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Impacts du changement climatique : les territoires d’Outre-mer en première ligne

Le Réseau Action Climat publie un rapport sur les conséquences du changement climatique dans les territoires d’Outre-mer. Il propose un panorama des impacts présents et futurs ces régions à travers de nombreux exemples concrets.

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Mamoudzou, capitale de Mayotte, après le passage du cyclone Chido en décembre 2024 - © Alexis Duclos - AFP

Dans la lignée de son rapport sur les impacts du changement climatique dans les différentes régions de France en septembre 2024, le Réseau Action Climat publie un nouveau rapport spécifique aux 11 territoires d’Outre-mer[1]. Sur la base des données scientifiques existantes, il propose un panorama des impacts présents et futurs dans les différentes régions d’Outre-mer tout en montrant la réalité des territoires à travers de nombreux exemples concrets et des témoignages de personnes concernées. Le constat est clair : les Outre-mer sont parmi les territoires les plus exposés aux impacts du changement climatique.

Cyclones, sécheresses, montée des eaux : des impacts déjà très importants

Ces phénomènes sont une réalité pour des centaines de milliers de personnes, et leur intensité s’aggravera dans les années à venir, le rapport alerte sur :

  • Une intensification des cyclones tropicaux : dans un scénario de réchauffement de +2°C, les cyclones les plus sévères (de catégorie 4 et 5) seront en hausse de 13%.
  • Une élévation rapide du niveau de la mer, qui pourrait atteindre jusqu’à +76 cm à l’échelle mondiale voire 1 mètre en 2100 dans un scénario pessimiste, menaçant dès à présent de vastes zones habitées.
  • La disparition accélérée des récifs coralliens, déjà dégradés à 70 % en Guadeloupe, avec des conséquences sur la biodiversité, la pêche, le tourisme et la protection des côtes.
  • Des sécheresses plus fréquentes, longues et intenses, compromettant l’approvisionnement en eau et la production agricole
  • Le recul du trait de côte qui va engloutir des pans de territoires.

Ces impacts ont des répercussions en chaîne lors des situations d’urgence (évacuations, pertes d’habitations, services publics à l’arrêt etc) et sur le long terme en mettant en danger les vies humaines, les écosystèmes et les tissus économiques locaux.

Accès à l’eau, pauvreté, inégalités : des fragilités structurelles aggravées par le changement climatique

Les territoires d’Outre-mer sont tous différents, avec leurs propres spécificités géographiques, culturelles et sociales. Ils partagent néanmoins un point commun : tous sont particulièrement vulnérables face aux impacts du changement climatique, du fait de leur exposition naturelle, mais aussi et surtout à cause de facteurs structurels. Par exemple, les inégalités sociales y sont nettement plus marquées que dans l’Hexagone : 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté à Mayotte[2], 53 % en Guyane et 42 % à La Réunion (contre 14,4 % dans l’Hexagone).

L’accès à l’eau potable illustre parfaitement ces fragilités : l’eau est non seulement la plus chère de France — 6,52 €/m³ en Guadeloupe[3] (prix le plus élevé, contre 4,19 €/m³ dans l’Hexagone) — mais son approvisionnement est aussi extrêmement précaire : en Guadeloupe, à La Réunion, en Martinique ou à Mayotte, entre 35 % et 63 % de l’eau est perdue à cause de la vétusté des réseaux (fuites). Ces pertes, conjuguées au manque de sources naturelles, aux problématiques de qualité de l’eau et aux périodes de sécheresse plus intenses et plus longues, mettent en péril la sécurité hydrique de centaines de milliers de personnes. 

Cette partie sur l’accès à l’eau trouvera son prolongement dans un rapport de l’association Notre Affaire A Tous à paraître le 23 juin.

Une adaptation indispensable, aujourd’hui sous-dimensionnée

Les Outre-mer ont peu contribué au changement climatique, mais subissent de plein fouet ses conséquences. Face à l’ampleur des défis, l’adaptation n’est plus une option mais une nécessité urgente.

Le Réseau Action Climat appelle l’État à renforcer son soutien aux territoires d’Outre-mer : moyens financiers à la hauteur des enjeux, politiques climatiques pensées à l’échelle locale et adaptées aux spécificités de ces territoires, appui aux autorités publiques comme aux habitants. Les solutions d’adaptation doivent être efficaces, soutenables, et surtout adaptées aux contextes locaux. La prise en compte des savoirs autochtones, des besoins des populations et des réalités institutionnelles est indispensable.

À l’approche de la COP30, qui se tiendra en novembre au Brésil, le rapport rappelle aussi l’importance d’une meilleure représentation des Outre-mer dans la délégation française dans le cadre des négociations climatiques internationales. Leurs réalités doivent être pleinement entendues et intégrées aux décisions.

La France face au changement climatique : les Outre-mer, premiers exposés

Notes et références

[1] Le rapport se concentre sur les 11 territoires habités : la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion, la Martinique, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna.

[2] https://www.insee.fr/fr/statistiques/4622377

[3] https://www.vie-publique.fr/en-bref/285781-eau-potable-dans-quelle-region-de-france-est-elle-la-plus-chere

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