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Emmanuel Macron au Sommet Ambition Climat : Les discours ne sauvent pas le climat

À la tribune du Sommet Ambition Climat, Emmanuel Macron a loué les progrès de l’action climatique depuis l’adoption de l’Accord de Paris. Mais il a éludé une réalité bien moins glorieuse : tant en matière d’action nationale qu’internationale, la France n’honore pas l’héritage de la COP21 organisée à Paris en 2015.

Secheresse

Les résultats du Conseil européen, conclu vendredi, permettent à l’Union européenne d’accélérer sa transition écologique pour les 10 ans à venir, en visant une réduction d’au moins 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990. C’est une étape indispensable dans la lutte contre le dérèglement climatique, même si cette ambition risque d’être un trompe-l’œil en comptant sur l’absorption du CO2 par les forêts et les sols, affaiblissant ainsi l’objectif réel de baisse des émissions en Europe. Cet objectif ne peut être qu’un plancher : l’Europe doit et peut aller plus loin dans la mise en œuvre grâce au Green Deal et au plan de relance européen. La France doit prendre sa part dans l’ambition européenne.

Or, le Président a omis de son discours que le nouvel objectif européen doit se traduire – a minima – par une augmentation similaire de l’ambition climatique au niveau français : au moins 55 % de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en 2030. Dans ce contexte, les recommandations de la Convention Citoyenne pour le Climat, évoquées par Emmanuel Macron dans son discours, ne doivent pas être vidées de leur substance, comme s’y est attelé le Gouvernement au cours des dernières semaines, mais bien être transmises sans filtre au Parlement, puis renforcées. Le projet de loi climat qui sera présenté en conseil des ministres fin janvier devra refléter cet impératif, pour ne pas mettre définitivement la France hors des clous. Pour rappel, le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre reste largement insuffisant en France, selon le Haut Conseil pour le Climat.

Le sommet du 12 décembre était l’occasion pour Emmanuel Macron de prouver la solidarité de la France envers les populations en première ligne du dérèglement climatique. Alors que les impacts se multiplient et s’aggravent partout dans le monde, une augmentation des financements climat, notamment sous forme de dons, est indispensable pour soutenir les pays les plus pauvres dans leurs efforts de transition écologique et d’adaptation. Pourtant, Emmanuel Macron s’est contenté d’annoncer le maintien du statu quo sur les financements climat français, par rapport à 2019 : 6 milliards d’euros et ⅓ de financements pour l’adaptation. C’est insuffisant pour répondre aux besoins, et incompatible avec l’objectif d’équilibre entre financement de l’adaptation et de l’atténuation, inscrit dans l’Accord de Paris. D’ici à la COP26, le Réseau Action Climat attend un engagement de la France pour atteindre 8 milliards d’euros par an d’ici à 2025, dont la moitié pour l’adaptation et 35 % sous forme de dons.

Enfin, alors que Boris Johnson a annoncé mettre fin aux  financements aux énergies fossiles du Royaume-Uni à l’international au plus vite, l’engagement de la France à y mettre en partie un terme 15 ans plus tard, renvoie une piètre image de l’ambition française2.

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