Des dispositifs publics de reconversion professionnelle morcelés et encore peu mis en débat dans le cadre de la transition écologique
Lorsque l’on aborde la question des reconversions professionnelles, qu’elles soient en lien avec la transition écologique ou pas, on se heurte inévitablement à une pluralité de dispositifs publics aux noms similaires, parmi lesquels il n’est guère évident de se retrouver.
Des fiches explicatives passant en revue les principaux dispositifs de reconversion sont disponibles à la fin de cet article, afin d’en dresser un premier état des lieux.
Les transitions professionnelles, un sujet plus que d’actualité
La crise sanitaire a remis sur le devant de la scène la question des reconversions professionnelles. Dans le cadre spécifique de la transition écologique, le sujet est encore très peu traité et anticipé par les pouvoirs publics Pourtant, la question des pertes d’emplois dans les secteurs les plus polluants et du filet de sécurité prévu pour les travailleurs de ces secteurs est primordiale. En mars 2021 déjà, le CESE publiait un rapport qui dressait un état des lieux du paysage des reconversions professionnelles en France au vu des transformations profondes à venir dans le monde du travail. Nombre des recommandations formulées gardent toute leur pertinence un an plus tard, et tout particulièrement celle qui appelait à “un véritable changement d’échelle dans les politiques engagées en matière de reconversion professionnelle, tant dans leur portée que dans les moyens à leur accorder.”
De leur côté, les partenaires sociaux ont conclu un accord national interprofessionnel en novembre dernier, qui a acté un travail collectif autour de 7 thématiques pour toute l’année 2022. L’un des chantiers sera justement consacré aux “transitions professionnelles”. Réunis en janvier pour le lancement officiel du groupe de travail, les partenaires sociaux doivent proposer des améliorations pour une éventuelle réforme de la formation professionnelle après l’élection présidentielle. Pour remettre dans le contexte, la dernière loi ayant réformé en profondeur l’écosystème de la formation professionnelle date uniquement de 2018 et sa mise en application vient tout juste d’être évaluée par l’Assemblée nationale. Reste à savoir si la transition écologique trouvera sa place dans les discussions.
Des dispositifs aux modalités similaires, peu lisibles pour les travailleurs
Le “Congé de mobilité”, le “CPF de Transition pro”, “Transitions collectives”, le “Projet de transition professionnelle” et le “Congé de reclassement” sont autant de dispositifs mobilisables dans le cadre d’une reconversion professionnelle qui n’induirait pas uniquement une mise à jour des compétences mais nécessiterait plutôt un accompagnement prolongé et personnalisé vers un autre emploi, un autre métier voire même un autre secteur d’activité. On peut distinguer la nature de ces cinq dispositifs de celle de plusieurs autres comme le Conseil en Evolution Professionnelle, par exemple, qui propose un accompagnement gratuit pour tous et extérieur à l’entreprise, pour faire le point à n’importe quel moment sur sa situation et ses envies d’évolutions professionnelles ; ou encore le Compte Personnel de Formation qui est généralement mobilisé individuellement dans le cadre de formations courtes.
Malgré leurs intitulés plus que semblables, les cinq dispositifs pré-cités ne sont pas mobilisables dans les mêmes cas de figure :
Un besoin urgent de simplification et d’articulation
Pour le Réseau Action Climat, la cohabitation entre ces dispositifs, pour certains créés il y a longtemps et restés presque inchangés, quand d’autres en parallèle n’ont cessé d’être renommés et redimensionnés, appelle à une harmonisation et une meilleure articulation afin qu’un suivi efficace puisse être réalisé par les pouvoirs publics et les entreprises. La pérennité du retour à l’emploi pour le salarié ayant bénéficié de l’un de ces dispositifs est trop peu documentée. Ce suivi qualitatif est pourtant essentiel puisqu’il s’agit in fine de s’assurer que les dispositifs soient suffisamment sécurisants pour les travailleurs et qu’ils ne laissent personne de côté (personnes en recherche d’emploi, indépendants, personnes peu qualifiées…) Par ailleurs, le Réseau Action Climat appelle les pouvoirs publics et les différents partenaires impliqués dans la conception et le déploiement de ces dispositifs de reconversion à intégrer l’évolution du monde du travail induite par la transition écologique et à la placer au centre de leurs réflexions.
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