Énergie
Bluesky

Le Premier Ministre veut-il sacrifier la transition énergétique pour plaire au Rassemblement National ?

Selon Contexte, Lecornu envisagerait un moratoire puis une baisse des soutiens aux énergies renouvelables, témoignant d'une soumission au RN et d'une vision désastreuse pour l'avenir énergétique français.

Lecornu
© Ecole polytechnique / Institut Polytechnique de Paris / J.Barande

En envisageant un moratoire sur les énergies renouvelables, et ce avant même d’avoir nommé un ministre de l’énergie, Sébastien Lecornu indiquerait que la rupture qu’il avait annoncée ne se fera pas dans le sens d’une transition énergétique ambitieuse. 

Le Réseau Action Climat dénonce une manœuvre cynique qui nuirait gravement à la transition écologique et à la souveraineté énergétique de la France.

L’idée de moratoire s’inscrit dans une série d’attaques à l’encontre des énergies renouvelables depuis plusieurs années, et qui s’intensifie gravement depuis 2025, sous l’influence de la droite et de l’extrême droite. En juin 2025, le vote d’un amendement déposé par Les Républicains (LR) proposant déjà un moratoire, avait alors suscité un sursaut parmi les députés de la gauche au bloc central. Dans ce contexte, décider d’un moratoire par décret reviendrait à outrepasser le parlement.

Le Premier Ministre contre la souveraineté de la France

Face aux manœuvres et aux annonces irrationnelles, le Réseau Action Climat tient à rappeler quelques données qui devraient être des évidences lorsque l’on prétend agir pour la transition et la souveraineté énergétiques de la France.

D’abord, pour se passer des énergies fossiles, dont les importations pèsent pour plus de 60 milliards d’euros par an sur notre déficit commercial, il faut à la fois consommer moins d’énergie et électrifier les usages. Cette dernière action demande de développer les énergies renouvelables, les nouveaux réacteurs nucléaires ne pouvant pas être déployés avant 2038 au plus tôt selon les constructeurs, et à un prix prohibitif pour l’Etat et son entreprise EDF.

Ensuite, les filières industrielles des énergies renouvelables électriques sont en croissance forte, et font donc l’objet d’une compétition internationale féroce. En ce moment même, deux usines de panneaux solaires tentent de se lancer en France pour concurrencer le quasi-monopole chinois. Quel serait leur avenir sans un marché français dynamique ?

Sur le marché de l’éolien, la concurrence est intense entre l’Europe et la Chine. Les entreprises européennes, qui créent de nombreux emplois en France, ont besoin de souffle dans un contexte où Donald Trump mène une politique ouvertement climatosceptique et pro-fossiles aux Etats Unis, les privant d’un marché qu’elles dominaient.

De même, les constructeurs français sont bien positionnés sur les équipements de la transition : véhicules électriques, batteries, pompes à chaleur, etc. Or ces équipements ne peuvent se développer que si la France dispose d’assez d’électricité propre et abordable pour se développer. Les énergies renouvelables étant les énergies décarbonées qui vendent leur production le moins cher, et les seules à pouvoir produire plus d’ici 2038 minimum, elles sont la seule solution viable.

Ainsi, ce moratoire envisagé par Sébastien Lecornu signifierait explicitement qu’il renonce : 

  • à sortir la France de sa dépendance aux fossiles, cédant donc aux velléités de plus en plus explicites et violentes de Donald Trump;   
  • à positionner la France et l’Europe sur les filières des renouvelables et de la transition, préférant laisser les industries du futur à la Chine.

En tendant la main au Rassemblement National, le premier ministre reprend à son compte un programme climatosceptique vouant la France à une soumission énergétique.

Le Réseau Action Climat appelle les députés du bloc central à prendre dès maintenant leurs distances avec cette mesure proposée par Sébastien Lecornu et à ne plus laisser les Premiers Ministres céder aux demandes du Rassemblement National.

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