COP 27 : décision historique sur les pertes et dommages
Après un jour et une nuit de retard et de discussions, la COP27 vient de s’achever à Sharm- el-Sheikh. Avancée majeure, les pays du Sud ont obtenu la création d’un fonds financier pour lutter contre les pertes et dommages. Gros point noir, la fin des énergies fossiles ne figure toujours pas dans le texte
Après un jour de retard et des discussions jusqu’au bout de la nuit, la COP27 vient de s’achever à Sharm- el-Sheikh en Egypte. Avancée majeure, les pays du Sud ont finalement obtenu la création d’un fonds financier pour lutter contre les pertes et dommages, qui devra être opérationnalisé dans les prochains mois. Gros point noir, la fin des énergies fossiles et sa mise en place de façon équitable ne figure toujours pas dans le texte.
Pertes et dommages : une décision historique longtemps attendue
La question du financement des pertes et dommages, les conséquences irréversibles du changement climatique, avait déjà occupé le devant de la scène à Glasgow. Après des négociations houleuses, notamment sur la question de la responsabilité historique (quels pays devraient contribuer au financement), les pays développés ont finalement consenti à la création d’un fonds spécifique. L’Union Européenne a joué un rôle important en évoluant sur sa position initiale et en reconnaissant enfin la nécessité de financer la réponse aux impacts dont sont majoritairement victimes les pays ayant peu contribué à la crise climatique. Les modalités de ce fonds doivent encore être précisées et son financement sera un véritable test pour réellement concrétiser cette victoire.
Échec à mettre fin aux causes du changement climatique
Après d’intenses tractations de dernières minutes, les pays ne sont pas parvenus à aller au-delà de ce qui avait été décidé à Glasgow sur la réduction progressive du charbon. Si certains pays soutenaient l’idée de réduire toutes les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz), d’autres pays ont au contraire bloqué l’inclusion d’une telle formulation dans le texte, renvoyant à la responsabilité première des pays développés et à la nécessité d’inclure des notions d’équité dans la réduction des émissions. Seuls le Mexique et la Turquie ont proposé des nouveaux objectifs de réduction d’émissions alors que les pays s’étaient engagés à revenir avec des objectifs rehaussés. Alors que les émissions mondiales continuent d’augmenter, l’absence de décisions sur la sortie des énergies fossiles fragilise toujours un peu plus la capacité d’atteindre l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C.
Des lacunes importantes à l’issue des négociations
Les progrès en matière de finance restent négligeables, malgré l’importance du rôle de la finance dans l’atteinte des objectifs climatiques et l’adaptation au changement climatique. Les négociations sur la régulation des marchés carbone se sont soldées par l’introduction de failles dangereuses pour l’ambition climatique et le respect des droits humains. Le programme de travail sur l’agriculture a été prolongé sans remise en cause fondamentale de notre système agricole actuel, pourtant responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, alors que la COP15 sur la biodiversité commence dans quelques semaines à Montréal, les signaux politiques pour le succès de ces négociations ont été bien trop faibles, voire inexistants.
La COP28 se tiendra à Dubaï en novembre 2023. Elle sera cruciale avec la tenue pour la première fois du Bilan Mondial, le mécanisme d’évaluation de l’Accord de Paris. Ce bilan doit avoir un impact concret puisqu’il va recommander aux Etats des priorités à considérer pour leurs prochains objectifs climatiques afin de faire mieux sur la réduction des émissions, l’adaptation et les pertes et dommages. La question des droits humains et de l’espace démocratique sera également au cœur des préoccupations de la société civile, après une COP27 qui a illustré à quel point la justice climatique est impossible sans respect des droits humains.
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