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Comment financer la transition écologique dans un contexte budgétaire contraint ?

Alors que la France a défini son ambition climatique avec la remise de son plan national climat-énergie, le financement de la transition écologique reste un défi majeur. Entre coupes budgétaires et nécessité d’investir massivement, quelles solutions politiques et économiques permettraient d’assurer une transition juste et durable ?

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De la planification écologique vers la planification budgétaire

Depuis 2023, la France a enclenché un gros travail de planification écologique et en juillet 2024, a rendu son plan national climat-énergie (NECP) à la Commission Européenne. Maintenant que l’ambition est fixée, c’est la question des financements de la transition écologique qu’il reste à résoudre pour à la fois planifier et massifier les investissements nécessaires, et s’assurer que la transition ne laisse personne de côté. Les travaux des économistes Pisani-Mahfouz et du think tank I4CE soulignent la nécessité de renforcer les soutiens financiers publiques aux politiques bas-carbone d’ici 2030 à hauteur de 33 milliards d’euros par an (dont 10 à 12 milliards de hausse des budgets de l’Etat). 

Des coupes budgétaires de court terme qui risquent de faire augmenter la facture globale à long terme

Malheureusement, la planification budgétaire ne suit pas : le gouvernement a annoncé de fortes coupes budgétaires (estimées à approximativement 4 milliards d’euros en moins dans le budget 2025) en invoquant la nécessité de résorber d’abord l’endettement de la France et améliorer la santé des finances publiques. Une solution inefficace tant d’un point de vue climatique que d’un point de vue budgétaire : couper ces subventions aura un impact très marginal sur la situation budgétaire et sera dommageable sur le moyen et long terme. En effet, plus le coût de l’inaction grimpera, plus la dépendance aux énergies fossiles nous rendra vulnérable, y compris en tant que consommateurs. Si le gouvernement n’accélère pas les politiques de rénovation des logements, d’accès aux modes de chauffage et mobilités bas-carbone (du réseau ferroviaire à la voiture électrique abordable), ce sont les factures qui vont inexorablement augmenter, touchant en 1er lieu les ménages qui n’ont pas d’alternative pour des raisons géographiques et économiques, exacerbant inutilement les inégalités socioéconomiques et tensions sociales. Par ailleurs, ces investissements nécessaires ne feront qu’augmenter, et impliqueront des dépenses budgétaires pour l’Etat plus importantes. 

Des solutions innovantes existent mais nécessitent des décisions politiques audacieuses

Le financement de la transition écologique, dans le contexte actuel de finances publiques tendues, nécessite des décisions politiques audacieuses et des solutions innovantes. 

  • Il est essentiel que cette transition écologique soit juste, impliquant une contribution proportionnelle de tous les acteurs pour garantir une redistribution équitable des efforts financiers nécessaires : notamment par le biais de taxes spécifiques sur les activités les plus polluantes (que ce soit l’industrie des énergies fossiles ou de ses produits dérivés comme l’industrie des engrais), ou en faisant contribuer les plus aisés. 
  • Il faut également lever les freins à l’investissement vert dans les collectivités : par exemple, en ne considérant plus l’endettement pour la transition écologique comme un signe de mauvaise gestion budgétaire ; en prévoyant des trajectoires de financement de la transition écologique inscrites dans la durée. 
  • Il faut également remettre à plat les aides de l’Etat aux entreprises pour que l’argent public finance uniquement les activités économiques qui visent la transition écologique et la sobriété : éco-conditionner les aides aux entreprises, réduire la TVA sur les activités de réparation par exemple, 

La réussite de cette transition est non seulement une exigence environnementale mais aussi une condition indispensable à l’adaptation de notre économie aux défis du XXIe siècle, pour accélérer la création d’emplois et pour minimiser l’impact social. Il est urgent d’agir pour éviter que le coût de l’inaction ne devienne irréversible, tant pour le climat que pour la viabilité de nos finances publiques.

Pour aller plus loin, nos propositions sont détaillées ici.

Propositions concrètes et justes pour financer la transition écologique dans un contexte budgétaire contraint
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