Absentes.

Le Rassemblement National ne propose aucune mesure visant à financer, au niveau européen, l’accompagnement des ménages, en particulier les plus précaires face aux transformations impliquées par la transition écologique (par ex: aide à la rénovation énergétique, aides aux mobilités propres…). De même sur la question de la transformation des emplois (soutien aux filières, financement des reconversions…) , le RN ne fait pas de proposition. 

• Protéger les forêts des effets du changement climatique (dépérissement précoce des arbres, prolifération des parasites et insectes ravageurs, extension des feux de forêts et des sécheresses). Renforcer la coopération intra-européenne en matière de gestion, de protection des forêts et d’anticipation des effets du changement climatique.
• Abrogation du Pacte vert européen

Le programme du RN  demande l’abrogation du Pacte vert, ne fait aucune proposition sur la protection de la biodiversité, l’impératif de la restauration de la nature, ou celui d’améliorer les normes de qualité de l’air européennes pour préserver la santé des citoyens. 

Le Rassemblement National propose une mesure qui est soit maladroitement rédigée, soit construite sur une vision sous-jacente d’exploitation intensive des forêts. Selon le RN, les capacités d’adaptation naturelles des forêts ne suffiront pas, alors qu’il est prouvé que les forêts aux structures plus proches de leur état naturel sont plus résilientes. Le RN propose de renforcer la coopération au niveau intra-européen sur la gestion, la protection des forêts et l’anticipation des effets du changement climatique alors que de nombreux Etats s’opposent à ce que la forêt soit gérée au niveau européen. En l’absence de mesure sur la restauration de la nature, cela pourrait ne pas faire appel à des solutions fondées sur la nature.

• Défendre l’exception agriculturelle française, préserver les revenus des producteurs et la sécurité alimentaire.
• Remettre en cause la stratégie « De la Ferme à la Fourchette », pause réglementaire. 
• Moratoire sur la négociation de nouveaux accords de libre-échange par l’UE, imposer aux importations le respect des normes environnementales et sociales européennes, véritable taxe carbone aux frontières européennes, en taxant les produits finis et semi-finis, plutôt que les matières premières.

Si le RN propose d’instaurer des mesures miroirs pour faire respecter aux importations les normes environnementales et sociales européennes, ce qui va dans le bon sens, au niveau européen (domestique) le RN propose des reculs sur l’ambition environnementale: pause réglementaire, suppression de la stratégie de la ferme à la fourchette européenne qui visait la transition vers un système alimentaire positif pour la biodiversité, le climat et la santé et prévoyait entre autres: la réduction de 50 % du recours aux pesticides d’ici à 2030, d’augmenter les surfaces consacrées au bio pour atteindre 25 % en 2030, d’améliorer le bien être animal etc. Par ailleurs, le RN ne fait pas de proposition sur l’alimentation durable (étiquetage environnemental, régulation de la publicité pour les produits alimentaires, etc.). Le RN n’évoque pas non plus l’enjeu de l’interdiction des biocarburants qui concurrencent les usages alimentaires.  

• Redéploiement massif du transport ferroviaire en permettant aux États de déroger aux règles européennes de concurrence
• Abrogation de l’interdiction de la vente des voitures à moteur thermique en 2035

Le Rassemblement national ne traite pas véritablement la question de la transition de nos mobilités dans son programme. Pourtant, le secteur des transports représente à lui seul plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre de l’Europe et le système actuel organisé par et pour la voiture plonge des millions de français et d’européens dans la précarité. 

Le Rassemblement National indique dans son programme vouloir redéployer massivement le transport ferroviaire, mais pour y parvenir ne mentionne que la question des règles européennes de concurrence, et pas les enjeux cruciaux de l’investissement dans les infrastructures ferroviaires ou de l’accessibilité du train. 

En outre, le Rassemblement National souhaite revenir sur la fin de vente des voitures thermiques actée pour 2035, alors même que les constructeurs automobiles eux-mêmes appellent les acteurs européens à maintenir un cap clair pour leur industrie. Surtout, revenir sur cet engagement condamnerait les objectifs climatiques du secteur automobile. 

• Opposition au développement de l’éolien 
• Investissement dans le nucléaire de nouvelle génération, l’hydrogène, la géothermie
• Opposition à la libéralisation des concessions des barrages hydroélectriques
• Assouplissement des obligations européennes de rénovation énergétique des bâtiments (DPE)

Le RN ne fait pas mention de la neutralité carbone ni de la sortie des énergies fossiles dans son programme. En refusant le développement de l’éolien au nom de la variabilité (appelée intermittence), le RN vise à priver l’Europe de son énergie la plus prometteuse, qui remplace rapidement les énergies fossiles, d’où l’attribution d’une note négative. Pire : les reculs souhaités sur la rénovation thermique des logements freinent la lutte contre la précarité énergétique et la baisse de la consommation. Les énergies dont le développement est mentionné dans le programme du RN (hydrogène, géothermie, nucléaire) sont soit marginales, soit des paris technologiques dont le déploiement est trop long pour atteindre nos objectifs (au moins 10 ans). Les reculs proposés sur les énergies renouvelables et sur la rénovation thermique des bâtiments expliquent l’attribution d’une note négative. 

• Autoriser la priorité nationale dans les marchés publics pour défendre les emplois et l’environnement, accord-cadre « Acheter français ou européen ».
• Conditionner le versement des aides européennes structurelles à l’achat de produits européens : matériels de Défense, infrastructures énergétiques.
• Abrogation du Pacte vert européen

La préférence nationale dans les marchés publics proposée par le RN n’est pas suffisante pour orienter la commande publique vers les offres les mieux-disantes environnementalement parlant. Le localisme adresse uniquement l’impact du transport dans toute la durée de vie d’un produit sans intégrer de critères sur les impacts environnementaux des autres phases de la vie d’un bien : extraction des ressources, production, utilisation…

De même, conditionner le versement des aides européennes à l’achat de produits européens ne garantit pas que ces produits soient les plus vertueux en termes environnementaux. 

Les leviers stratégiques pour transformer notre consommation et notre production de manière efficace pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre dont l’économie circulaire et la sobriété ne sont pas évoquées par le RN.

Leur proposition d’abroger le Pacte vert qui contient des législations visant notamment à développer l’économie circulaire justifie l’attribution de la couleur noire. 

• Opposition à de nouveaux emprunts réalisées par la Commission européenne,
• Refus de tout impôt prélevé par l’Union européenne
• Proposition d’investir dans les technologies d’avenir (nucléaire de nouvelle génération, hydrogène, géothermie…)
• Mettre les politiques monétaires au service de l’investissement dans l’économie réelle, la transition écologique
• Abrogation des directives sur le reporting extra financier (CSRD) et sur le devoir de vigilance des entreprises (CSDDD).

Les propositions du Rassemblement National sur le financement de la transition écologique sont soit absentes, soit climaticides en actant notamment des reculs sur les législations européennes existantes sur la finance privée (directive sur le reporting extra-financier, directie sur le devoir des vigilances des entreprises), ce qui explique leur note négative. 

Le RN propose d’investir dans certaines technologies uniquement dont le nucléaire, la géothermie, l’hydrogène, mais sans préciser de montant. Financer en priorité ces technologies retarderait le déploiement de la transition écologique en détournant les investissements d’autres secteurs réellement efficaces pour atténuer le réchauffement climatique:  rénovation énergétique des logements, infrastructures de mobilité décarbonée, économie circulaire etc. 

Le RN s’oppose à tout nouvel impôt européen et toute mise en place de ressources propres européennes. Le refus de tout nouvel impôt supprime une solution d’ampleur pour le financement de la transition écologique dans le respect de la  justice fiscale: en taxant les plus gros pollueurs au niveau européen, nous pourrions éviter de faire peser le coût des transformations sur les ménages pauvres et les classes moyennes. Le RN ne fait aucune proposition sur la réforme du cadre budgétaire européen qui limite fortement l’endettement des Etats pour l’investissement de long terme, ou sur la fin des dépenses néfastes pour le climat et la biodiversité, ni sur la réorientation de la finance privée – à part sur la réorientation de la politique monétaire. 

Enfin, ils proposent de revenir sur deux directives européennes qui améliorent la transparence sur l’impact climatique des entreprises (CSRD) et qui mettent en place des obligations pour respecter les droits humains et environnementaux sur la chaîne de valeur (CSDDD), ce qui explique leur note négative. 

Absentes

Le programme du RN ne formule aucune proposition pour renforcer la démocratie des institutions européennes, la transparence des négociations européennes, ou pour lutter contre les lobbies des énergies fossiles. Il ne propose pas non plus de mesures pour renforcer et garantir l’application des lois européennes.