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Commission d’enquête sur TotalEnergies : Les ONG appellent le Gouvernement à respecter ses engagements internationaux et à encadrer le secteur pétrolier et financier

Le Réseau Action Climat et ses associations membres, décryptent la diplomatie fossile de la France et appellent la commission sénatoriale à faire des propositions ambitieuses pour réguler de façon contraignante ce géant pétro-gazier.

Extraction des énergies fossiles, pétrole
©Zbynek Burival

Depuis trois mois se déroule au Sénat une commission d’enquête sur les moyens mobilisés par l’État pour assurer le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère française. Alors que le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, est auditionné cet après-midi par la Commission d’enquête, le Réseau Action Climat et ses associations membres, décryptent la diplomatie fossile de la France et appellent la commission sénatoriale à faire des propositions ambitieuses pour réguler de façon contraignante ce géant pétro-gazier. Elles demandent également au gouvernement de corriger les incohérences entre ses promesses climatiques à l’échelle internationale et ses soutiens aux activités de TotalEnergies, soi-disant “fleuron” français.

Une commission d’enquête bienvenue mais pas assez approfondie

Depuis fin janvier, près d’une trentaine d’auditions se sont tenues dans le cadre de la commission d’enquête sénatoriale : scientifiques du GIEC, membres du gouvernement et d’institutions publiques telles que la HATVP ou l’ADEME, ambassadeurs, responsables de TotalEnergies et quelques représentant.es de la société civile.

Si le programme est soutenu et le panel de personnes auditionnées varié, on peut regretter un certain défaitisme des Sénateurs sur la capacité de l’État à réguler une entreprise comme TotalEnergies, alors qu’ils auraient pu profiter de ces auditions pour échanger plus en profondeur sur les propositions de mesures concrètes qui existent, notamment portées par la société civile. Patrick Pouyanné sera auditionné le 29 avril à 17h00, et défendra une entreprise “en transition”, affirmant simplement répondre à la demande en pétrole et gaz dans le monde. Ces affirmations sont fausses. L’entreprise nous enferme dans une dépendance aux énergies fossiles avec des projets climaticides.

Un discours paradoxal de la France à l’international par rapport à ses choix politiques nationaux

Sur la scène internationale, Emmanuel Macron n’a pas hésité à prendre des engagements en faveur de la fin des énergies fossiles, notamment lors de la COP28 à Dubaï. Pourtant, ces positions ambitieuses ne se reflètent pas dans la réalité et les choix politiques réalisés pour la France

  • Si, la France s’est fixée pour objectif de réduire sa consommation d’énergies fossiles de 40 % en 2030 par rapport à 2012, en 2022, la baisse de consommation n’a pas été suffisante pour respecter la trajectoire prévue. 
  • L’année dernière, Emmanuel Macron a également reporté de 2022 à 2027 la fermeture des dernières centrales à charbon françaises. 
  • La consommation de produits pétroliers a augmenté en France en 2022, dont + 2,3 % pour le carburant routier et + 36 % pour le kérosène des avions.

La France est également la troisième plus grande consommatrice de gaz fossile de l’Union européenne, lequel est promu comme une “énergie de transition”, supposément moins dangereuse que le pétrole ou le charbon. À l’image du terminal méthanier du Havre qui est tout simplement un pari perdant pour notre avenir.

TotalEnergies : un “fleuron” français investissant massivement dans les énergies fossiles, en contradiction avec les positions de la France à l’international sur le climat

Depuis plusieurs années, TotalEnergies affiche son intention de devenir “la major de l’énergie responsable”. En réalité, la multinationale est engagée dans une logique d’expansion fossile qui mène la planète au chaos climatique, notamment en misant massivement sur le gaz. Parmi les centaines de projets dans lesquels TotalEnergies est impliquée, l’entreprise participe notamment à 33 mégaprojets pétroliers et gaziers, (à savoir des projets qui pourraient encore émettre plus d’un milliard de tonnes de CO₂e chacun). En 2023, 98 % de sa production d’énergie provenait des énergies fossiles. A l’inverse, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de TotalEnergies restera inférieure à 10 % en 2030. Alors que la major a annoncé des profits records avec un bénéfice de 21,4 milliards de dollars en 2023, une hausse de 4,2 % par rapport à 2022. 

Pour mettre fin à cette stratégie aggravant l’urgence climatique, nous demandons aux parlementaires et au Gouvernement de prendre des mesures concrètes pour : 

  • jouer leur rôle de régulateur en imposant une réduction des émissions de gaz à effet de serre imputables à l’industrie fossile en cohérence avec l’Accord de Paris et les engagements climatiques de la France. 
  • contraindre l’industrie fossile à payer pour les pertes et dommages causés par les évènements climatiques extrêmes, via une taxation des profits/superprofits de l’entreprise.
  • investir massivement dans une réelle transition énergétique, socialement juste, fondée sur l’efficacité, la sobriété et le développement des énergies renouvelables. 
  • renoncer à tout nouveau projet d’infrastructure ou d’extraction d’énergies fossiles sur son territoire, comme c’est le cas du projet de l’entreprise Vermilion Energy, implantée à La Teste-de-Buch (Gironde) ou des gaz de couche en Moselle. 
De la commission d’enquête sur TotalEnergies aux négociations internationales sur le climat : les contradictions françaises sur la sortie des énergies fossiles
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