Coupes budgétaires de Bruno Le Maire : le climat et le pouvoir d’achat perdants
Hier, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, a annoncé 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires sur l’année 2024. Parmi ces coupes, le dispositif Ma Prime Rénov’ perd un milliard d’euros, l’aide publique au développement près d'un milliard, et le fond vert pour les collectivités 400 millions.
Des économies sur le dos des plus vulnérables
En baissant le dispositif Ma Prime Rénov’, l’État va ralentir le rythme de la rénovation énergétique, pourtant déjà largement insuffisant, et impacter les ménages les plus pauvres qui auraient le plus à gagner des économies d’énergies.
En supprimant 400 millions d’euros au Fonds Verts qui finance, par le biais des collectivités territoriales, la transition écologique des territoires (rénovation des écoles, renaturation, mobilités durables, etc.), l’État met en péril la capacité d’investissement local, pourtant l’un des leviers les plus efficaces pour la transition écologique. Contrairement aux annonces, ce choix budgétaire démontre bien que l’État n’est pas le seul à devoir “faire des efforts”. Comment demander d’une part aux collectivités d’investir toujours plus dans la transition écologique, tout en ne leur permettant pas d’avoir confiance dans les ressources accordées par l’Etat, qui une fois votées en décembre, peuvent être retirées en février ?
La crise climatique est profondément injuste, les plus durement touchés sont les moins responsables et bien souvent les plus pauvres. Avec la baisse de 800 millions d’euros de l’aide au développement, encore une fois ce sont les plus vulnérables qui seront lésés. Comment la France compte atteindre sa promesse de consacrer 0.7 % de sa richesse nationale à l’aide internationale avec une telle baisse ?
Des économies qui altèrent largement la planification écologique annoncée en septembre
Depuis plusieurs semaines, les annonces du Gouvernement actent des reculs sur la planification écologique présentée en septembre. Elles augmentent notre vulnérabilité et prolongent notre dépendance aux fossiles, et ce alors même que les financements annoncés en septembre pour la transition devraient être augmentés dans le prochain budget pour pouvoir réellement atteindre nos objectifs. Il est essentiel de rappeler que sans corrélation entre le budget de l’Etat et nos objectifs climatiques, nous ne pourrons les atteindre. Alors que la planification écologique a entamé sa déclinaison territoriale, il faut notamment garantir aux collectivités qui la mettent en œuvre des ressources pérennes pour investir et porter des projets de transition structurants. Leur retirer des ressources pourtant annoncées pour l’année en cours est un signal déstabilisateur pour les investissements pour le climat.
Pourtant, il est possible de trouver des ressources financières supplémentaires pérennes comme une fiscalité plus équitable et donc plus importante sur l’aviation ou une contribution des plus aisés à la transition écologique comme proposé dans le rapport Pisani-Ferry & Mahfouz ou bien une taxation des secteurs les plus polluants.
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