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À la COP23, les pays sont « tous dans le même canoë »

Lorsque nous parlons des changements climatiques, nous sommes "tous dans le même canoë" lançait le Premier Ministre fidjien Frank Bainimarama, lors de l’Assemblée Générale des Nations unies en septembre dernier. Cela est plus que jamais d’actualité, car l’urgence d’agir est absolue et doit concerner l’ensemble des pays.

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Alors même que le réchauffement progresse à une rapidité alarmante, les pays ont tous les éléments en mains pour relever le défi de l’urgence climatique. Sauront-ils s’en saisir dès la COP23 ?

Deux ans après la COP21 : l’urgence est absolue

Deux ans après la COP21, le bilan dressé par les principaux organes spécialisés des Nations unies sont ouvertement inquiétants. L’année 2016, à l’image des années précédentes, a encore été l’année de tous les records en matière de changements climatiques.

L’Organisation Météorologique Mondiale annonçait déjà à la mi-2017 que l’année 2016 est la plus chaude qui ait jamais été enregistrée, +1,1°C par rapport à l’époque préindustrielle, soit à quelques dixièmes de la limite de réchauffement prévue par l’accord de Paris. Un autre record est survenu à la fin de l’année : la concentration atmosphérique de CO2, le principal gaz à effet de serre, a continué à croître fortement en 2016, pour dépasser 403 particules par million. Les émissions totales de gaz à effet de serre ont aussi continué à augmenter, de 0,5 % en 2016 (en particulier à cause du méthane). Pourtant, si l’on veut se donner une chance d’éviter les impacts catastrophiques des changements climatiques, ces émissions doivent impérativement décliner au plus vite et d’ici à 2020.

Un autre rapport du Programme des Nations unies sur l’Environnement tire la sonnette d’alarme : les promesses des pays ne remplissent actuellement même pas un tiers des efforts nécessaires pour être compatibles avec les objectifs décidés à la COP21. Les actions des entreprises et de la société civile ne suffiront pas pour redresser la barre.  A la COP23, il est donc grand temps que les gouvernements changent de cap et prennent les mesures nécessaires pour rectifier le tir.

Les pays ont toutes les cartes en mains

La bonne nouvelle, c’est que les pays ont toutes les cartes en main pour accélérer la transition. Celle-ci est déjà bien visible dans l’économie réelle. Par exemple, le rythme de déploiement des énergies renouvelables bat des records chaque année, et le secteur emploie déjà 10 millions de personnes dans le monde. En 2050, ce sont 139 pays qui pourraient produire 100 % de leur énergie grâce aux renouvelables. Les solutions existent aussi pour repenser les modèles agricoles, les modes de transports, réduire la consommation d’énergie des bâtiments … Autant d’opportunités que les gouvernements peuvent saisir dès à présent.

Mais ces changements, parfois profonds, demandent des prises de décisions courageuses et surtout de mettre en cohérence l’ensemble des politiques : l’accord de Paris ne pourra pas être maintenu à flot tant que les pays continueront de subventionner les énergies fossiles, de soutenir des projets d’infrastructures climaticides ou de promouvoir de fausses solutions comme le nucléaire. En Europe, 11 pays subventionnent à eux seuls les énergies fossiles à hauteur de 112 milliards d’euros chaque année.

La COP23 doit donc être l’occasion pour l’ensemble des pays, et en particulier les pays les plus riches comme ceux de l’Union européenne de faire le choix indispensable d’amplifier la transition à l’échelle nationale. Dans les pays en développement, elle devra être soutenue par un renforcement de capacités, des transferts de technologie et des financements à la hauteur des enjeux. En particulier, la promesse des pays riches de fournir 100 milliards de dollars par an pour les pays les plus pauvres d’ici à 2020 devra être réaffirmée.

En 2018, cette dynamique devra se poursuivre et pourra être amplifiée par des moments forts, comme la publication du rapport du GIEC sur l’objectif de 1,5°C ou un sommet des acteurs non étatiques en Californie. Ce sera le moment de vérité pour la crédibilité de l’accord de Paris, que la COP23 doit construire dès maintenant.

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