La France fait-elle sa part juste dans la réduction mondiale des gaz à effet de serre?
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui un rapport sur la part juste de la France dans la réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre. Ce rapport vise à mettre le principe d’équité et de justice climatique au centre de la lutte mondiale contre les changements climatiques.
Si la science nous dit clairement que pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent diminuer de 45% par rapport au niveau de 1990, elle n’indique pas comment ces efforts doivent être répartis entre les pays. Les associations du Réseau Action Climat, parmi lesquelles CARE France, Oxfam France, Secours Catholique-Caritas France et Action contre la Faim, ont donc tenté de répondre à cette question en appliquant la méthodologie du Climate Equity Reference Project.
Les critères de calcul de la part juste
Deux critères d’équité sont à prendre en compte dans le calcul de la part juste : la responsabilité historique de la France dans les émissions de gaz à effet de serre et sa capacité d’agir pour lutter contre les changements climatiques, c’est-à-dire sa richesse nationale. Selon ces deux critères et en respectant une trajectoire de réduction d’émissions compatible avec un réchauffement de +1,5°C, la France devrait réduire ses émissions de -168% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990.
La France doit faire plus pour atteindre sa part juste
Il est évident que cette réduction n’est pas faisable uniquement sur le plan domestique, mais doit être mise en œuvre à travers un soutien international conséquent aux pays du Sud. Ces derniers doivent être aidés pour pouvoir non seulement réduire leurs émissions, mais également s’adapter aux impacts du changement climatique et répondre aux pertes et dommages, qui sont les conséquences irréversibles de la crise climatique. Le rapport estime que sur les -168% de la part juste française, -65% devrait être réalisé sur le territoire national à travers des mesures sectorielles de réduction des émissions dans l’industrie, l’agriculture, les transports, tout en veillant à ce que ces mesures soient socialement justes et ne laissent pas les plus précaires en marge de la transition. Le reste de la part juste française devrait être fournie sous forme de soutien international, notamment via des financements climat à hauteur de 400 milliards d’euros d’ici à 2030.
Pour Aurore Mathieu, Responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat :
La part juste est en réalité une dette climatique. La lutte contre les changements climatiques doit se faire aussi bien sur le plan domestique que sur le plan international et la France, en tant que pays riche historiquement responsable des émissions de gaz à effet de serre doit jouer un rôle beaucoup plus important, et doit montrer l’exemple en plaçant l’équité au cœur de sa politique.
A la lumière de sa part juste, les objectifs climatiques actuels de la France, qu’ils soient domestiques ou internationaux, sont largement insuffisants et doivent être rehaussés de toute urgence. Les candidats à l’élection présidentielle française devraient également se saisir de cette question de justice climatique.
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