La taxonomie verte européenne devient un outil de greenwashing
L’Union européenne crée un précédent important en se dotant du premier registre mondial des investissements “verts”. Cependant, les conditions pour réorienter la finance vers la transition écologique ne sont pas réunies.
L’Union européenne crée un précédent important en se dotant du premier registre mondial des investissements “verts”, et ce en amont du Sommet sur le climat organisé par l’administration Biden. Cependant, les conditions pour réorienter la finance vers la transition écologique ne sont pas réunies : d’une part en accédant à la demande de la France et en laissant la porte ouverte à l’inclusion du gaz fossile et du nucléaire dès l’été, la Commission risque de décrédibiliser cet outil et d’en faire un instrument de greenwashing pour les industries polluantes. D’autre part, des critères désastreux ont été retenus pour les secteurs de la forêt et de la bioénergie, poussant des ONG, dont le WWF qui a participé au groupe d’experts chargé d’élaborer les critères de la taxonomie, à appeler le Conseil et le Parlement à rejeter l’acte délégué.
Le Réseau Action Climat rappelle qu’il est primordial que la taxonomie européenne soit un outil régi par des critères rationnels et scientifiques et non pas le fruit de batailles menées par un lobbying intense de la part des États et des industries polluantes. Les investissements doivent non seulement contribuer à l’objectif d’atténuation du dérèglement climatique, mais aussi ne pas être néfastes aux autres enjeux comme la protection de la biodiversité ou la circularité de l’économie, ce qui n’est ni le cas du nucléaire ni du gaz fossile. Les inclure ferait perdre sa crédibilité à un instrument important pour réorienter les flux financiers vers des activités vertes.
Le Réseau Action Climat déplore que la France, en poussant sans relâche les intérêts de son industrie nucléaire, quitte à former une alliance avec les Etats partisans du gaz fossile, ait contribué à miner le débat sur la taxonomie. Le silence assourdissant de la France sur l’intégration du gaz fossile dans la taxonomie européenne, alors qu’elle prend position en la personne du Président de la République aux côtés de la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, la Slovénie et la Roumanie pour pousser le nucléaire, laisse entendre la création d’un deal nucléaire-gaz, désastreux pour le Green Deal européen et destructeur pour la crédibilité de la taxonomie.
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