaises sont responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre nationales, et Paris doit être en tête de course pour limiter ces émissions.
Le Réseau Action Climat propose un décryptage des programmes au prisme de 10 mesures concrètes et ambitieuses pour le climat et analyse si la mesure est soutenue ou non par chacun des candidats. A Paris, la question de la pollution de l’air, de la réduction de la place des transports polluants au profit des mobilités alternatives est une priorité : il est urgent d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et rendre à la capitale un air sain.
Notre analyse met en avant d’importants écarts entre les candidats sur les mesures structurantes à mettre en œuvre pour le climat. Sur l’enjeu du transport et de la mobilité, David Belliard (EELV) et Anne Hidalgo (PS et alliés) se démarquent par leurs propositions pour réduire la place de la voiture dans les déplacements de demain, via l’instauration de zones à faibles émissions et la sortie du diesel d’ici à 2024. Par ailleurs, on retrouve chez Agnès Buzyn (LREM), tout comme chez Anne Hidalgo et David Belliard, une proposition intéressante visant à aménager le périphérique pour laisser une voie réservée aux transports en commun, au covoiturage et aux véhicules propres. David Belliard soutient aussi trois mesures notables : la limitation de la publicité dans l’espace public, la mise en place d’une tarification incitative pour réduire les déchets et l’arrêt de nouvelles autorisations pour la création de centres commerciaux. Pour développer une agriculture durable, Anne Hidalgo se démarque pour aider l’installation d’agriculteurs paysans et la diffusion de leurs produits. A l’inverse, le programme de Rachida Dati (LR) dénote par l’absence totale de prise en compte de l’enjeu climatique : les propositions n’apparaissent pas et certaines propositions vont même dans le mauvais sens, par exemple celles qui portent sur le développement des parkings et qui favoriseraient ainsi les véhicules individuels.
Ces mesures ne forment qu’un socle minimal d’actions à mettre en œuvre : pour faire face à l’urgence climatique et sociale, les futurs élu.e.s devront aller plus loin et adapter leurs politiques aux enjeux locaux. Les citoyens mobilisés partout en France se rendront dans la rue le 14 mars pour la Marche du Climat et rappelleront, à la veille du premier tour, qu’ils exigent des mesures fortes et qu’ils suivront les engagements des candidats, pour qu’au delà de la parole, la lutte pour le dérèglement climatique se traduise en actes.
Si les candidats souhaitent préciser leurs programmes ou certaines propositions, le Réseau Action Climat publiera une mise à jour de son décryptage le lundi 9 mars.
[1] (novembre 2019, Elabe-Veolia)
David Belliard – Europe Ecologie-Les Verts
Supprimer la moitié des places de parking en surface, piétonniser les abords de 300 écoles, mettre en place la sortie du diesel et du véhicule thermique… Le candidat écologiste donne la priorité à la réduction de la place de la voiture et au développement des alternatives que sont les transports en commun et les mobilités actives notamment le vélo. Seul candidat parisien à s’engager sur l’interdiction des écrans publicitaires numériques, il propose par ailleurs ”d’arrêter de délivrer de nouvelles autorisations pour la création de centres commerciaux”. S’il propose une mesure ambitieuse pour la restauration collective en mettant “en place une alternative végétarienne quotidienne équilibrée, ainsi qu’un repas végétarien et un végétalien hebdomadaire” ; il serait nécessaire de préciser les mesures à mettre en œuvre pour aider à l’installation de nouveaux agriculteurs qui produisent de manière durable. De même, l’objectif de développement des énergies renouvelables et de rénovation énergétique des logements pour le prochain mandat mériteraient d’être quantifiés pour atteindre 10% de logements rénovés.
Agnès Buzyn – La République en Marche
Agnès Buzyn ne prend aucun engagement fort pour réduire la place de la voiture à Paris et ne détaille pas assez les mesures de soutien aux mobilités alternatives (absence d’aide pour l’accès aux vélos via l’aide à l’achat ou la location, absence de tarification solidaire pour les transports en commun). En revanche, elle s’engage à développer une voie réservée aux véhicules propres, au covoiturage et aux transports en commun sur le périphérique. Sur le volet alimentation, la candidate propose également de développer une alimentation 100 % locale, équitable ou biologique dans les cantines. Le reste du programme propose très peu d’engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En effet, l’objectif relatif à la rénovation énergétique des logements n’est pas quantifié et la question des énergies renouvelables est à peine évoquée. L’aide à la structuration des filières agricoles durables ne tient pas compte de l’accompagnement nécessaire à l’installation des agriculteurs. Enfin, le programme reste muet quant à un moratoire sur l’installation des grandes surfaces ou la publicité.
Rachida Dati – Les Républicains
Le climat est absent du programme de Rachida Dati. Rénovation énergétique des logements, limitation de la place de la voiture et développement des transports en commun et du vélo, tri à la source des biodéchets, structuration des filières agricoles durables, développement des énergies renouvelables, etc. Aucune des thématiques structurantes n’apparait dans le programme. Certaines mesures sont même synonymes de régression, puisque la candidate favorise la place de la voiture individuelle via le soutien aux parkings. La candidate des Républicains pour la mairie de Paris se démarque donc dans le décryptage parisien par son absence de prise en compte de la transition climatique et juste : le peu de propositions concernant la lutte contre la pollution de l’air reposent sur l’installation de purificateurs d’air dans les écoles.
Anne Hidalgo – Parti Socialiste et ses alliés
Passage du périphérique en boulevard urbain, mise en place d’un grand réseau vélo, développement des rues piétonnes… ces propositions vont dans le sens d’un soutien aux mobilités actives et à la réduction de la place de la voiture. L’actuelle maire de Paris a construit une bonne partie de son programme autour des mobilités alternatives, , mais aussi de la rénovation énergétique des logements et de l’agriculture et l’alimentation durables. On relève également une volonté de généraliser une politique expérimentée ces dernières années, concernant la collecte des biodéchets. En revanche, elle ne mentionne aucune proposition en faveur de la réduction de la publicité et de l’interdiction des panneaux numériques (qui encouragent pourtant à la surconsommation) et n’aborde que de manière succincte le développement des énergies renouvelables. De même, Anne Hidalgo ne s’engage pas clairement à limiter l’étalement urbain via l’instauration d’un moratoire sur l’ouverture ou l’extension de grandes surfaces.
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