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[Communiqué de presse] Elections européennes – Décryptage des programmes : que valent-ils sur le climat ?

À 12 jours des élections européennes, le Réseau Action Climat publie ce jour, un décryptage des programmes des huit principales listes candidates (Les Écologistes, La France Insoumise, Les Républicains, Parti Communiste Français, PS-Place Publique, Rassemblement National, Reconquête, Renaissance) sur les enjeux climatiques.

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Leurs propositions sur  huit enjeux clés pour une transition écologique et juste (Accompagnement des ménages et des emplois, Nature et santé, Agriculture et alimentation, Transports, Energie, Industrie, Finances, Démocratie) ont été analysées, au regard des principales mesures défendues par le Réseau Action Climat et ses associations membres, et une notation (vert-orange-rouge-noir) leur a été attribuée. 

L’Union européenne a mis au cœur de son action lors du précédent mandat, l’accélération de son ambition climatique avec le Pacte vert européen, désormais dans le viseur de certains partis. Ces élections sont donc un moment pivot,  la composition du prochain Parlement sera déterminante: l’Europe préservera-t-elle ce qu’elle a déjà accompli, rehaussera-t-elle l’ambition face à l’urgence climatique et écologique, ou fera-t-elle marche-arrière ? 

Notre décryptage des programmes démontre une forte polarisation sur les enjeux du climat et de la transition écologique et juste socialement, même si le climat est présent  dans tous les programmes. Si certaines listes proposent des mesures concrètes et efficaces, d’autres en restent au stade incantatoire voire proposent des reculs graves dans la lutte contre le changement climatique et contre le déclin de la biodiversité.

Reconquête et le Rassemblement National attaquent les acquis environnementaux européens

En demandant l’abrogation du Pacte vert européen, le socle de lois et de politiques qui positionne l’Europe à l’avant-garde de la lutte climatique, les programmes du Rassemblement National et de Reconquête se positionnent comme fondamentalement anti-environnementaux. En refusant sur nombre de sujets que les enjeux environnementaux soient traités au niveau européen et en les renvoyant à l’échelle nationale, ils ôtent à l’UE les moyens de faire face à l’urgence écologique en maintenant une concurrence loyale intra-européenne. La mise en œuvre de leur programme conduirait à de graves reculs sur les acquis environnementaux européens. Reconquête et le Rassemblement National proposent, entre autres, l’annulation de l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en 2035, la suppression des conditionnalités environnementales restantes de la Politique Agricole Commune ou encore une révision des législations européennes fondatrices en matière de protection de la nature (Directives “Habitats” et “Oiseaux”). Toutes ces mesures ne mèneront qu’à l’accélération du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, et conduiront à augmenter significativement les risques pesant sur les populations et l’économie européennes. Reconquête va encore plus loin en proposant d’ouvrir la question de l’exploration du gaz de schiste en Europe. Si le Rassemblement National aborde le climat dans son programme, en proposant par exemple une coopération européenne sur la protection des forêts, son opposition au déploiement des énergies renouvelables et à l’accélération  de la rénovation thermique des logements démontre ses réelles intentions quant à la transition écologique et à la justice sociale. 

Les Républicains : un programme rempli de contradictions

Le programme des Républicains est, quant à lui, rempli de contradictions : il propose à la fois la suppression de plusieurs textes cruciaux du Pacte vert européen, tout en conservant l’objectif de neutralité carbone en 2050. En effet, les Républicains ne se donnent pas les moyens d’atteindre la neutralité carbone, notamment parce qu’ils remettent en cause la fin de vente des véhicules thermiques neufs en 2035 et le renforcement des capacités d’absorption du carbone de nos écosystèmes en supprimant la “Stratégie de la ferme à la table”. Ils proposent également de réautoriser les quotas d’émissions gratuits aux industries les plus polluantes. On peut cependant noter des points positifs comme la mention de la sobriété énergétique ou l’extension progressive de la taxe carbone aux frontières à tous les produits importés au sein de l’Union européenne.

Renaissance : un programme vague, qui peine à démontrer une intention claire pour le climat et l’environnement

Si Renaissance a bien identifié l’enjeu du déficit majeur d’investissements publics et privés dans la transition écologique en Europe, les propositions du parti pour financer la transition écologique restent trop vagues. La proposition d’un plan d’investissement de 1000 milliards d’euros va dans le bon sens, mais rien n’indique quelle part de ce plan serait fléchée vers la transition écologique, ni quels secteurs de la transition écologique seraient financés en priorité. Le programme de Renaissance ne prévoit par ailleurs pas de mesures pour mettre fin aux subventions néfastes pour le climat et la biodiversité, pourtant indispensables à la mise en œuvre efficace de tels financements.

Par ailleurs, alors que Renaissance, a joué un rôle clé dans la défense de certains textes majeurs sur le climat et l’environnement lors de la précédente mandature, le programme se caractérise par l’absence de propositions sur des sujets fondamentaux comme la sobriété énergétique ou les transports, la pollution de l’air, la mise en place de la transition agroécologique ou encore la protection des ménages les plus modestes face aux transformations liées à  la transition écologique. 

En l’état, le programme très évasif de Renaissance rend difficilement mesurable le cap du parti et ce qu’il défendra pendant la prochaine mandature en matière de climat, de transition écologique et d’environnement.

Les Écologistes, la France Insoumise et PS-Place Publique portent des mesures ambitieuses

Les programmes des listes Les Écologistes, PS-Place Publique et la France Insoumise ont fait de la transition écologique et sociale leur priorité. Ils proposent des mesures précises et concrètes en matière de protection des ménages les plus précaires et de l’emploi. Ces partis proposent également une série de leviers financiers et réglementaires afin d’améliorer concrètement la santé des Européens et la protection de la biodiversité. Leurs mesures vont aussi dans le sens d’une transformation en profondeur de l’agriculture européenne et cochent la plupart des cases nécessaires à l’accélération de la transition de nos mobilités. Ils proposent également une transition énergétique ambitieuse en se tournant résolument vers les énergies renouvelables et la sobriété. Enfin, l’importance de renforcer les financements européens dédiés à la réduction des inégalités économiques et sociales ainsi qu’à la transition écologique des territoires, est  bien prise en compte. 

Plusieurs manques sont en revanche à pointer comme : l’augmentation des financements pour les pays les plus impactés par le changement climatique chez la France Insoumise, les actions d’encadrement contre les publicités pour des produits nocifs pour la santé chez les Écologistes, et la non interdiction des biocarburants produits à partir de cultures sur des terres agricoles qui est absente dans le programme de PS-Place Publique. 

Vous retrouverez ici l’intégralité du décryptage des huit programmes avec également la méthodologie employée. 

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