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Législation sur le futur énergétique de l’Europe : la France prend le parti des pro-gaz

A l'issue de la réunion des ministres européens de l'énergie autour de la législation du financement des infrastructures de transports du gaz fossile, la position de la France marque un recul franc dans la fin des énergies fossiles : opposée au financement public des gozoducs, elle reste favorable au "blending".

Barbara Pompili

Aujourd’hui, se réunissaient les ministres européens de l’énergie autour du règlement TEN-E, sur le futur des infrastructures énergétiques du continent, permettant également de définir les priorités pour les financements publics. À l’issue de cette réunion, la position de la France marque un recul franc dans la lutte contre les énergies fossiles : bien qu’opposée aux financements publics des gazoducs, elle reste favorable au soutien du « blending », mélange dans les mêmes infrastructures de gaz fossiles et d’hydrogène. Par ailleurs, elle rejette l’idée de produire de l’hydrogène exclusivement à base d’énergies renouvelables.

Le Conseil de l’Union européenne souhaite laisser les vannes des énergies fossiles ouvertes en favorisant des investissements importants dans des infrastructures de gaz fossile au moins jusqu’en 2027. Le Réseau Action Climat et les Amis de la Terre déplorent le rôle de la France dans ce dossier. Bien que la France ait soutenu la fin des financements aux grandes infrastructures gazières, elle a aussi dans le même temps accepté que des investissements massifs aillent dans des projets de blending donnant un rôle important au gaz fossile. La France aurait pourtant pu s’opposer à cette fausse solution et faire basculer la majorité dans le camp des 11 États-membres, dont l’Allemagne, qui appelaient à exclure le gaz fossile des futures infrastructures énergétiques européennes. Au lieu de cela, elle a finalement privilégié son alliance avec les pays pro-gaz pour sauver le nucléaire.

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Neil Makaroff, responsable des politiques européennes au Réseau Action Climat France : “En soutenant en priorité son alliance avec les pays pro-gaz pour protéger ses intérêts nucléaires, la France prend le risque de faire du Green Deal européen une opération de greenwashing pour les géants du gaz. Maintenir les vannes du gaz fossile ouvertes à travers des investissements massifs pour faire transiter de l’hydrogène dans les gazoducs risque de faire dérailler l’Europe de sa trajectoire vers la neutralité climatique ! L’argent du contribuable européen doit aller vers la transition énergétique et non pas dans une addiction toujours plus sévère aux énergies fossiles.”  

Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France  : “Le gouvernement français et la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili ont une fois encore fait passer les intérêts de l’industrie gazière devant le respect de ses objectifs climatiques. La France essaye de faire croire qu’elle est leader sur les enjeux de finance climat. Mais après un sabotage en règle de la taxonomie verte, elle a aujourd’hui sacrifié une seconde réglementation européenne clé pour engager une réorientation des flux financiers vers la transition. Le gouvernement doit renoncer à ce dangereux rôle de boulet du climat.”

Liens utiles

Communiqué de presse du Réseau Action Climat et des Amis de la Terre France du jeudi 11 juin 2021.

Briefing du Réseau Action Climat sur la réglementation européenne Ten-E.

Contacts 

Neil Makaroff, Responsable Europe, Réseau Action Climat, neil.makaroff@reseauactionclimat.org, +33 (0) 683264332

Lorette Philippot, Chargée de campagne finance privée, Les Amis de la Terre France, lorette.philippot@amisdelaterre.org, +33 (0) 640188284

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